Suite à la réélection frauduleuse du président biélorusse Alexander Lukashenko en 2020, des manifestations massives et populaires amenèrent des centaines de milliers de biélorusses dans la rue pour protester contre ce nouveau déni de démocratie. Soutenu par la Russie qui y enverra militaires, forces de sécurité et propagandistes, ces manifestations seront très durement réprimées, faisant au moins 4 morts, 4000 blessés et plus de 30.000 arrestations. L’opposition biélorusse est soit arrêtée, soit contrainte à l’exile, et le régime durcit considérablement les répressions et les arrestations dans le pays, même pour des actes isolés et sans grande portée, comme porter les couleurs traditionnelles du drapeau biélorusse. Depuis, le président Lukashenko n’a cessé de donner des gages à son allié et protecteur russe, notamment en multipliant les déplacements à Moscou.
Ainsi, la Biélorussie servie de base de départ des forces russes pour l’une des 3 grandes offensives du début de l’opération spéciale militaire en fevrier 2022, en l’occurence l’assaut sur l’aérodrome d’Hostomel suivi de celui sur la capitale ukrainienne. En outre, nombre des missiles balistiques tirés en début de conflit le furent du territoire biélorusse. Toutefois, bien qu’ayant déplacer des troupes à la frontière de l’Ukraine et de la Pologne, Minsk n’entra jamais officiellement dans le conflit, et aucune troupe biélorusse n’a été déployée en Ukraine depuis le début du conflit. Pour autant, le president Lukashenko a a de nombreuses reprises manié la réthorique guerrière, le plus souvent pour justifier d’une répression encore plus féroce dans le pays, et lutter contre des supposés soutiens aux occidentaux. Contrairement à Vladimir Poutine, Alexander Lukashenko est en effet conscient qu’il n’a pas le soutien populaire, et qu’aujourd’hui, son régime ne tient que par la peur inspirée par la répression, et par le soutien de son allié russe.
Ces deux aspects sont cependant, d’une certaine manière, antinomiques. En effet, pour répondre aux attentes de Moscou et ainsi garantir le soutien de Poutine et de son armée, Lukashenko est appelé à peser davantage dans le rapport de force qui s’établit aujourd’hui entre l’Europe et la Russie. Pour autant, une mobilisation est à exclure pour Minsk, une intervention en Ukraine encore moins, les risques étant alors très importants qu’un soulèvement populaire vienne tout emporter, et avec lui Lukashenko. C’est peut-être pour tenter de résoudre cette équation difficile que le président biélorusse a annoncé, aujourd’hui, son intention de créer une nouvelle force défensive de type défense territoriale, forte de 45.000 hommes, armée et en charge de la protection des villes et du territoire biélorusse si celui-ci venait à être attaquée. Rappelons que les forces armées du pays n’excèdent pas les 50.000 hommes, qu’elles sont avant tout composées de conscrits, et qu’elles sont notoirement mal équipées et faiblement entrainées. Pour autant, cette annonce perçue comme une évolution de la posture biélorusse, n’est pas nouvelle, et s’avère être même sensiblement moins ambitieuse que celle réclamée par le ministre de la défense quelque jours plus tôt. L’hypothèse de devoir armer plusieurs dizaines de milliers de civils biélorusses a probablement de quoi inquiéter les autorités du pays.
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