A l’occasion des voeux présidentiels aux armées à la fin du mois de janvier, le président Emmanuel Macron avait tracé les grandes lignes de la future Loi de Programmation Militaire 2024-2030 en cours de préparation. Ainsi, le budget alloué aux Armées sur cette période devrait atteindre 400 Md€, plus 13 Md€ de recettes exceptionnelles, alors que certains programmes, dont le très emblématique Porte-avions de Nouvelle Génération, ou PANG, étaient confirmés par le Président. Toutefois, depuis cette annonce, des signaux contradictoires ont été émis par le Ministère des Armées, les Etats-Majors ainsi que le cabinet de la première Ministre, Elisabeth Borne. Quant aux Etats-Majors et au Ministère des Armées, ils ont été très actifs, afin de replanifier les programmes industriels dans le but de satisfaire à une nouvelle contrainte budgétaire imposée par la cheffe du Gouvernement.
Jusqu’ici, l’hypothèse d’une progression linéaire de l’effort de défense, de l’ordre de 4 Md€ par an, était souvent évoquée. Cette approche aurait permis une hausse maitrisée des dépenses, mais également le financement d’une réelle montée en puissance de l’industrie de défense française, sans provoquer d’accoups ou de variations trop importants tout aussi néfastes pour les industriels que pour les militaires. Mais il semble que face aux difficultés budgétaires et économiques liées au contexte international, et notamment des effets déstabilisateurs de l’inflation sur les dépenses publiques, la Première Ministre française ait imposé que la hausse budgétaire du budget des Armées soit limitée de 2024 à 2027 à 3 Md€, soit la même que celle qu’ont connu les armées en 2023. Il s’agit, dans les faits, d’une réplique de ce qui fut fait autour de la LPM 2019-2025, qui prévoyait une hausse de 1,7 Md€ par an du budget des armées sur la période 2019-2022, puis de 3 Md€ par an de 2023 à 2025. Bien évidemment, la date pivot de 2022 ne fut pas choisie par hasard, puisqu’il s’agissait de la fin du quinquennat du président Macron, ce qui fit craindre à de nombreux commentateurs, y compris au sein des Etats-Majors, que la précédente LPM ne soit jamais pleinement exécutée.
Au final, il n’en sera rien, puisque même alors que la prochaine LPM débutera en 2024, elle pérennisera, de toute évidence, la hausse de 3 Md€ par an prévue par la précédente. Pour autant, depuis, le contexte international à considérablement évolué, tout comme la réalité de la menace militaire. Surtout, tout porte à croire désormais que la prochaine LPM sera construite sur l’exact modèle de la précédente, à savoir une hausse de 3 Md€ par an sur la période couvrant le quinquennat en cour de 2024 à 2027, puis de 6 Md€ par an pour les 3 années au delà, de 2028 à 2030, marquant du sceau de l’incertitude sa pleine et entière exécution, alors même qu’elle s’avère absolument indispensable pour, si pas éviter, en tout cas reporter le risque de déclassement de la France en matière de défense. Bien évidement, la nouvelle donne budgétaire imposée par Matignon nécessite une redistribution des moyens au sein des programmes. Et dans ce domaine, la Marine Nationale, présentée il y a peu comme largement privilégiée par les Arbitrages du Ministère des Armées pour la LPM à venir, semble être destinée à jouer le rôle de variable d’ajustement, en perdant ou reportant au delà de la LPM, 1 des 4 bâtiments ravitailleurs de la Force, 3 des 6 grands navires de guerre des Mines, 3 des 10 patrouilleurs océaniques et en reportant de 2 ans le lancement du programme PANG.
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