En 2014, le Principal Deputy Assistant Secretary of Defense for Research and Engineering, Alan Shaffer, une des personnalités les plus respectées au Pentagon, avait sonné l’alarme au sujet des capacités des forces américaines en matière de guerre électronique. Selon lui, les Etats-Unis avaient rien de moins que « Perdu le contrôle du spectre électromagnétique », face aux progrès réalisés par ses compétiteurs comme la Russie ou la Chine. Il ajouta par ailleurs que la situation ira en se détériorant alors que l’ensemble des capacités opérationnelles des forces armées américaines allait reposer de manière croissante sur une utilisation intense de ce spectre, de sorte que l’enjeu était critique pour le devenir de l’efficacité même des armées US sur la scène internationale. A cette époque, toutefois, un tel discours, même porté par une personnalité aussi respectée, eut beaucoup de mal à faire son chemin, et les inquiétudes et prédictions de Shaffer furent modérées par la majorité des autres acteurs politiques et militaires du Pentagone l’époque, de sorte que la mise en garde ne donna lieu à aucune prise de conscience, aux Etats-Unis pas davantage qu’auprès de leurs alliés.
9 ans plus tard, le contexte géopolitique et stratégique a, bien évidemment, considérablement évolué, entre la guerre en Ukraine, les tensions entre l’OTAN et la Russie, et la perspective de plus en plus précise d’un probable conflit à venir entre les Etats-Unis et la Chine autour de Taïwan. Malheureusement, en matière de guerre électronique et de maitrise du spectre électromagnétique, non seulement la situation ne s’est pas améliorée pour les forces US, mais elle se serait même sensiblement détériorée. C’est ainsi qu’à l’occasion des auditions du Congrès autour du budget 2024 du Pentagon, le commandant de la nouvelle escadre de guerre du spectre électromagnétique de l’US Air Force, le colonel Joshua Koslov, a lui aussi dressé un tableau bien inquiétant quant aux capacités dont il dispose effectivement pour tenter d’inverser ce qui est désormais identifié comme une faiblesse structurelle des armées américaines, et plus globalement, des armées occidentales, en particulier face à la Chine et la Russie.
Selon lui, non seulement les Etats-Unis ont-ils donné une avance considérable à leurs compétiteurs dans ce domaine, mais les efforts pour inverser la tendance, en particulier au sein de son escadre, rencontre de très importantes difficultés. En matière de recrutement, d’une part, le colonel Koslov rencontrant de grandes difficultés pour recruter les personnels nécessaires à la conduite de la mission. Au delà du recrutement, l’officier supérieur estime également que l’approche de formation employée dans ce domaine est inefficace, car orientée strictement sur l’utilisation d’équipements et de plateformes, alors qu’une formation plus étendue s’avère indispensable pour appréhender toute la complexité du domaine. Enfin, et c’est loin d’être négligeable, le colonel Koslov a mis l’accent sur le fait que la dépendance des armées américaines, notamment de l’US Air Force, au spectre électromagnétique évoluait bien plus rapidement que les moyens mis à disposition pour effectivement contrôler ce spectre.
Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !
Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)
BLACK FRIDAY : – 20 % sur les nouveaux abonnements Premium et Classiques mensuels et annuels, avec le code MetaBF2024, jusqu’au 03/12/24