Après avec rompu avec l’Union Soviétique dans les années 70, les forces aériennes égyptiennes, alors massivement équipées de chasseurs russes, se trouvaient dans une situation complexe, dans l’attente de la livraison des premiers F-16 américains. C’est ainsi que le Caire s’est tourné, au début des années 80, vers le chasseur J-7 chinois, une copie sans licence du MIG-21 massivement employé jusqu’ici par son armée de l’Air. Ainsi, entre 1981 et 1983, prés de 90 J-7 furent livrés en Egypte par Pékin, ce qui permit d’anticiper le retrait des MIG-21 avant que les premiers F-16 américains ne soient livrés l’année suivante.
De fait, si durant la guerre froide, et pendant de nombreuses années au delà, Le Caire avait gardé ses distances vis-à-vis des matériels militaires russes, il garda en permanence une relation commerciale avec la Chine dans ce domaine. Ces dernières années, l’Egypte et la Russie tentèrent un rapprochement dans ce domaine, avec l’acquisition de 48 Mig-29 dans un premier temps, puis en négociant avec Paris et Moscou l’acquisition des 2 porte-hélicoptères d’assaut Mistral initialement prévus pour servir dans la Marine russe. Le Caire devait même acquérir un escadron complet du plus performant des chasseurs lourds russes en production, le Su-35s, rendue publique en 2020 mais annulée quelques temps plus tard suite aux menaces de sanction américaines.

Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, les forces aériennes égyptiennes se trouvent en situation délicate pour maintenir leur format. En effet, de nombreux appareils acquis dans les années 80, F-16, Mirage 2000 et autres J-7, ont atteint ou atteindront bientôt leurs limites d’âge. En outre, si le Caire s’est déjà tourné vers Paris pour acquérir une cinquantaine de Rafale, les relations avec les Etats-Unis sont tendues alors que l’option russe n’est plus accessible. En outre, les nouveaux appareils occidentaux, qu’il s’agisse du Rafale comme du Typhoon, s’avèrent bien plus onéreux que les appareils qu’ils remplacent.
Plusieurs options sont actuellement évaluées par le Caire, et souvent présentées, probablement avec un excès d’enthousiasme journalistique, comme imminites. C’est notamment le cas du chasseur léger FA-50 sud-coréen au sujet duquel des négociations seraient en cours. En fin d’année 2022, certaines sources se faisaient également l’écho d’une possible acquisition de chasseurs légers KF-17 Block III sino-pakistanais, dans les deux cas sur la base d’une production locale avec d’importants transferts de technologies. Le Caire a également déjà annoncé son ambition d’acquérir plusieurs dizaines de Rafale français supplémentaires pour amener sa flotte à 80 appareils, alors que l’acquisition d’Eurofighter Typhoon auprès de l’Italie a également été plusieurs fois présentée comme imminente.

C’est désormais au tour du J-10C, le chasseur monomoteur moderne standard des forces aériennes de l’Armée Populaire de Libération, de rejoindre ce ballet. Selon les déclarations de sources anonymes au site d’analyse défense Tactical Report, Le Caire serait en effet en négociation avec Pékin pour acquérir 12 de ces appareils. Avec une masse au décollage de presque 20 tonnes, un puissant réacteur WS-10B et une avionique très évoluée intégrant un radar à antenne AESA, le Dragon Vigoureux de Chengdu est une alternative aux F-16 et Mirage 2000, bien davantage qu’aux FA-50 ou JF-17 par ailleurs en discussion. Il permet notamment de mettre en oeuvre une très vaste panoplie de munitions.
Reste que, comme ce fut le cas avec les Su-35s commandés auprès de Moscou et même, selon plusieurs rapports, déjà fabriqués (il est question qu’ils soient aujourd’hui livrés à l’Iran), l’acquisition de chasseurs chinois risque par l’Egypte de provoquer la colère de Washington, et la menace de nouvelles sanctions pouvant potentiellement mettre à mal la maintenance d’une grande partie des équipements militaires de l’armée égyptienne qui sont de facture US. Rappelons que Washington a refusé de livrer des F-35A aux EAU tant que le pays aura confié à Pékin l’installation de son réseau 5G. Il faut donc se montrer prudent quant à la matérialité de cette information par ailleurs non corroborée à ce jour.