Il y a 2 jours, en réaction aux récentes révélations concernant la construction d’un nouveau site nucléaire par Téhéran, le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, fit une nouvelle référence, de manière indirecte, à de possibles frappes préventives israéliennes contre l’Iran et ses capacités nucléaires, sur fond d’échec des négociations internationales pour amener Téhéran à abandonner l’enrichissement d’Uranium au delà des besoins civils du pays.
Cela fait en effet plusieurs années que les forces aériennes israéliennes, la Kheil HaAvir, s’entrainent pour mener des raids à longue distance, et ainsi être en mesure de frapper, par l’intermédiaire de drones et d’avions de combat, les sites iraniens, y compris en ayant développé des réservoirs supplémentaires pour leurs avions F-35i ne détériorant pas, ou plutôt que peu, la furtivité de l’appareil.

Quoiqu’il en soit, les menaces à peine voilée de Yoav Gallant ne furent pas du gout des autorités iraniennes qui, en réponse, ont annoncé avoir testé aujourd’hui, un nouveau missile balistique de moyenne portée baptisé Kheibar, une référence à la bataille de Kaybhar qui opposa, en 628 à 150 km au sud de Medina, les armées du prophète face à des forces juives établies dans cet oasis. Selon le récit épique fait de cette bataille, les 1.600 cavaliers et soldats musulmans vainquirent les quelques 10.000 juifs sous les ordres du chevalier Marhab bin Al-Harith, qui fut tué lors de la bataille.
Le nouveau missile, tel que présenté par les médias iraniens, aurait une portée de 2000 km et emporterait une charge militaire de 1.500 kg. S’il emploie un carburant liquide, il serait rapide à mettre en oeuvre, en faisant donc une arme de riposte potentielle capable d’atteindre tout le territoire israélien au besoin. De fait, le nom de baptêmes du missile est, en soit, une menace directe contre Israel, et une réponse aux menaces récentes du ministre de la défense du pays.

Activement soutenu par des transferts de technologies venues de Russie, de Chine mais surtout de Corée du Nord, le programme balistique iranien est particulièrement prolifique, avec plus de 20 différents modèles développés ces 20 dernières années, allant du missile tactique Fateh-110 d’une portée de 300 km au missile balistique de moyenne portée Khorramshahr d’une portée pouvant dépasser les 2500 km, et dont le Kheibar serait dérivé.
Outre leur nombre, avec plus d’une cinquantaine de missiles à moyenne portée Shahab-3, Ghadr-1, Sajjil-2 et quelques Khorramshahr toujours en développement, et plus de 150 lanceurs de missiles à courte portée, principalement des Fateh-110, les missiles balistiques iraniens ont également fait la démonstration de leur efficacité en 2020 contre les bases aériennes à Idlib et Al Assad en Irak, ou stationnaient des forces US, suite à l’exécution du général Quassim Suleimani, chef des gardiens de la révolution par une frappe de drone US.

Reste qu’Israel s’est préparé, depuis plusieurs années, à une possible attaque par missiles de la part de l’Iran, en développant un puissant bouclier anti-missile multicouche composé des systèmes exo-atmosphériques et endo-atmosphériques hauts Arrow 2 et 3, des systèmes endommagés-atmosphériques David Sling et des systèmes antimissiles et anti-roquettes à courte portée Iron Dome. Chacun pensant pouvoir frapper l’autre et éviter un tir de riposte, la situation est donc plus explosive que jamais au Moyen-Orient, alors que l’économie mondiale se remet à peine des effets cumulés de la crise Covid et de la réorganisation liée à la guerre en Ukraine.