mardi, mars 19, 2024

Artillerie à longue portée : les Français y réfléchissent, les industriels allemands l’anticipent

L’artillerie à longue portée est devenue un enjeu opérationnel critique pour les armées modernes, son efficacité dans les conflits de haute intensité ayant été largement démontrée en Ukraine. Et dans ce domaine, les systèmes modernes, comme l’HIMARS de l’américain Lockheed-Martin ou les Tornado S et G russes, apportent une plus-value considérable sur les systèmes plus anciens, notamment du fait d’une précision et d’une portée sans commune mesure avec les systèmes de génération antérieure.

En occident, seuls les États-Unis disposaient d’un savoir-faire avéré dans le domaine, ces derniers ayant développé le M270 MRLS entré en service en 1980 comme une réponse aux Grad et Smerch soviétiques. Et de fait, plusieurs armées de l’OTAN, dont l’Allemagne fédérale, la France, le Royaume-Uni, mais également l’Italie, les Pays-bas, la Grèce, la Turquie et la Norvège, s’équipèrent dans les années 80 de ce dispositif permettant d’atteindre des cibles jusqu’à 45 km avec un écart circulaire probable d’une dizaine de mètres, et d’importantes capacités de destruction.

Certains pays européens, et plus particulièrement la France, disposaient pourtant du savoir-faire pour développer des dispositifs similaires. Toutefois, l’effondrement du bloc soviétique, et la réduction drastique des formats et budgets des armées européennes, ne permirent pas aux ingénieurs français de s’engager dans cette voie. Outre Atlantique, en revanche, l’US Army entama à la fin des années 90 le développement d’un remplaçant au M270.

Destiné à être plus mobile et plus aisément projetable que le lourd M270 et ses 25 tonnes au combat, le nouveau dispositif devait également être armé de nouvelles roquettes à la portée et précision accrues. C’est ainsi que Lockheed-Martin développa le M142 HIMARS qui était monté sur un camion 6×6 plutôt que sur une plage-forme chenillée, et qui n’atteignait que 16 tonnes sur la balance, lui permettant d’être aéro-transporté au besoin.

Il faudra toutefois atteindre 2010 pour que le M142 n’entre en service au sein de l’US Army, puis du corps des Marines et de la Garde Nationale. En dépit de l’efficacité du système démontrée en Afghanistan puis en Syrie, ce n’est qu’en 2018 qu’un premier pays européen commandera l’HIMARS, en l’occurrence la Roumanie pour 54 unités.

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Le MARS II allemand comme le LRU français est équipé d’un système de tir développé par Airbus DS et interdit l’utilisation de roquettes équipées de sous-munitions

Dans le même temps, nombre d’armées européennes remisaient leurs M270, comme la Norvège, le Danemark et les Pays-Bas, alors que d’autres reportaient leur modernisation, comme la Grande-Bretagne. Toutes les Armées européennes conservant le M270 dans leur inventaire en réduisirent considérablement la dotation, comme la France qui ramena son parc à seulement 13 exemplaires au sein du 1ᵉʳ régiment d’Artillerie, dont néanmoins 7 ou 8 seraient effectivement opérationnels.

En outre, même si la France modernisa ses systèmes au standard LRU, et la Bundeswehr au standard Mittleres Artillerieraketensystem (MARS II), ils sont depuis plusieurs années considérés comme obsolètes, notamment face aux nouveaux lance-roquettes multiples russes comme les Tornado. La guerre en Ukraine a fait l’effet d’un électrochoc dans ce domaine en Europe et au-delà, puisque pas moins quatre nouveaux clients du M142 Himars se sont déclarés, les trois pays baltes et la Pologne, alors que d’autres armées européennes mènent des consultations dans ce domaine, dont la British Army, l’armée norvégienne et l’Armée finlandaise.

En France, dans le cadre de la prochaine Loi de Programmation Militaire 2024-2030, le remplacement des M270 LRU représente un enjeu majeur. Pour autant, à ce jour, le Ministère des Armées n’a pas encore annoncé ses arbitrages en faveur d’un LRM acheté sur étagère, selon toute probabilité le M142 HIMARS américain, ou si le système serait développé par l’industrie de défense française. Outre-Rhin, en revanche, les industriels ont largement pris les devants pour anticiper les besoins à venir de la Bundeswehr.


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4 Commentaires

  1. Après faut pas oublier que les LRU ca reste un système pour compenser le manque de supériorité aérienne.
    D’ou l’interet en Ukraine, pour nos armées en avoir quelques uns oui probablement, maais je préfère de loin du Rafale et de l’attaque au sol

Les commentaires sont fermés.

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