mardi, mars 19, 2024

Quelles sont ces quatre alternatives au positionnement GPS que développent les armées dans le monde ?

De tout temps, la communication et la navigation ont été au cœur de la manœuvre militaire, de sorte à coordonner l’action et le déplacement d’unités distantes. Des cartes sommaires, signaux de fumées et drapeaux employés dès l’antiquité, les armées ont évolués vers des systèmes de plus en plus performants et précis, susceptibles d’amener l’effet attendu à l’instant voulu, et ainsi démultiplier son efficacité.

Dans le domaine de la navigation, l’invention du Global Positionning System ou GPS au début des années 70, basé sur un signal de position triangulé à partir d’au moins 4 des satellites évoluant à 20.000 km au-dessus de la terre, et sur la précision des nouvelles horloges atomiques, a représenté une révolution considérable dans la conduite des actions militaires initialement, puis dans l’émergence d’armes de précision employant, elles aussi, ce signal pour atteindre leur cible avec une précision métrique.

Le positionnement GPS étant devenu une composante clé pour les armées, il était prévisible que d’autres pays, ou groupes de pays, développeraient, eux aussi, des solutions similaires. Ce fut le cas du système GLONASS russe qui entra en service au milieu des années 90, du système chinois BeiDou à partir du début des années 2000, ainsi que du système européen Galileo à partir du milieu des années 2010.

krasukha 4 GPS jamming russia Systèmes de guidage | Etats-Unis | Fédération de Russie
La Russie a développé une vaste panoplie de systèmes visant à brouiller ou à faire dériver (on parle de spoofing) le signal GPS

En effet, contrôler l’ensemble de la technologie, et notamment les satellites eux-mêmes, permets aux pays, et donc à leurs armées, d’en restreindre l’utilisation ou la précision pour d’autres opérateurs, voire d’employer des variations plus précises et plus résistantes au brouillage, comme c’est le cas du signal GPS employé par les forces armées américaines et leurs alliés des 5 Eyes.

Surtout, nombre de ces pays entreprirent de développer des capacités visant à priver l’adversaire de l’utilisation de leurs propres systèmes. La Chine, mais davantage la Russie, ont ainsi développé plusieurs technologies pour opacifier un espace donné au signal par l’utilisation d’un intense brouillage électromagnétique, mais également à en réduire la précision, en employant des signaux parasites engendrant une dérive des récepteurs, celle-ci pouvant se compter en kilomètres. On parle alors de spoofing.

Si, comme dit précédemment, les États-Unis ont développé des variations du signal GPS plus résistant au brouillage et au Spoofing, les utilisateurs secondaires n’en sont, en règle générale, pas dotés. Ceci explique notamment les rapports faisant état d’un certain manque d’efficacité des roquettes Ground-Launched Small Diamètre Bombs ou GLSDB employés par les Ukrainiens ces derniers mois.

Tornado navigation cockpit Systèmes de guidage | Etats-Unis | Fédération de Russie
Le Panavia Tornado disposait à son entrée en service d’un système de navigation très performant alliant une centrale inertielle, un radar de suivi de terrain et un système de défilement de carte automatique, permettant à l’appareil d’évoluer à très basse altitude et haute vitesse avec une faible visibilité.

De fait, bien que les systèmes de positionnement par satellite se retrouvent désormais dans l’immense majorité des systèmes d’arme modernes, les grandes armées mondiales ont également entrepris de développer des solutions de positionnement alternatives au GPS, au-delà de la navigation inertielle, leur permettant d’opérer avec précision au-dessus ou dans un espace pour lequel le signal serait inaccessible, ou incohérent, sans en revenir au fameux triptyque 3C : Carte, compas et chronomètre, efficace, mais autrement complexe et difficile à mettre en œuvre.

Ces technologies sont aujourd’hui au nombre de 4 : la navigation céleste, la navigation visuelle assistée, la navigation par signaux d’opportunité et la navigation magnétique.

1- La Navigation céleste face au GPS

Les étoiles, dont la trajectoire est connue et prévisible, ont été employées pour naviguer depuis l’aube de l’humanité, quand les premiers hommes comprirent que le soleil se levait au même endroit, et se couchait au même endroit tous les jours, tout au moins dans la perception de l’époque.

Durant l’antiquité, les astres étaient fréquemment employés pour se repérer et naviguer, notamment sur les mers, à l’aide d’instruments sommaires qui donnèrent naissance à l’Astolab puis, bien des siècles plus tard, au sextant.

Cette technologie, qui peut sembler archaïque et peu précise de prime abord, est pourtant employée aujourd’hui de manière intensive et très précise pour la navigation spatiale, qu’il s’agisse des satellites, des sondes ou des véhicules spatiaux. Surtout, elle est mise en œuvre par la plupart des missiles balistiques stratégiques pour assurer le transit et la précision des frappes.

M51 missile e1685540470162 Systèmes de guidage | Etats-Unis | Fédération de Russie
Comme de nombreux autres missiles balistiques à longue portée, le M53 qui arme les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins français, emploient un système de navigation céleste

Fondamentalement, à l’aide d’une carte du ciel, d’un chronomètre et d’un outil pour calculer l’élévation des astres, il est possible d’obtenir une position très précise sur l’ensemble de la planète, et même au-delà. Toutefois, elle n’est pas dénuée de certaines limites, la première et la plus évidente d’entre elles, étant sa dépendance à la nébulosité pour pouvoir viser les astres employés pour établir la position.

Si, une fois associée aux technologies modernes, elle s’avère efficace pour les appareils opérant à haute altitude, pour lesquels la météo est très rarement un facteur, elle se dégrade rapidement dès que l’altitude diminue, ce qui en fait un outil secondaire efficace, par exemple pour valider les données reçues par le GPS, mais dont l’efficacité ne peut être garantie dans le temps.

Une solution à ce problème a été développée ces dernières années, basée sur la détection des rayons X émis par les Pulsars connus de la voute céleste. Si, théoriquement, cette technologie devrait permettre de passer outre les problèmes de nébulosité, sa précision, aujourd’hui, est encore insuffisante, de l’ordre de 5 km, pour une utilisation militaire opérationnelle, en dehors de la navigation spatiale.

2- La navigation visuelle assistée ou odometrie

Jusqu’il y a peu, les pilotes de chasse menant des missions de pénétration à basse altitude, employaient, comme dit précédemment, une méthode basée sur une carte précise, un compas et un chronomètre, ainsi qu’une bonne dose de calcul mental.


LOGO meta defense 70 Systèmes de guidage | Etats-Unis | Fédération de Russie

Le reste de cet article est réservé aux abonnés

Les abonnements Classiques donnent accès à tous les articles sans publicité, à partir de 1,99 €.


Pour recevoir la Newsletter Meta-defense

- Publicité -

Pour Aller plus loin

3 Commentaires

Les commentaires sont fermés.

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles

Meta-Défense

GRATUIT
VOIR