L’Inde et la France peuvent ils collaborer pour developper un nouveau char de combat Leclerc Mk2 dérivé du démonstrateur EMBT ? C’est loin d’être inenvisageable aujourd’hui. En 2015, New Delhi avait lancé une compétition afin de remplacer les quelques 2400 chars de combat T-72 en service depuis le début des années 80. Le cahier des charges alors transmis visait à se doter d’un char de combat moderne d’une masse de 45 à 55 tonnes, armé d’un canon de 120mm ou plus, et équipé de systèmes de visée et de communication modernes.
Du fait de la restriction de masse, certains chars occidentaux comme le Leopard 2 et l’Abrams avaient été exclus, et 4 modèles avaient alors été envisagés : le T-84 Oplot ukrainien, le K2 Black Panther sud-coréen, le T-14 Armata russe et le Leclerc français.
Comme souvent en Inde, cette compétition se perdit dans des considérations politiques et administratives, pour finalement être abandonnée, les autorités indiennes décidant alors de se tourner vers une valeur sure, le T-90S Bishma russe déjà en service dans ses armées.
Depuis, si les relations entre Moscou et New Delhi demeurent actives, les capacités de l’industrie russe ont été lourdement compromises, et ce pour plusieurs années, alors que les T-72 indiens marquent désormais le poids des années.
Dans le même temps, le Pakistan a acquis 300 chars chinois VT4 qui doivent être livrés d’ici la fin de l’année, et la Chine a elle aussi annoncé le développement d’un nouveau char de combat. Il n’est donc guère surprenant de voir New Delhi relancer une nouvelle compétition, sorte de réédition mise à jour de celle de 2015.
Il est vrai que depuis 2015, le marché du char de combat a considérablement évolué, et a repris des couleurs suite au rôle central que jouent les chars de combat dans le conflit ukrainien.
Et de fait, New Delhi vient d’annoncer un nouveau programme baptisé Futur Ready Combat Vehicle ou FRCV, avec l’ambition de concevoir et construire 1.770 blindés dont 590 dans la première phase, allant du char de bataille au chasseur de chars sur roues, en passant par le blindé du génie, le blindé pontonnier, le blindé de défense anti-aérienne ou de combat d’infanterie.
La première phase du programme, soit 590 blindés, se focalisera sur la conception et fabrication de chars de nouvelle génération produits à 500 exemplaires.
Si la masse visée demeure identique, pour d’évidente raisons liées aux théâtres sur lesquels les blindés pourront devoir évoluer notamment sur les plateaux himalayens, le nouveau char devra être bien plus évolué que celui attendu en 2015, avec notamment, au delà de son armement principal de 120mm minimum, un tourelleau à vocation anti-aérienne d’une portée de 2500 m, un système de protection active de type Hard-kill, ainsi qu’une vétronique et un système de visée et de combat moderne et évolutif, adapté à différents types d’engagement.
Le blindé devra également pouvoir embarquer un sur-blindage actif au besoin, évoluer dans un environnement NBC, et avoir une signature visuelle, thermique et radar réduite de 50% (probablement vis-à-vis du T-72).
Si le marché est ouvert à des sociétés étrangères, 70% du blindé devra être produit en Inde, alors que le pays devra disposer de tous les moyens nécessaires pour entretenir et faire évoluer son parc sur l’ensemble de sa durée de vie évaluée entre 30 et 40 ans.
Les industriels ont jusqu’à la fin de l’année pour envoyer leur proposition aux autorités indiennes, alors que l’entrée en service des premiers blindés devra intervenir d’ici 2030. Du fait du marché considérable et probablement unique que représente cette demande, on peut s’attendre à une compétition féroce entre industriels.
A ce jour, 5 modèles de chars pourraient répondre à ce cahier des charges. Le T-84 ukrainien, le T-14 russe, le K2 sud-coréen, le KF-51 allemand ainsi qu’une éventuelle évolution du Leclerc français basée sur le démonstrateur EMBT.
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