Pourquoi la modernisation rapide des armées représente-t-elle un danger pour l’industrie de défense européenne ?

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L’attaque russe contre l’Ukraine, entamée en février 2022, a constitué en bien des aspects un véritable électrochoc pour l’immense majorité des Européens, qu’ils soient dirigeants, personnalités politiques ainsi que pour l’ensemble de l’opinion publique.

En quelques heures, trois décennies de certitudes quant à l’impossibilité qu’une guerre majeure pour émerger en Europe, en particulier en impliquant une superpuissance nucléaire comme la Russie, avaient volé en éclat. Naturellement, beaucoup d’Européens se sont alors demandés si leurs propres armées, et leur industrie de défense, étaient en capacité de résister à une telle agression.

Le choc de la guerre en Ukraine

Le réveil fut alors des plus douloureux. Après 30 années de sous-investissements généralisés dans l’outil militaire, et des engagements militaires certes difficiles et couteux, mais de nature dissymétrique et anti-insurrectionnelle, les armées européennes n’étaient plus que l’ombre de ce qu’elles avaient été pendant la guerre froide.

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Non seulement avaient-elles perdu les deux tiers, souvent plus, de leur masse, mais elles avaient, également et le plus souvent contraintes et forcées, largement négligé de moderniser et d’entretenir des équipements disponibles, pourtant en faible nombre.

C’est ainsi qu’en 2018, la Bundeswehr fit l’âpre constat qu’elle ne disposait, effectivement, que de quatre frégates, une cinquantaine de chasseurs Typhoon et Tornado, et à peine plus d’une centaine de chars Leopard 2 opérationnels et prêts au combat, alors que toute sa flotte de sous-marins était bloquée dans les ports.

Type212 allemagne Tissu industriel Défense BITD | Allemagne | Analyses Défense
EN 2018, les 6 sous-marins allemands Type 212 étaient simultanément indisponibles et incapables de prendre la mer.

Malheureusement, le cas allemand était très loin d’être exceptionnel, la plupart des armées européennes, de l’est comme de l’ouest, faisant face à d’importants problèmes de disponibilité et d’efficacité dans la plupart des domaines.

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Et si les armées françaises, par leurs interventions en Afrique et leur posture nucléaire heureusement maintenue très sérieusement à son plus haut niveau par l’État-major, étaient alors reconnues comme « la meilleure armée européenne », c’était avant tout faute de concurrence.

Si les pays d’Europe de l’Est, en particulier la Pologne et les Pays Baltes, avaient anticipé depuis quelques années le durcissement de la menace russe, et si la Grèce avait maintenu une posture défensive efficace face à la menace turque, toutes les autres armées européennes ont été, en quelque sorte, cueillies à froid par ce basculement.

Le Chancelier Olaf Scholz fut le premier à réagir à cette nouvelle situation, en annonçant, dès le 28 février 2022, la mise en place d’une enveloppe exceptionnelle de 100 Md€ pour moderniser les armées allemandes.

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Surtout, il s’agissait de palier aux principales défaillances critiques, alors que le gouvernement s’engageait à atteindre un effort de défense à 2% du PIB d’ici à 2025, après avoir trouvé tous les prétextes possibles pour déroger à cet objectif tracé par l’OTAN depuis 2014, et resté d’actualité jusqu’à l’offensive russe.

Depuis, tous les pays Européens, des plus imposants comme l’Allemagne, la France et l’Italie, aux plus modestes comme la Lettonie et ses 1,9 million d’habitants, se sont engagés dans un vaste effort pour rapidement moderniser et accroitre leurs moyens militaires, tant pour compenser les matériels transférés à Kyiv pour faire face à Moscou, que pour rendre une offensive russe contre l’OTAN suicidaire, quel que soit le scénario envisagé.

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L’effort de defense polonais

L’exemple le plus marquant de cet effort n’est autre que la Pologne qui, en à peine 15 mois, a commandé 1250 nouveaux chars de combat K2 et M1A2, plus de 700 canons automoteurs de 155 mm K9, plus de 1600 véhicules de combat d’infanterie ainsi que 96 hélicoptères de combat Apache, 3 frégates Arrowhead et 48 chasseurs légers FA-50, parmi les équipements les plus significatifs.

Si de nombreuses questions subsistent quant au financement de cet effort exceptionnel, ses caractéristiques globales, à savoir un effort important, global et concentré sur une période de temps ramassée de moins de 15 années, représentent aujourd’hui, incontestablement, le plus important sujet d’inquiétude, d’autant que de nombreux autres chancelleries européennes, y compris en Europe de l’Ouest, se sont, elles aussi, engagées dans un effort de modernisation aux caractéristiques comparables.


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