Au début des années 50, les marines mondiales entreprirent de doter leurs grandes unités navales, croiseurs et destroyers, d’un nouveau type d’armement anti-aérien capable de s’opposer aux nouveaux chasseurs supersoniques qui rejoignaient les forces aériennes et aéronavales.
C’est ainsi que furent développés les premiers missiles surface-air, le RIM-2 Terrier américain, le Masurca français, le Seaslug britannique ou encore le SA-N-1 soviétique. Tous partageaient alors des technologies et performances comparables, avec une portée de 30 à 45 km, un plafond entre 20 et 25 km, et un guidage sur faisceau radar radio-contrôlé ou semi-actif radar.
Les capacités offertes par ces nouveaux systèmes, mais également les progrès réalisés dans le domaine des missiles, des radars et des systèmes de guidage, amenèrent toutes les marines à se tourner, relativement rapidement, vers une utilisation massive de ces missiles surface-air de plus en plus performants et parfois de plus en plus spécialisés.
Pour assurer l’autodéfense des navires de surface, apparurent ainsi des missiles de protection rapprochée, comme le Crotale Naval français, le Seawolf britannique, le Sea Sparrow américain ou l’Osa-M (SA-N-4 Gecko) soviétique, alors que des missiles dotés d’une allonge plus étendue que leurs prédécesseurs, comme le SM-1MR américain ou le SA-N-6 soviétique, posaient les prémices du déni d’accès aéronaval.

Bien qu’efficaces, tous ces systèmes développés dans les années 60 et 70, souffraient d’une faiblesse majeure, leur incapacité à répondre à des attaques dites de saturation, lorsque le nombre de menaces venait à excéder le nombre de systèmes de guidage disponibilité à bord du navire. En effet, les missiles à moyenne et longue portée de cette époque reposaient sur des systèmes de guidage exclusifs. Un destroyer ou un croiseur ne mettant en œuvre qu’entre 2 et 4 dispositifs de pointage, il ne pouvait simultanément guider qu’autant de missiles.
La numérisation et la miniaturisation des systèmes de guidage, dans les années 80, permit d’apporter une réponse à cette limitation, permettant à un unique navire de lancer et guider simultanément un grand nombre de missiles pour répondre aux attaques de saturation. Cette nouvelle génération de systèmes surface-air à moyenne et longue portée, apparue entre le milieu des années 80 et les années 2000, constituent aujourd’hui le fer de lance de la défense anti-aérienne des flottes de surface mondiales.
Dans cet article, nous présenterons les 5 principaux systèmes aujourd’hui en service : le HHQ-9 chinois, l’Aster 30 franco-italien, le Barak 8 israélo-indien, le SM-2MR américain et le missile 9M96 du système Redut russe.
Chine : Système HHQ-9
Premier missile surface-air à longue portée de facture chinoise, le HHQ-9 est entrée en service en 2004 avec l’arrivée du premier destroyer Type 052C, le Lanzhou, qui était alors le premier navire de guerre de l’APL à disposer d’une réelle capacité de déni d’accès avec 48 de ces missiles en silos verticaux.

D’une portée estimée à 120 km pour une vitesse supérieure à Mach 4, le HHQ-9 met en œuvre une navigation inertielle recalée par le radar du navire tireur dans un premier temps, avant d’activer un autodirecteur radar actif pour venir intercepter la cible. Outre les 6 destroyers Type 052C, il arme également, dans une version évoluée pouvant être mise en œuvre à partir de systèmes de lancement vertical à chaud HHQ-9B, les 22+ destroyers anti-aériens Type 052D, et les 8 destroyers lourds Type 055.
En dépit de cette vaste diffusion, on ne sait que peu de choses de manière certaine concernant ce système. Dérivé du HQ-9 terrestre, lui-même très inspiré des systèmes S-300F et P acquis par Pékin auprès de Moscou, il intègrerait également des systèmes inspirés du système terrestre MiM-104 Patriot. Le système serait capable d’engager simultanément une cinquantaine de cibles aérienne, à une distance dépassant les 100 km et probablement au-delà pour les Type 052D et Type 055 qui disposent de radar plus puissant et plus performant.
France-Italie : Missiles surface-air Aster 30
Alors que les frégates françaises et italiennes des années 70 et 80 mettaient en œuvre des missiles surface-air à courte portée Crotale Naval et Aspide, et des missiles SM-1MR à moyenne portée pour les navires de défense aérienne, les deux pays entreprirent, à la fin des années 80, de codévelopper une nouvelle famille de systèmes anti-aériens terrestres et navals à moyenne et longue portée de conception européenne. C’est ainsi qu’en 1995 naquit le groupe Eurosam, une coentreprise entre les missiliers MBDA France et Italie et le radariste français Thales, en vue de développer la famille de missile Aster et les systèmes y attenant.

Dans le domaine naval, cette coopération s’étendit à la Grande-Bretagne pour donner naissance au système PAAMS pour Principal Anti-Air Missile System, également désigné outre-manche comme le Sea Viper. Destiné à armer les destroyers anti-aériens Horizon franco-italiens et Type 45 britanniques, mais aussi les porte-avions Charles de Gaulle et Cavour, le PAAMS se compose d’un radar multifonction EMPAR (Italie, France) ou SAMPSON (UK), d’un système de contrôle et de tir automatisé, du système de lancement vertical SYLVER ainsi que des missiles ASTER 15 à moyenne portée et Aster 30 à longue portée.
D’une portée de plus de 120 km, le missile Aster 30 a une longueur de 4,9 mètres du fait du booster supplémentaire lui permettant d’étendre sa portée vis-à-vis de l’Aster 15 dont il partage tous les autres composants. Il dispose d’un système de guidage alliant une centrale à inertie recalée par le navire tireur, et un autodirecteur radar.
Du fait de sa grande manœuvrabilité, de son système de guidage et d’une vitesse de Mach 4,5, le missile s’est montré remarquablement efficace depuis son entrée en service en 2001, démontrant notamment lors de nombreux essais sa capacité à intercepter des drones cibles supersoniques reproduisant le comportement de missiles anti-navires modernes.
Une nouvelle version du missile, désignée Aster Block 1, a été conçue pour intercepter des missiles balistiques à courte portée au milieu des années 2010, alors que l’Aster Block 1NT, commandé par la France et l’Italie en janvier 2023, permet d’intercepter des missiles balistiques d’une portée de 1500 km. Le missile Aster et le système PAAMS équipe désormais, au-delà des navires initialement prévus, les frégates FREMM franco-italiennes, les PPA italiennes, FDI françaises, ainsi que les frégates singapouriennes de la classe Formidable, Al Riyadh saoudiennes et les LPD de la classe San Giorgio Al Fulk qatari et Kalaat Béni Abbes algériens.
Israël-Inde : Missiles surface-air Barak 8
Au milieu des années 2000, l’Inde entreprit de se doter d’un système surface-air offrant des performances comparables au SM-2 américain pour armer ses destroyers anti-aériens alors en conception, qui donneront naissance aux classes Kolkata (Project 15-A) et Visakhapatnam (Project 15B) entrées en service au milieu des années 2010. C’est ainsi qu’en 2009, New Delhi se tourna vers l’israélien IAI qui avait déjà enregistré plusieurs succès dans le développement de la famille des missiles Barak, pour codévelopper en collaboration avec la DRDO (équivalent indien de la DGA en France), le système anti-aérien à moyenne portée Barak-8.
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[…] C'est ainsi que, dans le domaine naval, la plupart des systèmes sont prévus pour utiliser deux missiles par cible, surtout si celle-ci évolue à basse altitude et à haute vitesse, comme, par exemple, un missile anti-navire. C'est le cas du SM-2 et de l'ESSM américain, mais également des systèmes russes ou chinois, comme le 9M96 ou le H…. […]
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