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Il n’y a de cela que quelques années encore, le ministère des Armées et les états-majors français, demeuraient perplexes quant à la réalité des armes hypersoniques présentées alors depuis peu par la Russie (Kinzhal, Tzirkon, Avangard) et la Chine (DF17).
De nombreuses questions demeuraient toutefois sans réponse claire, comme la manière dont ces armes seraient guidées, ou encore sur l’efficacité réelle des systèmes de propulsion employés.
À partir de 2019, cette position évolua rapidement, tant par les démonstrations, observées notamment par satellites, de cette réalité, mais également des avancées obtenues dans ce domaine par les Etats-Unis notamment, au point que désormais, elles sont considérées comme l’un des piliers technologiques déterminant dans l’équilibre des forces et des nations pour les décennies à venir.
Les différents programmes d’armes hypersoniques offensives françaises : la lance
C’est ainsi qu’en 2019, le ministère des Armées lança, dans le cadre de la nouvelle Loi de Programmation Militaire, le programme VMAX, un démonstrateur de planeur hypersonique dont la conception fut attribuée à l’ONERA et Ariane Espace, avec objectif d’effectuer un premier vol en 2021, alors que d’autres programmes devaient pouvoir s’appuyer sur les acquis technologiques développés.
Les missiles de croisière ASN4G et FMC/FMAN
C’est le cas du nouveau missile Air-Sol Nucléaire de 4ᵉ Génération, ou ASN4G, qui doit remplacer le missile supersonique ASMPA actuellement en service à bord des nouveaux Rafale F5 au milieu de la décennie à venir.
Mais c’est aussi celui du programme franco-britannique Futur Missile de Croisière / Futur Missile anti-Navire, devraient évoluer à des vitesses hypersoniques, même si dans le cas du FMC/FMAN, le sujet demeure débattu entre Paris, Londres et désormais Rome, quant à l’utilisation de capacités hypersoniques ou de la furtivité pour accroitre l’efficacité de l’arme.
Rappelons qu’une arme est considérée comme hypersonique lorsqu’elle atteint ou dépasse une vitesse supérieure à Mach 5, mais également qu’elle dispose d’importantes capacités de manœuvre à ces vitesses.
C’est la raison pour laquelle le missile russe aéroporté Kinzhal, présenté depuis 2018 comme une arme hypersonique, mais aussi le missile DF21D / YJ21 anti-navire chinois ne sont pas des armes hypersoniques, même s’ils atteignent effectivement des vitesses supérieures à Mach 5, du fait qu’ils ne disposent pas de facultés de manœuvre significatives suffisantes pour éviter les intercepteurs antibalistiques.
Scramjet et planeur hypersonique pour dépasser Mach 5
Il existe aujourd’hui deux types de technologies permettant de concevoir un missile potentiellement hypersonique. La première est le Scramjet, ou superstatoréacteur, un propulseur aérobie (utilisant l’air atmosphérique comme comburant contrairement à un moteur fusée qui emporte simultanément carburant et comburant), capable de ralentir et de refroidir les flux d’air pour stabiliser une combustion permettant de créer la poussée nécessaire pour atteindre ces vitesses.
C’est notamment la technologie employée par le missile de croisière anti-navire hypersonique russe 3M22 Tzirkon, qui lui, contrairement au Kinzhal, semble bel et bien cocher toutes les cases de la définition d’une arme hypersonique.
La seconde technologie pour y parvenir, repose sur l’utilisation d’un planeur hypersonique, qui utilise sa vitesse initiale, mais également son énergie potentielle (donc son altitude), toutes deux conférées par un missile balistique l’amenant à l’altitude, la position et la vitesse souhaitées pour conserver une vitesse hypersonique pendant toute la durée de la phase balistique.
Les capacités de manœuvre pour déjouer l’interception
Contrairement à des véhicules de rentrée atmosphérique classiques, comme ceux employés à bord des missiles balistiques actuellement en service comme le Minutemann III américain ou le RS-24 Yars russe, le planeur hypersonique conserve une très importante capacité de manœuvre durant toute la durée de son vol.
Celle-ci est suffisante pour suivre des trajectoires imprédictibles par les systèmes antibalistiques en service, alors que sa vitesse le garde hors de portée des systèmes anti-aériens conçus pour intercepter des cibles manoeuvrantes comme des avions de combat, mais n’évoluant pas au-delà Mach 2,5 ou Mach 3.
Cette technologie est employée notamment par le système Avangard développé en Russie pour armer le nouveau missile balistique ICBM RS-28, mais également le missile hypersonique tactique chinois DF-17 apparut publiquement pour la première fois lors du défilé de 2019 marquant les 50 ans de l’APL.
Le programme de planeur hypersonique VMAX
C’est aussi l’objet du programme français, dont il semblerait qu’un premier vol ait eu lieu ce lundi 26 mai au large de Biscarrosse, sur la côte occidentale française.
Si aucune publication officielle n’avait été publiée (lors de la rédaction de l’article, une confirmation de la DGA a été publiée depuis), les observations faites par les habitants de la côte Atlantique entre Biarritz et Bordeaux, mais aussi les notifications aéronautiques qui laissèrent anticiper qu’un essai majeur de ce type interviendrait ce jour, permettent de penser raisonnablement que le premier vol du VMAX a bien eu lieu ce jour.
Comme on peut le voir sur le cliché ci-dessus publié sur le compte Twitter de l’association Meteo-Pyrénées, il semble bien que démonstrateur français ait d’importantes capacités de manœuvre, lui permettant d’évoluer dans un espace relativement restreint sans une dégradation excessive de l’altitude, même si à une telle distance et altitude, il est impossible d’évaluer sur la base d’un simple cliché la finesse (distance parcourue par l’altitude perdue) de l’appareil.
Toutefois, la grande répartition des observations, s’étendant sur une distance de côtes de presque 180 km, nous indique que ce qui a été observé, évoluait à très haute altitude.
Il faut dire que les conditions météo ce lundi étaient idéales pour une telle observation, avec une nébulosité quasiment nulle, une très grande visibilité, ainsi qu’une heure tardive qui créa un puissant contraste entre la luminosité au sol et en altitude favorisant son observation.
Quoi qu’il en soit, il faudra attendre la communication officielle pour en savoir plus sur cet essai. S’il ne fait guère de doute qu’il s’agissait bien du VMAX, et qu’il est parvenu à évoluer de manière plus que significative sans suivre une trajectoire balistique classique, on ignore cependant à quel point il est effectivement parvenu à maintenir sa vitesse hypersonique sur l’ensemble du vol, ni même si l’intégrité de l’appareil a pu être préservée jusqu’à la fin du vol et l’arrivée au sol.
Le communiqué de la DGA indique que c’est bien le cas, et que l’ONERA et Ariane Espace traitent et compilent actuellement l’ensemble des données collectées. Il s’agit donc d’une étape cruciale dans le développement du programme, et par conséquent dans celui des technologies nécessaires à la conception de l’ASN4G et peut-être du FMC-FMAN.
L’Aquila pour contrer les armes hypersoniques : le bouclier
Un autre programme majeur dans ce domaine a été dévoilé il y a quelques jours en France. En effet, le VMAX doit concevoir la lance hypersonique permettant à la France de demeurer un acteur majeur clé des technologies de défense et plus particulièrement de dissuasion.
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