L’Ukraine a subi, ce 29 décembre, des frappes massives de missiles russes dans une action coordonnée menée par les forces aériennes et les forces des fusées russes, révélant un schéma tactique qui n’avait, jusqu’ici, pas été employé par Moscou contre Kyiv. Si les objectifs de ces frappes et les résultats obtenus, sont encore difficiles à évaluer, ce basculement vers des frappes massives coordonnées entre des vecteurs complémentaires, dessine une menace des plus inquiétantes pour l’Ukraine, à l’entame de cet hiver.
Sommaire
Dans la nuit du 28 au 29 décembre 2023, les forces aériennes russes ont mené une attaque d’une ampleur jamais égalée contre les infrastructures ukrainiennes. Les bombardiers stratégiques russes Tu-95 et peut-être Tu-160, ont lancé, durant cet assaut, une centaine, peut-être davantage, de missiles de croisière Kh-101 et Kh-555 vers leurs cibles ukrainiennes, épaulés par une trentaine, là encore peut-être plus, de drones d’attaque à longue portée Geranium, version russe du Shahed-136 iranien.
Comme c’est le cas depuis de nombreux mois, la défense anti-aérienne ukrainienne revendique la destruction de la majeure partie, de l’ordre de 90 %, de ces missiles et drones, à l’aide de ses missiles et canons antiaériens.
En revanche, celle-ci n’a annoncé aucune interception pour ce qui concerne la dizaine de missiles balistiques Iskander-M et Kinzhal, et les quelques missiles antiradars Kh-35 et Kh-31P lancés conjointement. Or, ce sont ces derniers qui ont réellement porté l’attaque contre les infrastructures ukrainiennes.
Une tactique de déception et saturation connu de longue date en occident face à la menace soviétique
La tactique employée par les forces russes dans la nuit du 18 au 29 décembre, si elle représente une première en Ukraine, n’est en rien inconnue des analystes de l’OTAN. Déjà, en 1986, Tom Clancy et Larry Bond avaient tracé un scénario inquiétant dans le roman Tempête Rouge (Red Storm Rising), narrant, entre autres choses, l’attaque d’un groupe aéronaval allié par les bombardiers à long rayon d’action de la Marine soviétique.
Dans le roman, une première vague de bombardiers anciens Tu-16 Badger et Tu-22 Blinder, menait une attaque massive contre un groupe aéronaval américain composé de deux porte-avions, dont le Foch français, à l’aide de vieux missiles antinavires faisant office de leurres, pour épuiser les défenses anti-aériennes de l’adversaire.
Elle était suivie, quelques minutes plus tard, par une attaque décisive menée par plusieurs flottilles de Tu-22M Backfire armés de missiles modernes, prenant la flotte alliée en défaut, et entrainant la perte de plusieurs grands navires, dont le Foch coulé, contre une poignée de bombardiers soviétiques abattus.
Ce scénario, testé à de multiples reprises par les deux auteurs à l’aide de la simulation navale Harpoon (conçue par le même Larry Bond), fut par la suite prise très au sérieux par les amirautés de l’OTAN, tout comme un second scénario au cœur du roman, la prise de l’Islande par les forces parachutistes et les troupes de marines soviétiques, pour menacer la ligne de renforcement Reforger.
L’attaque massive des missiles russes contre l’Ukraine du 29 décembre, elle aussi en deux phases
Si l’attaque russe du 29 décembre ne visait pas la flotte, mais les infrastructures et villes ukrainiennes, il semble bien qu’elle ait été conçue autour d’une tactique proche de celle développée dans le roman de 1986. Celle-ci s’est, en effet, déroulée en deux phases successives.
La première phase se composait uniquement de missiles de croisière KH-101 et Kh-555, et de drones d’attaque à longue portée Geranium. En cela, elle ne différait pas beaucoup des attaques enregistrées ces derniers mois, lorsque des missiles de croisières KH-101, Kh-555 et 3M54 Kalibr avaient été lancés simultanément contre l’Ukraine, concomitamment à des drones Geranium.
Comme précédemment, la défense antiaérienne ukrainienne s’est montrée particulièrement efficace contre ces vecteurs, revendiquant, et il n’y a aucune raison d’en douter, la destruction de 87 missiles de croisières, et de 27 drones, dans les deux cas, autour de 90 % de l’arsenal lancé contre leurs cibles.
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Bonjour Fabrice,
Au printemps dernier, le PAC3 a certainement intercepté la plupart des missiles envoyés sinon tous pour la simple et unique raison qu’il en était la cible.
En calcul de trajectoire pour intercepter des missile a mach 5 et non manoeuvrant ( le kinzhal ne manoeuvre que dans son approche finale et doit pour se faire diminuer tres fortement sa vitesse ), être la cible simplifie considérablement la tâche.
Pour le reste c’est comme souvent, la Russie dit avoir envoyer des 100 aines de missiles et l’Ukraine dit ne pas en avoir vu ou tout intercepté. On est clairement dans de la propagande militaire des deux cotés.
Ceux qui ont touché sont comme souvent tombé sur les civiles et les autres si détruits on reste très évasif : c’est le brouillard de guerre quoi.
Une chose est certaine, il n’y a pas assez de défence aérienne en Ukraine pour tout protéger. Il faut donc faire des choix. Kiev en est un au détriment de certaines autres villes.
Pour finir sur les F16, on a pas trop vu ce que donnait un aim 120 en vrai ( ca parle de 150/160 km de ce que j’ai pu trouver ). Au niveau européen, on a pas mal de test et retour sur le Meteor mais peu sur ce missile américain. Si il est comme le matos habituel, ca va rendre très difficile la mise en place de ce genre d’opérations.
Bonne année 🙂