Le 18 janvier 2024, la commande de 400 missiles de croisière Tomahawk d’une portée de 1 800 km, pour armer les destroyers des forces d’autodéfense navales nippone, a été signée par le ministre de la Défense nippon, Minoru Kihara, et l’ambassadeur américain au Japon, Rahm Emanuel. Ce contrat, d’un montant de 1,7 Md$, amène avec lui un profond changement de doctrine de la part des forces armées japonaises.
Sommaire
Ces dernières années, Tokyo a dû faire face, simultanément, à l’évolution rapide de deux menaces majeures. D’une part, le Japon est exposé aux tensions sino-américaines, accueillant sur son sol une base navale, deux bases aériennes et une division de Marines américains, susceptibles d’intervenir en soutien à Taïwan, risque de devenir rapidement une cible légitime pour Pékin en cas d’intervention militaire chinoise contre l’ile autonome.
Dans le même temps, la menace nord-coréenne, si elle n’a guère évolué dans ses fondements ces dernières années, s’est considérablement accrue, alors que Pyongyang se dotait de nouveaux missiles balistiques et de croisière, capables d’atteindre le sol japonais et de déjouer certaines des défenses antimissiles déployées, alors qu’ils peuvent être armés d’une tête nucléaire.
Changement de doctrine et hausse considérable des moyens pour les forces d’autodéfense japonaises
Pour répondre à ces menaces, sous l’influence du premier ministre Shinzo Abe puis de son successeur, Fumio Kishida, le Japon a dû entreprendre une profonde et rapide modernisation de ses forces armées, avec, entre autres choses, l’acquisition de nouveaux chasseurs F-35, la modernisation de certaines capacités comme les missiles antinavires Type 12, ou de la flotte avec les sous-marins Taigei et les frégates Mogami.
Toutefois, pour faire face à des capacités majeures de première intention, qui plus est potentiellement nucléaires, la posture exclusivement défensive qui était, constitutionnellement, celle des forces d’autodéfense nippones, n’était plus suffisante. De fait, plusieurs initiatives politiques ont été prises par les autorités du pays, si pas pour amender la constitution, en tout cas pour en faire évoluer son interprétation.
Ceci permit à Tokyo de transformer ses deux porte-hélicoptères d’assaut de la classe Izumo, en porte-avions légers capables d’emporter et mettre en œuvre les avions de combat F-35B à décollage et atterrissage vertical ou court, avec l’assurance donnée que les navires, et les aéronefs mis en œuvre, ne seront employés qu’à des fins de défense « dans la profondeur » des iles japonaises.
400 missiles de croisière Tomahawk pour la Marine japonaise
Le même raisonnement a été appliqué à l’acquisition de missiles de croisière Tomahawk pour armer les destroyers et les futurs Arsenal Ships AEGIS ASEV des forces navales d’auto-défense nippones.
Arme offensive par excellence, qui trouve sa principale utilisation lors de frappes préventives pour réduire le potentiel de riposte adverse, le missile de croisière ne faisait pas partie de l’arsenal des forces armées japonaises jusque-là, en application de la constitution empêchant celles-ci de porter le feu au-delà de son territoire, dans une posture exclusivement défensive.
Les autorités nippones ont dû faire quelques circonvolutions pour contourner cette contrainte, en assurant que les missiles de croisière ainsi acquis, ne seront employés que pour frapper des infrastructures adverses qui s’apprêteraient, de manière évidente, à mener une attaque contre le sol japonais.
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