La construction des 2 derniers SNLE Boreï de la Marine russe débutera cette année.

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Alors qu’elle vient d’annonce la prochaine entame des travaux pour ses deux derniers SNLE Boreï, la Russie est, aujourd’hui, le seul pays qui parvient à lancer et livrer, chaque année, plus de sous-marins que de destroyers et de frégates.

Mieux encore, la Marine russe ne recevra, dans les six années à venir, que six frégates de la classe Admiral Gorshkov, un navire de seulement 5 400 tonnes, qui est, pourtant, la plus importante unité de surface combattante produite par l’industrie navale russe post-soviétique.

Elle va admettre au service, sur la même période, cinq, peut-être sept, SSGN de la classe Iassen, de 8 600 tonnes en surface, ainsi que six SNLE des classes Boreï-A et Boreï-AM, de 15 000 tonnes chacun en surface, soit au moins 11 grands sous-marins à propulsion nucléaire.

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La construction des deux derniers SNLE Boreï-AM débutera en 2024 pour la Marine russe

C’est précisément la construction des deux derniers SNLE de la classe Boreï, qui débutera en 2024, selon l’agence Tass, citant une source au ministère de la Défense russe.

Ces navires seront les troisièmes et quatrièmes unités, du troisième lot de SNLE russes de la classe Boreï. Le premier lot de trois navires de la classe Boreï, a été livré à la flotte du Nord (un navire) et à la flotte du Pacifique (deux navires), de 2012 à 2014, à raison d’un sous-marin chaque année.

SSBN Borei
La classe Borei aura été divisée en trois lots, et autant de sous-classes : Boreï, Boreï-A et Boreï-AM.

Le second lot porta sur 5 sous-marins d’une version évoluée, baptisée Boreï-A, disposant d’équipements de communication et de détection plus modernes, ainsi que d’une hydrodynamique redessinée, pour leur conférer une vitesse supérieure, une plus grande manœuvrabilité et une discrétion renforcée.

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Comme les premiers Boreï, les Boreï-A emportent 16 missiles balistiques SLBM RSM-56 Bulava, d’une portée estimée supérieure à 10 000 km, pouvant emporter jusqu’à 10 têtes nucléaires à trajectoire indépendante MIRV. Le premier des Boreï-A, le Knyaz Vladimir, est entré en service en 2020, alors que la dernière unité du second lot, le Knyaz Pozharskiy, doit l’être en 2024, deux pour la flotte du Nord, les trois autres pour celle du Pacifique.

Le troisième, et pour l’heure, dernier lot de SNLE Boreï, porte sur quatre navires. La construction des deux premiers, le Knyaz Potemkin et le Dmitry Donskoy, a débuté en 2021. Les deux navires doivent rejoindre la flotte du Nord en 2026 et 2028.

Les troisièmes et quatrièmes Boreï de ce lot, et derniers navires de la classe, selon la planification actuelle, devraient être livrés, selon la source citée par Tass, en 2029 et 2030, à raison d’un navire par flotte.

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6 SNLE pour la flotte du Nord, et 6 pour la flotte du Pacifique en 2030

De fait, selon cette source, les deux flottes principales de la Marine russe, la Flotte du Nord, basée à Mourmansk, et la Flotte du Pacifique, à Vladivostok, disposeront chacune de 6 SNLE Boreï en 2030.

SNLE Borei
Sur la GPV actuelle, chacune des deux grandes flottes russes alignera à la fin de la decennie, 6 SNLE de la classe Borei, soit autant que l’US Navy ne prevoit d’avoir de SSBN de la classe Columbia.

Ce format doit leur permettre, chacune, de conserver deux navires en patrouille en permanence, ainsi qu’un navire en alerte, conférant à Moscou un potentiel de 6 SNLE à la mer en temps de crise, peut-être davantage, autant que les États-Unis, et 50 % plus importante que la flotte de SNLE européenne.

La Marine russe disposera également de 576 à 960 têtes nucléaires prêtes au tir, au travers de cette flotte, soit bien plus qu’il n’en faut pour participer au dialogue stratégique mondial, en dépit d’un PIB 30 % inférieur à celui de la France, et d’une flotte de surface de haute mer en décrépitude.

Les quatre derniers sous-marins appartiendront à une nouvelle version Boreï-AM

L’Agence Tass fait référence, dans son article, non pas à des sous-marins de la classe Boreï-A, comme les 5 navires formant le second lot, mais d’une nouvelle sous-classe, baptisée Boreï-AM. Le M fait référence à une version Modernisée (модернизированный) de l’équipement, et apparait aussi dans la nomenclature du programme, le Projet 955AM.

La nature des modernisations apportées à ces nouveaux navires, n’est pas encore dévoilée. On peut penser, en application de la logique employée jusqu’ici dans ce programme par l’Amirauté russe, comme des chantiers navals Sevmash, qui construiront les navires, que les deux navires les précédant, appartiendront, eux aussi, à cette sous-classe.

Davantage de SNLE russes au-delà de 2030 ?

Les deux derniers SNLE dont la construction vient d’être annoncée, devraient, selon la planification russe actuelle, être les derniers navires de ce type à entrer en service. Pour autant, il se pourrait bien que Moscou table sur une flotte de SNLE plus imposante, dépassant celle des États-Unis, avec 12 SSBN classe Columbia planifiés.

SSGN Iassen
Le dernier des SSGN classe Iassen devrait être livré au debut de la prochaine decennie.

En effet, la fin annoncée du programme P955-A-AM Boreï d’une part d’ici à 2030, mais aussi du programme P885-M Iassen, va laisser l’outil productif russe dans le domaine des sous-marins nucléaires, sans activité suffisante pendant près de deux décennies, ce après avoir fourni un effort colossal pour retrouver ses compétences et moderniser la flotte sous-marine russe, en 20 ans seulement.

Pour l’heure, aucun programme de sous-marins à propulsion nucléaire n’a été annoncé par Moscou pour cette période, ni de SSN pour remplacer les Akula et renforcer les SSGN Iassen et Anteï, ni pour étendre la flotte de SNLE.

Il est probable, cependant, que de nouvelles annonces interviendront lors de la préparation de la prochaine loi de programmation militaire pluriannuelle, ou GPV, celle actuelle se terminant en 2027.

Cette hypothèse est d’autant plus probable que, dans une interview donnée à RIA Novosti, igor Vilnit, le PDG de Rubin, a indiqué que si la classe Arktur, qui doit succéder aux Anteï et Iassen, n’entrera pas en service avant 2050, le « remplacement des Boreï », en revanche, devrait débuter à partir de 2037.

Sachant qu’à ce moment-là, le plus ancien des Boreï, le Yury Dolgorukiy, n’aura que 25 ans, et que les Delta IV russes qui l’ont précédé, ont navigué pendant plus de 40 ans, on peut supposer que Moscou prévoit d’accroitre sa flotte de SNLE au début de la prochaine décennie, peut-être jusqu’à 16 navires, pour maximiser son ascendant stratégique dans ce domaine, face aux États-Unis, mais également face à la Chine, et ainsi garantir sa position dans le concert des super-puissances militaires mondiales, si pas économiques.

Article du 28 mars en version intégrale jusqu’au 12 mai 2024

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