Le missile 3M22 Tzirkon russe à la portée de l’Aster 30 français et des Patriot américains ?

- Publicité -

Parmi les nouvelles armes mises en œuvre par les armées russes ces dernières années, le missile 3M22 Tzirkon hypersonique, était, avec le planeur hypersonique Avangard, la plus préoccupante pour le camp occidental.

Ce missile, d’une portée de 1000 km, avait, en effet, le potentiel de profondément transformer la géométrie du combat aéronaval, en réduisant considérablement les délais de réaction des navires visés, tout en étant presque invulnérable aux défenses antiaériennes et antimissiles existantes aujourd’hui, comme le SM-6 américain, ou l’Aster 30 français.

Au point que de nombreuses voix se sont élevées pour mettre en cause la pérennité des grandes unités de surface aéronavales et amphibies, comme les porte-avions ou les porte-hélicoptères d’assaut, qualifiés de cibles de prédilection pour ce type de missile.

- Publicité -

Les performances de l’autre missile hypersonique, ou présenté comme tel par Moscou, le Kinzhal, en Ukraine, auraient probablement dû appeler à davantage de prudence dans ce domaine, celui-ci s’avérant ni hypersonique, et pas davantage invulnérable face aux défenses antimissiles modernes ukrainiennes.

Moscou lance des missiles hypersoniques Tzirkon contre l’Ukraine

Si le Kinzhal demeure une arme balistique redoutable, qui nécessite, pour être intercepté, que la batterie antimissile soit positionnée à proximité de la cible visée, celui-ci perdit, en Ukraine, l’aura d’invincibilité qui avait été construite par la communication à son sujet.

missile 3M22 Tzirkon
Tir d’un missile 3M22 Tzirkon à partir de la frégate Admiral Gorshkov, lors des essais.

C’est peut-être ce qui a incité Moscou à employer, cette semaine, sa seconde Wunderwaffen (arme miracle), contre Kyiv, le missile 3M22 Tzirkon, bien que celui-ci ait été conçu, initialement, comme un missile antinavire à capacités de frappes vers la terre, et non comme un missile de croisière sol-sol.

- Publicité -

Contrairement au Kinzhal, le Tzirkon dispose d’un super-stato-réacteur, et de capacités de manœuvre, en faisant une véritable arme hypersonique, capable d’évoluer à plus de Mach 5, pour déjouer les défenses antiaériennes adverses les plus modernes, comme le Patriot PAC-3 américain, ou l’Aster 30 du système SAMP/T Mamba franco-italien.

La vitesse du Tzirkon fonctionna comme attendue. En effet, là où les habitants de Kyiv avaient, jusqu’ici, plusieurs dizaines de minutes pour rejoindre les abris après qu’une alerte était lancée, ceux-ci furent surpris de constater que les explosions de la DCA ukrainienne, puis des missiles eux-mêmes, arrivaient quelques minutes seulement après que l’alerte fut donnée.

Des performances moindres qu’escompter du missile 3M22 Tzirkon, selon la presse spécialisée ukrainienne

Il semble, cependant, que d’autres surprises attendaient les Ukrainiens, concernant ces frappes, mais pas des mauvaises, cette fois. En effet, selon la presse spécialisée Ukrainienne, si le Tzirkon avait bel et bien une vitesse de transit hypersonique, celui-ci aurait ralenti autour de Mach 4,5, pour sa phase de plongée finale.

- Publicité -
Frégate Admiral Gorshkov de la Marine Russe
Frégate Admiral Gorshkov lors des essais du missile hypersonique 3M22 Tzirkon

Il s’agit, certainement, simultanément de réduire les phénomènes de dégagements de chaleur autour du missile, lorsque celui-ci rejoint les couches basses de l’atmosphère, ainsi que, possiblement, de permettre au système de guidage de se recaler, voire d’acquérir sa cible pour venir la frapper.

Ce faisant, le Tzirkon, en dépit de sa grande vitesse, et de ses capacités de manœuvre, entreraient dans l’enveloppe d’interception des Patriot PAC-3 et des Aster 30 ukrainiens, pour peu qu’ils soient positionnés à proximité de la cible visée.

À ce titre, la presse et les autorités ukrainiennes, ont revendiqué l’interception réussie d’un ou plusieurs missiles Tzirkon, lors des récentes frappes sur Kyiv. Il est cependant très difficile d’attester de ces affirmations, de manière certaine.

L’analyse des débris donne de nouvelles informations sur le Tzirkon, et ses limites

La presse spécialisée ukrainienne a, par ailleurs, obtenu et publié, certains éléments d’un rapport portant sur l’analyse des débris supposés de ces missiles ayant été lancés contre Kyiv.

Là encore, il convient de garder certaines réserves concernant ces annonces, l’Ukraine ayant un intérêt évident à niveler la perception de la menace que font peser ces munitions russes contre la population et les infrastructures civiles du pays. Pour autant, l’analyse, telle qu’elle a été présentée, semble cohérente, bien qu’elle mérite, évidemment, d’être confirmée ou infirmée par des analyses plus indépendantes.

Débris 3M22 Tzirkon
Un des débris présentés par les analystes ukrainiens comme provenant du 3M22 Tzirkon.

Ainsi, les spécialistes ukrainiens seraient parvenus à reconstituer le profil de vol du missile, en particulier le fait qu’il doive passer sous le seuil hypersonique en phase finale. Ceci permettrait aux systèmes antiaériens et antibalistiques modernes, particulièrement l’Aster 30 français et le SM-6 américain, d’intercepter le missile, comme c’est le cas pour les missiles antinavires balistiques classiques.

Plus étonnant, il apparaitrait que l’ogive du missile soit particulièrement légère, 100 à 150 kg, et qu’elle ne comprendrait que 40 kg de charge explosive. Selon les ukrainiens, cette contrainte fut rendue indispensable par l’objectif annoncé d’une portée de 1000 km pour ce missile, ceci expliquant, d’ailleurs, que la portée du missile n’a cessé de croitre lors des essais, à mesure que l’ogive était allégée.

Une telle ogive, si avérée, réduirait sensiblement le potentiel destructif d’un missile 3M22. Même en tenant compte d’une masse de l’ogive de 150 kg, et d’une vitesse d’impact de 1870 m/s, soit Mach 4.5, le dégagement d’énergie attendrait à peine celui de 110 kg de TNT, soit 150 kg, au mieux, avec la charge militaire.

Si cette charge peut venir à bout d’un navire de moins de 5 000 tonnes, comme une corvette ou une frégate moyenne, elle est insuffisante, au-delà, contre une frégate lourde, un destroyer, et encore moins contre un grand navire amphibie de 20 ou 30 000 tonnes, ou sur un porte-avions de 50 000 tonnes ou plus.

Séquence de tir du 3M22 Tzirkon
Après éjection, le Tzirlon est propulsé par un booster à poudre, pour lui donner la vitesse et l’altitude suffisante pour lancer son Super-stato-réacteur, ou Scramjet.

Ces affirmations, si elles venaient à être confirmées, viendraient considérablement altérer la perception de la menace que ferait peser le 3M22 Tzirkon sur les marines occidentales, pas très différentes, dans ce cas, de celle du missile antinavire supersonique P800 Onyx, entré en service il y a plus de 20 ans.

Le missile Aster 30 du français MBDA paré d’une nouvelle aura après ses succès en mer Rouge

Ces affirmations interviennent concomitamment à une démonstration d’efficacité remarquable du missile Aster 30 en mer Rouge. Comme évoqué dans cet article, la frégate française Alsace, est, en effet, parvenue à intercepter, aux larges des cotes du Yémen, trois missiles balistiques antinavires Houthis lancés presque simultanément contre elle et les navires civils qu’elle escortait.

Tir Aster alsace
La frégate Alsace est parvenue a intercepter trois missiles balistiques antinavires Houthis, à l’aide de seulement 3 missiles Aster 30, démontrant les exceptionelles performances de ce missile, du navire, et de son équipage.

Cette démonstration d’efficacité de l’Aster 30, a fait grand bruit, en particulier en occident. Longtemps, en effet, les état-majors et amirautés avaient douté des performances annoncées par MBDA, concernant son missile Aster 15/30, en particulier, dans le domaine antibalistique, lui préférant des solutions américaines comme le Patriot PAC-3 ou le SM-6, en dépit des performances démontrées du missile, lors des essais et des entraînements.

Si MBDA n’a pas croulé sous les nouvelles commandes depuis l’exploit de l’Alsace et de son missile, celui-ci jouit, désormais, de manière évidente, d’une nouvelle aura, que ce soit auprès des militaires et commentaires spécialisés.

Le SAMP/T Mamba est désormais au cœur des demandes ukrainiennes, comme le Patriot PAC-3

Cette aura a, également, atteint l’Ukraine. Jusqu’à présent, les autorités, mais aussi la presse spécialisée ukrainienne, n’avaient d’yeux que pour le Patriot, demandant, avec insistance, aux États-Unis et alliés, davantage de systèmes, et davantage de missiles.

Bien plus distribué que le Mamba, dont les 26 batteries livrées à ce jour n’équipement que 3 forces armées (France, Italie et Singapour), le Patriot était surtout paré de qualités supérieures au système européen, tout du moins, dans la perception publique et politique.

Le Mamba, dès lors, apparaissait bien moins souvent dans le discours officiel ukrainien, même si la batterie livrée par Paris et Rome, était déployée en protection de zone, à l’instar des quatre batteries Patriot dont dispose l’Ukraine.

Il n’est pas clair si la batterie Mamba ukrainienne a, ou pas, participé à l’interception des Tzirkon russes envoyés contre Kyiv. Toutefois, force est de constater, désormais, qu’il est systématiquement évoqué simultanément au Patriot, dans le discours des autorités ukrainiennes, comme dans la presse spécialisée du pays.

Batterie SAMP/T Mamba
Le système SAMP/T Mamba met en oeuvre des missiles Aster 15 et Aster 30.

Les succès avérés de l’Aster 30 en mer Rouge dans le domaine antibalistique, ainsi que les incertitudes sur l’aide militaire américaine, ont certainement influencé ce changement de posture, alors qu’à présent, Kyiv réclame non davantage « de batteries Patriot« , mais des « batteries antiaériennes à longue portée Mamba ou Patriot » supplémentaires.

Message probablement bien reçu par la France, le ministre Sébastien Lecornu ayant annoncé un possible durcissement de l’action de l’état contre les industriels, en particulier le réseau de sous-traitant, si la production de ce missile ne venait pas à sensiblement augmenter dans les semaines et mois à venir.

Conclusion

S’il convient de conserver une certaine prudence, face aux annonces ukrainiennes, il semble bien que le super missile hypersonique 3M22 Tzirkon russe, ne constitue pas la menace inarrêtable et absolue contre les grandes unités navales de l’OTAN, tel qu’il était présenté jusqu’à présent par la communication russe.

Non seulement sa capacité de destruction apparait limitée, mais le missile aurait un profil de vol, le mettant à la portée des systèmes antimissiles occidentaux les plus évolués, comme le SM-6 de l’US Navy, et surtout l’Aster 30 français.

SM-6 lancement
L’US Navy, mais aussi les marines japonaises et sud-coréennes, se dotent de missiles SM-6, pour répondre à la menace des missiles antinavires hypersoniques comme le Tzirkon.

Il est intéressant de remarquer que l’image de ces deux missiles se sont croisées ces derniers jours, voyant l’image d’invulnérabilité du 3M22 Tzirkon s’effriter suite aux frappes contre Kyiv, alors que, dans le même temps, le missile Aster 30 faisait l’éclatante démonstration de son efficacité, en mer Rouge, peut-être aussi en Ukraine.

Reste à voir, maintenant, si les affirmations et conclusions, émanant des services ukrainiens, sont ou pas confirmées, soit par des analyses indépendantes, soit par des preuves factuelles.

Si tel était le cas, cela constituerait, sans le moindre doute, un coup dur à l’image de puissance de la Russie, en particulier dans le domaine naval, mais aussi à celle de Vladimir Poutine, qui avait fait de ses nouvelles armes hypersoniques, l’un des piliers de la puissance militaire retrouvée de la Russie, par son action politique.

Article du 29 mars en version intégrale jusqu’au 5 mai

- Publicité -

Pour Aller plus loin

1 COMMENTAIRE

  1. On avait déjà abordé ce sujet a la sortie officielle de ce missile.
    Il est a mettre dans le meme sac que la torpille poseidon ou le sarmat mesc***illes.
    C’est des powerpoints de propagande assez grossier.
    Un élève de 5eme résout des problèmes de physique permettant de démontrer qu’une torpille ne peut en aucun cas liberer l’energie d’un tsunami et qu’un missile a plus de mach 5 est incontrolable en basse couche ( il ne resisterait pas au changement de direction )

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles