Constellation, F-35… : les programmes de défense US sont-ils gangrénés par la surspécification ?

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Game changer, Wunderwaffen… Depuis le début du conflit en Ukraine, ces termes furent souvent employés, tant pour désigner l’arrivée de nouveaux armements livrés par les alliés occidentaux, que pour faire référence aux nouveaux programmes de défense US ou alliés.

Il est vrai qu’imaginer un nouveau char, avion, drone ou missile, à ce point supérieur aux autres équipements existants, pour représenter, à lui seul, un avantage opérationnel marqué, à de quoi séduire. Surtout pour les scénaristes hollywoodiens qui en firent le pitch de nombreux grands succès, comme Firefox ou A la poursuite de l’Octobre Rouge.

Ce sentiment trouve ses racines dans les bénéfices bien réels donnés aux armées américaines par les grands programmes du début des années 70, qui donnèrent naissance, entre autres, aux chars Abrams, à l’hélicoptère Apache, aux missiles Patriot, SM-2 et Tomahawk, aux F-15, F-16 et F-18, ainsi qu’aux super-porte-avions Nimitz, aux SSN Los Angeles et aux destroyers Arleigh Burke.

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Il a, depuis, évolué vers un biais de surspécification entourant la conception des nouveaux programmes d’équipements de défense américains, qui, aujourd’hui, handicapent lourdement la modernisation des armées américaines, face à une Chine et une Russie bien plus pragmatiques dans ce domaine.

Frégates Constellation : plus que 15 % de la FREMM italienne, 3 ans de retard et 50% plus chères

À ce sujet, l’US Navy avait déjà, pour ainsi dire, touché du doigt les conséquences de ces biais technologistes excessifs, dans la conception de ses navires, depuis de nombreuses années. Ainsi, elle a dépensé 21 Md$ dans le programme de destroyers lourds Zumwalt, censé donner un avantage décisif en matière de suprématie navale de surface, notamment grâce à ses nouveaux canons de 155 mm à longue portée.

deux programmes de défense US ratés : ZUmwalt et LCS
Les programmes LCS et Zumwalt ont tous deux été marqués par un excé d’ambitions et de spécifications technologiques, ayant entrainé l’explosion des couts et des impasses capacitaires.

Au final, seuls 3 navires ont été construits, sans les dit canons, pour un potentiel opérationnel plus réduit que les Arleigh Burke plus traditionnels et 2,5 fois moins chers. Même si les Zumwalt vont aujourd’hui remplacer leurs canons inutiles, par des missiles hypersoniques, ce programme a sévèrement handicapé la modernisation de la flotte de surface américaine, aujourd’hui sous tension.

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Il en fut exactement de même concernant le programme des Littoral Combat Ships, ou LCS. Ces navires, à mi-chemin entre l’OPV, la corvette et la frégate, devaient être dotés de modules de combat permettant d’adapter les capacités du navire, à la mission, qu’il s’agisse de guerre des mines, de lutte de surface, de lutte anti-sous-marine, ou de soutien et souveraineté.

Là encore, ce fut un douloureux et couteux échec technologique, et sur les 32 navires construits, à plus de 600 m$ l’unité, devant remplacer les frégates O. H. Perry retirées du service en 2014, et les chasseurs de mines Avenger en cours de retrait, une dizaine sont déjà, ou vont prochainement être retirés du service, faute d’avoir un potentiel opérationnel adapté aux besoins.

Face à ces deux échecs, l’US Navy entreprit, en 2017, de construire une flotte de frégates plus légères, et surtout plus économiques et rapides à construire, que les destroyers Burke. Pour accélérer le processus, et réduire ses couts, le choix s’est porté sur le modèle FREMM de l’italien Fincantieri, une frégate polyvalente de 6 000 tonnes censée répondre aux besoins de l’US Navy, avec un minimum de modifications, pour permettre une entrée en service dès 2026.

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FREMM classe Bergamini
Les frégates Constellation et Begamini n’auront, au final, que 15 % de composants communs, ceci faisant douter de l’interet d’avoir choisi un modèle sur étagère pour l’US Navy.

À l’occasion de l’audit ordonné par le SECNAV (Secrétaire à la Navy), Carlos des Toro, et mené par l’US Navy, concernant les difficultés rencontrées par l’industrie navale américaine, il est apparu que la frégate USS Constellation, première unité de la classe, dont la construction vient tout juste de débuter aux chantiers Fincantieri Marinette, n’entrera en service qu’en 2029, soit avec des délais presque doublés par rapport au calendrier initial.


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