La conception d’un turboréacteur à hautes performances, capable de propulser efficacement et avec fiabilité, un avion de combat, constitue, aujourd’hui, l’un des savoir-faire les plus confidentiel sans le monde.
Dans les faits, jusqu’il y a peu, seuls quatre pays et cinq entreprises, étaient capables d’un tel exploit : les États-Unis avec General Electric et Pratt&Whitney, la Russie avec Klimov, la Grande-Bretagne avec Rolls-Royce et la France avec Safran. Depuis quelques années, un cinquième pays s’est invité dans ce club fermé, la Chine, et l’avionneur Shenyang, avec le turboréacteur WS-10 qui équipe désormais les nouveaux J-10C, J-15, J-16 et J-20 des forces aériennes et aéronavales chinoises.
Après avoir relevé haut la main le défi de la conception d’un avion de combat moyen moderne, avec le KF-21 Boramae, la Corée du Sud s’attaque, dorénavant, au Graal des technologies de défense aéronautique. En effet, Hanwha Defense a annoncé, à l’occasion du salon de Farnborough, avoir entamé la conception d’un turboréacteur destiné à propulser le Boramae, avec l’ambition d’une entrée en service d’ici à la fin de la décennie.
Sommaire
La Corée du Sud vise l’autonomie stratégique et une place sur le podium des exportateurs d’armes
Contrairement aux pays européens, qui avaient baissé la garde, et leurs investissements en matière de défense, sur la certitude de la fin de la menace symétrique majeure en Europe, et aux États-Unis, longtemps empêtrés dans des guerres insurrectionnelles en Irak et Afghanistan, la Corée du Sud n’a jamais cessé de vivre sous la menace directe de Pyongyang, et de son million de soldats formés pour envahir le pays, selon le bon vouloir de son dictateur au statut démiurgique.
Dans ce contexte géopolitique très particulier, Séoul est parvenue, en trois décennies seulement, à développer une des industries de défense les plus performantes de la planète, venant contester un nombre croissant de marchés aux européens, jusque dans leurs prés-carré, au Moyen-Orient et sur le vieux continent.
Pour ce faire, les autorités et industriels sud-coréens se sont appuyés sur le développement économique et technologique fulgurant du pays, ainsi que sur un marché de l’armement international atone, pour obtenir des accords de transferts de technologies très favorables, auprès d’industriels européens en manque de d’activités.
C’est ainsi que Hanwha Ocean a appris à concevoir et construire des sous-marins Type 209 avec le programme KSS-I, dans les années 90, puis à concevoir et intégrer les technologies clés embarquées de ces navires, comme la propulsion AIP, avec le programme KSS-II, dans les années 2000.
À la fin des années 2010, Hanwha Defense était prête à livrer le premier sous-marin du programme KSS-III, la classe Dosan Anh Changho, entièrement conçu et développé dans le pays, et désormais proposé avec insistance par Séoul à la Pologne, dans le cadre du programme Orka, face aux modèles français, allemands, suédois et espagnols.
Au-delà de cet exemple, pourtant très représentatif s’agissant des équipements militaires parmi les plus complexes à concevoir et à construire, la Corée du Sud a développé, ces trente dernières années, une formidable industrie de défense, permettant à ses armées de s’équiper à plus de 80 % d’équipements nationaux, avec l’objectif, à moyen terme, d’atteindre l’autonomie stratégique, et de s’inviter sur le podium mondial des exportateurs d’armes.
Hanwha Defense développe un turboréacteur « proche du GE F-414 » pour son KF-21 Boramae
De fait, il ne reste, aujourd’hui, que quelques technologies clés qui échappent encore à l’industrie de défense sud-coréenne, même si certains des équipements actuels, souffrent encore de problèmes de jeunesse, et d’un manque de fiabilité pouvant poser certains problèmes, surtout à l’exportation.
Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !
Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)