Programme SCAF : La coopération européenne va couter très cher à la France

Après des débuts très difficiles, le programme SCAF est parvenu, en 2023, à sortir de l’ornière dans laquelle il se trouvait, grâce à un accord politique imposé fermement par les trois ministres de la Défense français, allemands et espagnols.

Depuis, le programme semble sur une trajectoire plus sécurisée, même si les engagements actuels ne portent que jusqu’à la phase 1b d’étude du démonstrateur, et qu’il sera nécessaire, à nouveau, de renégocier le partage industriel au-delà, ce qui ne manquera pas de créer de nouvelles frictions.

Au-delà des tensions entourant les questions de partage industriel, voire de cahier des charges, divergent selon les forces aériennes, un nouveau sujet de discorde pourrait émerger prochainement, tout au moins en France.

En effet, loin de représenter la solution budgétaire optimisée avancée par l’exécutif français, pour justifier de cette coopération européenne, il apparait que le programme SCAF va couter plus cher, et même beaucoup plus cher, aux finances publiques françaises, comme à ses industriels, que si le programme était développé à l’identique, par la seule base industrielle et technologique aéronautique Défense nationale, avec un écart de cout, pour les contribuables français, pouvant atteindre les 20 Md€.

La Coopération européenne, seule alternative pour financer le développement du programme SCAF, selon l’exécutif français

Depuis le lancement du programme SCAF, le discours de l’exécutif français, pour en justifier le développement conjoint avec l’Allemagne, puis avec l’Espagne, n’a pas dévié d’un millimètre : les couts de développement d’un avion de combat et de son système de systèmes de 6ᵉ génération, sont à ce point élevés, qu’ils ne peuvent plus être supportés par un unique pays européen, fut-il la France.

Macron Merkel
Le programme SCAF a été lancé en 2017 par Emmanuel Macron, tout juste élu Président de la République, et Angela Merkel, alors en plein bras de fer avec Donald Trump.

Le sujet a, à de nombreuses reprises, été abordé sur la scène publique, notamment par les députés et sénateurs français, interrogeant le gouvernement pour savoir si la France était en mesure de développer, seule, un tel programme, en particulier lorsque le programme était au bord de la rupture.

La réponse donnée alors, par l’exécutif comme par la DGA, avançait que si la France devait faire seule un tel programme, celui-ci serait nécessairement moins performant et moins polyvalent, que ne prévoit de l’être SCAF aujourd’hui, pour des raisons essentiellement budgétaires. En d’autres termes, pour le gouvernement français, il n’y avait point de salut, en dehors de cette coopération franco-allemande, puis européenne.

Le programme SCAF en coopération coutera 14 Md€ de moins à la France, que si elle devait le faire seule.

L’étude des chiffres disponibles, aujourd’hui, tendrait, en effet, à accréditer la position gouvernementale. Ainsi, le budget total de R&D de l’ensemble du programme SCAF qui atteindrait les 40 Md€, permettant à chaque participant de ne participer qu’à hauteur de 13,3 Md€, soit, plus ou moins, un milliard d’euros par pays et par an, jusqu’en 2036 et le début de la production des avions eux-mêmes.

Même en tenant compte de la règle empirique qui veut que le codéveloppement engendre un coefficient multiplicateur de surcout équivalent à la racine carrée du nombre de participants, soit 1,73 pour 3 pays, la France économise bien 10 Md€ sur la phase de développement du programme.

Eurofighter Typhoon forces aériennes espagnoles
L’espagne prévoit de remplacer les 125 Eurofighter en service et à venir, par le programme SCAF.

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11 Commentaires

  1. Il me semble que mener seul ce programme le rend très dépendant au contexte budgétaire qui interviendra après 2030.

    Pour préciser l’état à eu bien du mal à maintenir la chaîne de montage des Rafale dans les années qui post crise de 2008.

    Face à une nouvelle crise et dans le contexte actuel, nos finance ne permettrais plus de faire ce même effort .
    Alors que de l’autre côté du Rhin il existe un pays avec les marges suffisantes pour maintenir les lignes de production en période difficile.

    • penser que Berlin paierait pour maintenir les lignes de production en france, est beaucoup trop optimiste selon moi. Par ailleurs, ce que montre l’article, c’est justement que l’écart de prix pour les finances publiques, entre une version strictement nationale, et une version européenne du SCAF, est beaucoup plus faible, et potentiellement meme inversé avec la perception publique, construite principalement sur la répétition d’arguments au mieux erronés, au pire fallacieux, de la part de l’exécutif depuis le lancement du programme.

  2. A mon avis, ce n’est plus d’actualité. Le scaf est mort et enterré.

    Idrw publie ce jour un article :

    Dassault’s Bold Bid: Local Rafale Production in India with Indigenous

    sur la mise en place du plan industriel de Dassault pour implanter une chaîne de fabrication des rafale indiens, voire indonésiens sous son contrôle pour l’assemblage final.
    Je pense que le scaf est relegué au fond du tiroir des projets exotiques dans les bureaux d’études de saint cloud.

  3. autre question qui me turlupine fabrice et vous allez surement me rassurer: les 3Mds/an de dévelloppement concerne le cout global du projet ou seulement l’avion ? si c’est le global cela ramène quand même le cout plus bas pour nous, dans le sens ou le drone lours est déjà en conception avec le F5, les drones legers sont conçus par MBDA , il ne reste que le cloud ou thales peut s’en charger il en a aussi les compétences. quand à la motorisation le REX est à l’étude chez safran ! je ne pense pas qu’au fond on ai 2MDS à rajouter, mais beaucoup moins. rassurez moi, ou nous peut être ?

  4. vous devriez envoyer vos tableaux aux députés et sénateurs qui s’occupent du volet défense. pour Lecornu je pense qu’ils les a déjà. apres si le programme en partage coute à chacun 1Mds*3, je pense que l’on doit pouvoir trouver 2Mds de plus sur la période et envoyer bouler les recalcitrans.

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