Par ses caractéristiques, et ses avancées, le Rafale F5 se rapproche d’un programme Super-Rafale, à l’instar de ce que le F/A-18 E/F Super Hornet aura été pour le F/A 18 Hornet, et représentera une étape majeure dans l’évolution du chasseur français.
L’appareil disposera, en effet, d’une capacité de traitement de l’information et de communication renouvelée, lui permettant de contrôler et d’interagir avec des drones de combat. Ce faisait, le Rafale F5 pourra mettre un pied dans la fameuse 6ᵉ génération d’avions de combat, qui se construit aujourd’hui autour des programmes SCAF, GCAP ou NGAD, en occident.
Toutefois, en s’imposant la même cellule et d’autres limitations liées à l’évolution itérative, le Rafale F5 ne pourra pas, véritablement, franchir le pas générationnel, même si ses caractéristiques opérationnelles seront transformées, et très proches de l’efficacité des chasseurs de 5ᵉ génération comme le F-35, le J-20 ou le Su-57.
Se pose donc la question si, au-delà du Rafale F5 pour 2030, la France ne devrait pas développer, à horizon 2035, un véritable Super-Rafale, pouvant faire la jonction opérationnelle, technologique et commerciale, avec le programme SCAF, tant pour préserver l’efficacité des forces aériennes et aéronavales françaises, notamment celles impliquées dans la dissuasion, que pour préserver sa position dominante sur le marché des avions de combat, dans le monde.
Sommaire
La transformation des forces aériennes qui se profile à partir de 2030
Il n’y a de cela qu’une année, la transformation des aviations de chasse qui résulterait de l’arrivée des avions de combat de 6ᵉ génération, comme le NGF du SCAF, ou le Tempest du GCAP, n’était pas envisagée avant de 2045 ou 2050, de manière significative.
En outre, certains de ces programmes, comme GCAP ou NGAD, visaient davantage à concevoir un nouvel avion de combat, pour la décennie 2030, qu’un véritable système de systèmes, celui-ci ne devant entrer en service qu’après, à partir de 2040, date d’arrivée prévue pour le système de systèmes SCAF et son avion de combat NGF.
Bref, si les trajectoires étaient différentes entre les programmes occidentaux, la ligne d’arrivée, elle, demeurait la même, avec une véritable première capacité opérationnelle significative ne devant pas arriver avant 2045 ou 2050.
La suspension du programme NGAD de l’US Air Force, annoncée par son Secrétaire, Frank Kendall, il y a quelques jours, pourrait bien balayer, et accélérer, ce calendrier. Celui-ci a, en effet, indiqué que le programme était suspendu, jusqu’à une date indéterminée, le temps pour l’USAF de déterminer si les paradigmes autour desquels il était conçu, étaient encore valides et adaptés aux besoins qui se profilent désormais.
Officiellement, cette réflexion est conditionnée par des questions budgétaires, liées à l’explosion des couts de plusieurs programmes concomitants, comme l’ICBM LGM-39A devant remplacer les Minutemann III, dont les couts prévisionnels sont passés de 77,7 à 140 Md$ en quelques années.
Toutefois, dans le même temps, l’US Air Force a indiqué qu’elle entendait donner la priorité au développement de ses drones de combat, en particulier pour répondre à l’évolution du rapport de forces dans le Pacifique, face à Taïwan.
Sachant que le Pentagone a fait de l’échéance de 2027, le pivot des risques de conflit entre les États-Unis et la Chine, on comprend que cette décision de suspendre le programme NGAD, est liée à des facteurs extérieurs, comme le renforcement des moyens de défense aérienne de l’APL ou le développement de nouveaux systèmes aériens par l’industrie de défense chinoise, ainsi qu’à des considérations intérieures, d’optimisation budgétaire.
Dans tous les cas, cette décision préfigure un tempo bien plus soutenu qu’envisagé jusqu’à présent, concernant l’arrivée des drones de combat comme moyens principaux de la chasse aérienne, en tout cas concernant les États-Unis, et, très certainement, la Chine.
Le programme SCAF toujours jugé à risque par Dassault Aviation
Pour répondre à cette évolution majeure, qui touchera à la nature même de l’aviation de combat, la France a fait le choix, en 2017, de la coopération européenne, avec le programme Système de Combat Aérien du Futur, ou SCAF. Lancé initialement avec l’Allemagne, le programme a été rejoint par l’Espagne en 2019, puis par la Belgique, en qualité d’observateur, en 2024.
Contrairement au GCAP britannique, auquel participe également l’Italie et le Japon, qui se concentre sur la conception d’un avion de combat pour 2035, SCAF vise à developper l’ensemble du système de systèmes, y compris le cloud de combat, les drones et les systèmes de simulation, pour une entrée en service prévue, aujourd’hui, à partir de 2040, et plus probablement 2045.
Pour l’heure, toutefois, les accords entre Paris, Berlin et Madrid, ne concernent que la phase 1B d’étude initiale, en vue de concevoir le démonstrateur, à horizon 2027-2028. Il fallut aux ministres de la Défense des trois pays jouer des coudes, et quelque peu tordre le bras aux industriels, notamment Airbus DS et Dassault Aviation, pour obtenir ce premier accord.
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Je ne suis pas sûre de bien comprendre la mise en cause de Dassault dans les « échecs commerciaux « du Maroc,.des Pays-Bas et du Brésil..qui me semblent liés plutôt à l’incompetence des administrations publiques ou du pouvoir politique: ll’ échec marocain est le résultat du lobbying de Bercy qui a tout fait pour que les conditions financières favorables sollicitées par Rabat ne lui soient pas accordées, certains dissimulant mal leur tropisme masochiste algérien ( cela n’ a pas commencé avec MM Hollande et Macron); les Pays Bas étaient un dossier quasi impossible compte tenu des liens entre ce pays et non seulement les USA mais aussi le complexe militaro industriel US – se souvenir de l’ affaire de corruption Lockeed qui n’ a pas coupè les liens etroits existants; quant au Brésil, il faut songer à remercier M. Sarkozy qui a froissé la fiertè nationale bresilienne et le Président Lula en annoncant un accord qui n’ existait nullement dans l’esprit des soi- disant acheteurs…
Je ne veux nullement me faire l’ avocat de Dassault qui n’ a nul besoin de ma verve mais il y a chez certaims-pas vous bien sûr- une tendance au Dassault Bashing qu’il ne faut pas encourager..
Dassault est une firme qui a toujours fait honneur à la France et qui a toujours joué loyalement son rôle dans le cadre du » contrat stratégique et moral » qui la lié à l’ État, comme Elf- Aquitaine à une autre époque..
Pour revenir aux » echecs » commerciaux- dans ce domaine la politique compte plus que le commercial ou le technique- ensuite vint l’ erreur stratégique américaine et la colère du maréchal, fort bien exploitée par le talent de M.Le Drian – lui en avait- et de ses proches
Quant à M. Morin, il est permis de penser qu’ il fut l’ un des pires ministres de la Défense de toutes les Républiques n’ étant rejoint en incompetence et courte- vue que par ces hauts- grandes de la Marine et de l’ Aeronavale qui ne voulaient pas du Rafale…
Le problème de la France – mais vous me retorquerez que c’ est le cas de tous les Etats- est le degré fort.variable de compétence de ses responsables de la Défense tant civils que militaires
Mais depuis 1871 et de guerre en guerre, les citoyens s’ intéressant à l’ Histoire et à la chose militaire ont appris à redouter le pire..
Mais pour revenir à votre article, j’ imagine que les dirigeants de Dassault partagent vos analyses et propositions et ont sinon oublié du moins digeré la déconvenue du Mirage 4000..
Bien cordialement