dimanche, octobre 13, 2024

Sous-marins canadiens : quel modèle pour la Royal Canadian Navy ?

C’est officiel, le ministère de la Défense canadien a donné le départ pour la compétition visant à acquérir 12 nouveaux sous-marins canadiens à propulsion conventionnelle, pour remplacer les 4 sous-marins de la classe Victoria mis en œuvre par la Royal Canadian Navy depuis le début des années 2000, après avoir servi plusieurs années au sein de la Royal Navy britannique.

Il s’agit là, incontestablement, de la plus importante compétition de ces 10 dernières années, avec la compétition Australienne, portant initialement sur huit navires, qui fut remportée en 2015 par Naval Group, avant d’être annulée par Canberra au profit du programme de sous-marins nucléaires d’attaque SSN-AUKUS.

Dès lors, les six constructeurs de sous-marins de la sphère occidentale sont aujourd’hui dans les rangs, pour se positionner sur cette compétition qui pourrait bien influencer la hiérarchie mondiale dans ce domaine, pour plusieurs décennies.

Quels sont les six modèles de sous-marins proposés, leurs caractéristiques, mais surtout, dans quelle mesure répondent-ils aux besoins de la Royal Canadian Navy ?

La Royal Canadian Navy veut remplacer ses 4 sous-marins classe Victoria par 12 nouveaux navires

Cela fait maintenant trois ans que le ministère canadien de la Défense, a annoncé son intention de lancer une compétition pour le remplacement des quatre sous-marins de la classe Victoria. Ces navires, entrés en service au sein de la Royal Navy au début des années 90, n’ont rejoint la Royal Canadian Navy, qu’au début des années 2000, mais marquent désormais le poids des années.

Victoria-class sous-marin
La Marine canadienne met en oeuvre aujourd 4 sous-marins de la classe Victoria.

Toutefois, là où quatre submersibles semblaient répondre aux besoins d’Ottawa depuis la fin de la guerre froide, les nouvelles revendications russes en arctique, et la militarisation de cet espace maritime désormais contesté, ont amené les autorités canadiennes à revoir à la hausse leurs besoins en matière de flotte sous-marine.

Ainsi, ce ne sont pas quatre, ni même six ou huit sous-marins, qui doivent être commandés pour la Royal Canadian Navy, mais douze, pour protéger les intérêts de ce pays parcouru par 243 000 km de côtes, devançant très largement les 55 000 km de l’Indonésie, ou les 38 000 km de côtes russes.

Cette situation avait déjà amené, il y a quatre ans maintenant, Ottawa à commander 15 nouvelles frégates, dérivées du modèle Type 26 britannique, un navire imposant de 7000 tonnes, équipé de moyens avancés en matière de lutte anti-sous-marine.

Les autorités canadiennes ont annoncé, en fin de semaine dernière, avoir transmis aux constructeurs occidentaux, une demande d’information, devant être retournée avant le 18 novembre, pour participer à cette compétition pour 12 nouveaux sous-marins à propulsion conventionnelle et capacités arctiques, un contrat estimé par Ottawa de 40 à 65 milliards d’euros (60 à 100 milliards de dollars canadiens), sur l’ensemble de sa durée de vie.

Les 6 modèles en lice pour la compétition canadienne

Il ne fait guère de doutes que 5 des 6 constructeurs occidentaux de sous-marins conventionnels, répondront à cette RFI (Request for Information) envoyée par le ministère de la Défense canadien, tant le marché est déterminant.

Attack class Australie
La compétition canadienne n’est pas sans rappeler celle organisée, dix ans auparavant, par l’Australie.

La seule interrogation concerne, à ce jour, la participation du Japon, avec la pourtant très efficace classe Taïgei, Tokyo n’ayant pas encore indiqué s’il autorisait Mitsubishi à concourir, ou pas, en accord avec la constitution du pays, toujours très restrictive, bien qu’assouplie en matière d’exportation d’armement ces dernières années.

Dans cette étude, nous considérons que le modèle nippon participera, au même titre que le Type 212 CD de l’allemand TKMS, le KSS-III Dosan Anh Changho sud-coréen, le S-80 PLus Issac Peral de l’espagnol Navantia, et le modèle C-71 Expeditionnary Submarine des suédois Kockums et Saab.

Le français Naval group n’ayant pas indiqué quel modèle sera proposé à Ottawa, nous prendrons, ici, le Blacksword Barracuda, récent vainqueur de la compétition néerlandaise, qui semble être le modèle de la gamme du constructeur répondant le mieux aux exigences canadiennes.

Sous-marins canadiens caractéristiques
Synthèse des principales caractéristiques des 6 modèles de sous-marins engagés dans la compétition canadienne

Type 212 CD (TKMS, Allemagne)

Après la défaite face au Blacksword Barracuda aux Pays-Bas, malgré un recours légal rejeté par la justice Batave, l’allemand TKMS met, à présent, toute son énergie pour promouvoir son modèle Type 212 CD dans la compétition canadienne.


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Pour Aller plus loin

17 Commentaires

  1. Desolé. J’arrête avec IA, mais cela va dans le sens de votre analyse.
    Question relative au prix.
    Cordialement.

    « L’offre de Naval Group, étant 15 % inférieure à celle des autres concurrents, donne un avantage stratégique considérable au constructeur français. Cela permettrait au Canada de :

    Obtenir des sous-marins de haute technologie à un coût réduit.

    Renforcer sa capacité industrielle à travers un potentiel transfert de technologie.

    Rester aligné avec ses alliances stratégiques au sein de l’OTAN et de l’AUKUS, tout en maintenant une certaine flexibilité diplomatique.

    En fin de compte, le Canada pourrait choisir NG pour bénéficier d’un rapport qualité-prix supérieur, tandis que l’AUKUS pourrait y voir une opportunité d’améliorer les capacités navales canadiennes à moindre coût, tout en continuant à promouvoir la coopération avec la France dans des secteurs complémentaires. »

  2. Ça vaux ce que sa vaux, mais voici la réponse de l’IA à la question sur l’oportunitè d’une entrée de de NG dans la course.
    Je ne suis pas loin de le penser.

    Merci.pour l’attention apportée à mes commentaires. Bien cordialement.

    « Naval Group doit effectivement être prudent. Bien que la technologie et l’expertise française dans le domaine des sous-marins soient incontestables, le jeu géopolitique en cours pourrait fortement réduire les chances de succès. Se lancer dans une course où les cartes sont déjà potentiellement biaisées en faveur d’un autre fournisseur, en raison d’alliances telles qu’AUKUS, pourrait s’avérer un piège. Dans ce contexte, la position de Naval Group serait de peser soigneusement les risques politiques et les opportunités réelles avant de décider s’il faut engager des ressources sur ce projet. »

    • Je le sais bien, car je commence à vous connaitre au travers de commentaires 😉
      Mais je pense qu’ici, vous vous trompez de combat. Ne pas participer, faciliterait la tâche de ce que vous voulez combattre.
      Qui plus est, de Gaulle ne s’est jamais montré hostile à exporter vers ses alliés, au contraire.
      On peut regretter de voir tous ces pays se tourner vers le f35, ou le Patriot. Mais au final, tout ce qu’on peut faire, c’est être encore meilleur, commercialement, politiquement, militairement, jusqu’à ce que ce non-choix redevienne un choix.
      Et il faut garder à l’esprit que les japonais n’ont jamais exporté d’armement lourd, surtout en production locale, je doute qu’ils aillent au bout de l’appel d’offre, car leur industrie de défense n’est pas dimensionnée pour cela.
      Après, les États-Unis peuvent peser jusqu’à un certain point, mais ils ne perdront pas de plumes dans ce dossier, sachant qu’ils n’ont rien à y gagner, si ce n’est l’assurance d’avoir Ottawa dans le second pilier AUKUS.
      il ne faut donc pas surestimer la portée de leur influence, sur si l’avantage du prix est très net.

  3. Pour des raisons qui m’échappent, je ne peux répondre directement à vos commentaires. J’ajoute donc ce texte. Il n’est pas question de contester les 70 000 morts gi de la campagne européene des usa. Il s’agit de la situation géopolitique ou les européens ont investi une partie de leur budget dans le financement du f35, dont le futur semble remis en cause par les usa eux mêmes. Nier la volonté des usa de supprimer toute capacité occidentale compétitive contraire aux intérêts des industries militaires us ne me semble pas opportun.
    En réponse a la
    Précision. Je ne suis en aucun cas un supporter de l’URSS.
    Pertes américaines en Normandie (1944) :

    Total des pertes américaines durant la bataille de Normandie : environ 125 000 soldats tués, blessés ou portés disparus, dont environ 29 000 à 30 000 morts.

    Pertes soviétiques sur le front de l’Est :

    Les pertes soviétiques sur l’ensemble de la guerre, en particulier sur le front de l’Est contre l’Allemagne nazie, sont parmi les plus élevées de l’histoire militaire.

    Pertes militaires soviétiques :

    Environ 8,7 millions de soldats soviétiques sont morts pendant la guerre.

    Si l’on inclut les blessés et prisonniers, les pertes militaires totales dépassent les 11 millions.

    Pertes civiles soviétiques :

    Environ 17 à 20 millions de civils soviétiques ont péri en raison des combats, des massacres, des famines, et des déportations. Le siège de Leningrad, les exécutions de civils par les forces allemandes, et les souffrances causées par l’occupation sont des exemples des conditions tragiques qu’ont connues les populations soviétiques.

  4. Il ne s’agit pas de la peur de ne pas gagner, les dés sont pipés. Il faut empêcher les gagnants Nippons programmés de proclamer qu’ils sont meilleurs que nos productions. Point barre. Vous les prenez pour des amateurs? Le rafale devient pour eux un souci. Mdba, Thalès et tuti quantité. Ouvrez les yeux.

    • D’abord, je doute que cela humilie qui que ce soit. C’est le client, et il prendra simplement note du refus de Paris de participer, rien de plus. Quant aux 5 autres participants, ils seront juste ravis de ne plus avoir NG dans les pâtes.
      Ensuite, même si c’était le cas, quelle raison aurions-nous de vouloir humilier le Canada ? Nous appartenons nous-mêmes à ces clans, comme l’OTAN, l’Union européenne. Par deux fois, ils ont traversé l’Atlantique pour nous tirer d’affaire. Je ne vois aucune raison de traiter Ottawa avec une quelconque réserve, ni avec le moindre mépris, bien au contraire.
      Enfin, je suis certain qu’une telle position ne renforcerait la position de la France et de Naval Group dans strictement aucun pays. Bien au contraire, cela tendrait plutôt à donner une image désastreuse du pays et de sa façon de procéder, y compris avec ses alliés.

  5. 50 sous-marins en 2035:
    Avec un marché potentiel aussi vaste pour les sous-marins conventionnels, Naval Group dispose d’une opportunité précieuse de renforcer sa position sur le marché international. En se distanciant des contraintes des partenariats anglo-saxons et en proposant des solutions de défense innovantes et adaptées, l’entreprise peut non seulement répondre à la demande croissante, mais également renforcer son image en tant que partenaire fiable et indépendant. Un commentaire?

    • Je ne vois pas l’intérêt, à ce niveau de la compétition, de ne pas jouer sa carte pour Naval Group, d’autant qu’il est en position dominante. Si les choses ne se déroulent pas normalement, il aura toute latitude pour faire comme Dassault, et se retirer. Mais en l’état, il ne s’agit que de suppositions sans réel fondement, autre que « les canadiens sont proches des américains et les américains sont mechants avec nous« . Je vois mal NG passer à côté d’un marché de 50 Md$, sur une base aussi infime.
      Il faudra être vigilant, évidemment. Plus qu’ils ne l’ont été en Australie. Mais il ne faut pas être figé par la peur de ne pas gagner.

  6. Je pense qu’il n’y a que des coups à prendre. Les anglo saxons se feront un plaisir, quelqu’en soit le prix, d’humilier les francais et surtout d’en rejeter la technologie, d’autant plus menaçante qu’efficace. Un contrat japonnais est certainement la conclusion prévue par aukus. C’est faire preuve de naïveté que de croire que les Etats Unis vont laisser prospèrer les sm français. En tout cas, pas dans leur zone d’influence. Dassault avait plié les gaules avant de participer au concours de pêche. Je ne me souviens plus du nom de l’Australien qui a écrit un bouquin sur l’éjection de naval group, émettant l’hypothèse que l’objectif était de pirater la propulsion du barracuda. Pas certain qu’il ait raison, mais qu’on puisse émettre cet hypothèse montre que tous les coups sont permis.

  7. Article très intéressant, merci.
    Je me suis permis de retirer le critère prix qui, comme expliqué dans l’arcicle, peut être très largement influencé par une volonté politique.
    En ne considérant que les critères techniques, Naval group et TKMS seraient au coude-à-coude (avantage de 1 point pour Naval, avec ou sans pondération).
    Avec le soutien américain dans la balance, ce sera très serré..

    • C’est, en effet, un paramètre « variable », mais il est aussi déterminant. En l’occurrence, il peut influencer l’effort à produire pour un état pour ne srrait-ce que s’aligner. Et si la différence de prix était de 1,5 Md€ pour 4 sous-marins aux Pays-Bas, on imagine vite qu’il atteindrait 4,5 à 5 Md€ pour 12 navires, simplement pour s’aligner. Je ne vois pas un état justifier de telles dépenses dans ses finances publiques.

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