Après avoir presque doublé de 2022 à 2024, pour atteindre 10.400 milliards de roubles cette année, soit 112 Md$, le budget des armées russes s’apprête à croitre encore de manière très significative en 2025, selon le budget fédéral présenté cette semaine par Moscou.
Il s’agit, pour le Kremlin et le ministère de Défense, de poursuivre la transformation des armées russes en cours, ainsi que leur changement de format, et de financer la poursuite de l’opération spéciale militaire en Ukraine, de plus en plus couteuse.
Étonnement, en dépit d’un effort de défense représentant 6,3% du PIB prévu pour 2025, et 32,5 % du budget fédéral, celui-ci devrait rester sous contrôle, avec un déficit public de l’ordre de 0,5 % seulement, selon les informations officielles transmises.
Toutefois, des facteurs extérieurs pourraient bien, très prochainement, faire dérailler cette planification budgétaire, au point de mettre en péril les ambitions militaires de Vladimir Poutine, y compris en Ukraine. C’est en particulier le cas des changements qui s’opèrent, en ce moment, en Arabie Saoudite, concernant la production de pétrole brut.
Sommaire
Les dépenses de défense russes augmenteront de 25 % en 2025.
Dans les faits, le ministère des Armées russes recevra donc, en 2025, un budget de 13.500 milliards de roubles, soit 145 Md$, ce qui représente une hausse de plus de 25 % vis-à-vis du budget 2024.
À ce moment-là, les armées auront vu leur budget multiplié par 2,5 depuis le début du conflit, en février 2022. Cette hausse est cependant censée être la dernière, selon la planification budgétaire russe.
En effet, dans le cadre de la planification budgétaire 2025-2027, présentée conjointement, le budget 2026 devrait enregistrer une légère baisse, à 12.800 Md de roubles (137 Md$ au taux de change actuel), pour remonter à 13.000 Md de roubles (139 Md$ 2024), en 2027.
Quelques indications ont été données concernant certains programmes financés sur cette période de temps. Ainsi, 6.100 Md roubles (65 Md$) seront employés pour atteindre une position de leadership technologique, 234 Md roubles (2,5 Md$) pour acheter de nouvelles machines outils, 175 Md roubles (1,8 Md$) pour l’achat de composants électroniques et de semi-conducteurs, et 112 Md roubles (1,2 Md$), dans le domaine des drones et systèmes autonomes. Enfin, 46,9 Md roubles (520 m$) seront employés pour developper de nouvelles technologies nucléaires.
Au-delà de ces aspects technologiques, on note également 40 Md roubles consacrés au nouveau fonds des défenseurs de la mère patrie, qui accompagne les vétérans et leurs familles, et 14 Md roubles (150 m$), pour l’extension de la réserve mobilisable.
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Je tiens à faire remarquer que depuis le début de la guerre la Russie vend son pétrole bien en dessous des cours officiels du marché afin de contourner les sanctions internationales. Tous les experts font état d’un prix du baril russe autour de 40 dollars. Une baisse des cours actuels autour de 70 dollars le baril n’a donc aucune conséquence pour la Russie.
Si moscou vend son pétrole (et son gaz) a ce prix, aujourd’hui, c’est qu’il n’a pas le choix. De fait, une baisse des cours entrainera homothetiquement une baisse des prix de vente russe. Or, ceux-ci sont deja dangereusement pres des couts d’exploitation. S’ils venaient a devoir baisser, il ne resterait simplement plus aucune marge pour l’etat russe.
À 40 dollars le baril je ne vois pas en quoi une autre baisse serait automatique. C’est déjà la meilleure affaire possible pour l’acheteur.
Vous supposez que ce prix est « une fleur » faite par les russes à leurs acheteurs. Or, s’il est à ce prix, c’est que Moscou n’a pas le choix. C’est le prix facturé par Moscou, auxquels s’ajoutent de nombreux frais supplémentaires, pour permettre d’acheminer ces hydrocarbures en dehors des axes traditionnels, avec des risques de sanction occidentale, qui plus est. Si le prix de marché baisse, l’appétence pour cette offre sera nécessairement bien moindre, car les clients de la Russie devront continuer à payer ces surcouts, et prendre ces risques, pour un pétrole qui aura un prix final assez proche de celui des saoudiens, donc du marché mondial.
Donc Moscou aura deux choix : soit perdre des parts de marché importantes, soit tenter de baisser encore ses prix, ce qui sera très difficile, en raison des couts d’exploitation plus élevés en Sibérie que dans le désert moyen-oriental. Dans tous les cas, il en résultera une baisse significatives des recettes pour l’état russe, et le budget fédéral.
Si Moscou a produit autant d’efforts pour maintenir les cours du pétrole à ce niveau élevé, ce n’est certainement pas pour faire plaisir aux saoudiens, afin qu’ils vendent plus cher leur production…
Je n’ai jamais laissé entendre que c’était « une fleur »! D’où sortez vous cela ?
Ensuite vos explications ont beau avoir l’air savantes elles sont erronées et montrent que vous ne maîtrisez pas le fonctionnement du marché du pétrole. La Russie bénéficie d’une « flotte grise », de presque 600 pétroliers affrétés par des compagnies sans scrupules et pour la plupart occidentales naviguant, AIS déconnecté, sous pavillon de complaisance et économisant le montant des assurances. Contrairement à ce que vous affirmez les frais de transport ne sont pas plus élevés que pour la concurrence légale, bien au contraire. C’est tellement vrai que la Turquie, l’Inde et l’Azerbaidjan achètent du pétrole russe et nous le revende sous forme de diesel avec des marges énormes encore jamais constatées dans le secteur. Ce n’est donc pas prêt de s’arrêter quelque soient les spéculations de votre article. De plus une bonne partie du pétrole russe est exporté vers l’Asie ou à travers la Caspienne par gazoducs en direction de l’Inde, ce qui n’a donc que très peu d’influence sur le prix final. Depuis le début de la guerre et les sanctions occidentales les recettes pétrolières et gazières de la Russie ont augmenté de 83 milliards de dollars annuels. Vous oubliez de préciser que l’Arabie saoudite a un besoin urgent de faire rentrer des devises pour financer ses grands projets d’infrastructures à tel point que son projet emblématique « the Line » a été réduit de 80%. Elle ne laissera donc pas les cours aller sous 70 dollars bien longtemps. Concernant les Etats-Unis sont GNL exporté massivement vers l’Europe, depuis qu’il s’est substitué à celui provenant de Russie, à un prix de revient si élevé qu’il maintient artificiellement le prix moyen mondial du gaz bien au dessus du seuil de rentabilité du gaz russe.
Voilà, c’est des faits pas des suppositions et parfois il n’est pas honteux de reconnaître que l’on a pas toujours raison.
Le problème c’est qu’aujourd’hui existe un peu partout un biais cognitif qui voudrait que la Russie soit le diable et donc inconsciemment il faut toujours lui souhaiter le pire. Je ne suis pas sûr que ce soit un gage d’objectivité.
Dans ce cas, pourquoi le vendent ils à 40 $, et pas à 60 ou 80 $, ce qui représenterait déjà une immense plus-value pour ses clients ? Je ne suis pas un spécialiste du prix du pétrole, j’en conviens, mais je connais bien les russes. Et s’ils peuvent vendre plus chers, ils le font. S’ils ne le font pas, c’est qu’ils ne peuvent pas. Et s’ils ne peuvent pas, c’est en raison de facteurs externes, facteurs qui ont toutes les chances d’être influencés par la baisse des prix des cours mondiaux.
Il n’y a pas de biais, ici. Le problème de l’arrêt des « trois scénarios », est largement débattu dans la presse russe elle-même. Elle est baisée, elle aussi ?
Concernant l’Arabie Saoudite, d’autres spécialistes que vous, estiment au contraire que Ryad laissera baisser les prix, car il a besoin de protéger ses parts de marchés, contre l’arrivée de nouveaux acteurs, n’appartenant pas à l’OPEP, et produisant de plus en plus, à moindre prix, comme les Etats-Unis. Une telle ambition ne se satisferait certainement pas de quelques mesures d’ajustement transitoires, et nécessite une hausse de la production, pour entrainer une baisse des cours, soutenue dans la durée, précisément parce que le Royaume a besoin de davantage de recettes.
Dans tous les cas, tout indique que nous serons vite fixés. Si le déficit public russe explose en 2025, ce ne sera pas dû à une augmentation des dépenses, mais à un effondrement des recettes. Et si les cours mondiaux descendent à 70 $ ou moins, je suis certain que ce sera le cas.
Reconnaissez que jusqu’à présent, je ne me suis jamais trompé sur mes affirmations concernant l’évolution de la situation de ce conflit, et de la Russie. Nous verrons bien si, cette fois, sera mon premier échec dans le domaine ))
Ils vendent à des états non alignés qui prennent des risques de sanction Américaines en « blanchissant » cette production tout en margeant dessus raison de ce prix de vente de 40 $ le baril.
Si cette marge se réduit, ces intermédiaires n’auront plus aucun intérêt à mettre en péril leur politique extérieure pour satisfaire Poutine.