La construction des frégates de la classe Hunter vient de recevoir une seconde tranche de financements, annoncée par les autorités australiennes. Conformément aux recommandations de la Revue Stratégique 2024 australienne, ce programme, initialement de 9 navires pour 35 Md$, a été ramené à seulement 6 unités, alors qu’une nouvelle classe de 11 frégates polyvalentes, plus compactes et moins onéreuses, sera bientôt commandée pour parfaire la modernisation de la Royal Australian Navy.
La surprise, elle, vient du montant de cette seconde tranche, 19,87 Md$, après une première de 18,35 Md$, déjà investis, pour un budget total de 38,3 Md$, pour 6 navires seulement, contre 35 Md$ planifiés, mais pour neuf frégates.
Surtout, le prix de revient par navire, atteindra alors 6,4 Md$ australiens, soit 4 Md€, deux à quatre fois plus cher, que le prix moyen des frégates occidentales, y compris la classe Constellation de l’US Navy, pour des navires aux performances et caractéristiques très proches de celles des futures Hunter.
De telles dérives ont-elles déjà été constatées en Australie ? Et si oui, dans le cadre d’un problème non conjoncturel, et plus récurrent, comment expliquer de tels écarts de prix de revient, qui devraient pourtant alerter aussi bien la classe politique que l’opinion publique australienne ?
Sommaire
Les accusations de glissement budgétaire qui creusèrent la tombe des sous-marins Barracuda australiens de la classe Attack
On se souvient encore très bien, en France, des incessantes attaques de la presse australienne contre Naval Group, au sujet du programme SEA 1000 et de ses 12 sous-marins de la classe Attack.
À ce moment-là, nombre de tabloïds du pays, accusaient l’industriel français de ne pas maitriser le budget et le calendrier prévisionnel présenté initialement, passant sous silence, qu’entre temps, le nombre de navires était passé de 8 à 12, et que les chiffres avancés couvraient un périmètre très différent de celui initialement négocié.
Ces mises en causes répétées créèrent le contexte favorable qui permit au premier ministre Scott Morrison, de négocier en grand secret avec Washington et Londres, le programme SSN-AUKUS, et d’annoncer à une opinion publique cuite à point, l’annulation du contrat Barracuda, pour se tourner vers des sous-marins à propulsion nucléaire américano-britanniques.
L’analyse des données, concernant les accusations de glissement budgétaire contre Naval Group, montre, à posteriori, que l’industriel français avait, au contraire, produit de très importants efforts pour contenir cette dérive, au-delà de l’augmentation homothétique liée au changement de format, et que le budget prévisionnel présenté quelques jours seulement avant l’annulation unilatérale de Scott Morrison, correspondait bien aux engagements initiaux pris.
40 Md$ australiens pour une flotte de 6 frégates Type 26 de la classe Hunter pour la Royal Australian Navy
Ce fut également le cas d’un autre grand programme, destiné lui aussi à la Royal Australian Navy, et lancé peu de temps après le programme SEA-1000. Sur la base d’un rapport commandé à la Rand Corporation, et rendu en 2016, les autorités australiennes lancèrent un appel d’offres pour la construction locale de neuf frégates modernes, destinées à remplacer les frégates de la classe Anzac.
Le budget, alors cadré, était de 35 Md$ australiens, soit moins de 22 Md€, pour un prix par navire déjà plus que confortable de 2,45 Md€, soit le prix d’un destroyer américain de la classe Arleigh Burke.
C’est le britannique BAe système, avec la nouvelle frégate Type 26, récemment commandée par la Royal Navy, qui s’imposa face aux offres de Navantia (F-5000) et Fincantieri (FREMM Modifiée). Sa sélection fut annoncée en juin 2018. Le navire devait, entre autres, intégrer un nouveau radar AESA de conception nationale, le système de combat AEGIS américain, et une interface conçue par le Suédois Saab. Ce faisant, la classe Hunter devait être « un des navires de combat les plus performants de la planète« , selon les autorités australiennes.
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Merci pour l’analyse Fabrice. C’est assez attristant de voir l’Australie (qui reste un pays allié, malgré les relations un peu houleuses avec la France depuis l’affaire AUKUS) faire de tels choix en matière d’industrie de défense. Tellement d’argent du contribuable australien gaspillé… au seul profit des géants industriels anglo-saxons.
Dans la même veine, il serait intéressant de jeter un coup d’œil aux programmes d’armement navals canadiens de ces dernières années. Là aussi on a vu passer des acquisitions de navires aux coûts ahurissants et aux prix assez honteux…
Au Canada, ce qui m’interpelle le plus, si la différence entre les programmes et les effectifs des armées. Je ne vois pas du tout comment ils armeront leurs 12 sous-marins, 15 frégates et 18 patmar… Le Canada a choisi un avion qui plafonne à Mach 1.6, qui peine, dans les faits, à tenir le vol supersonique en palier, qui n’emporte que 4 missiles AMRAAM, et qui nécessite une très lourde maintenance, alors que son besoin exige exactement l’inverse, et qu’ils auraient du privilégier soit un intercepteur, comme le Typhoon, ou le F-15, soit un polyvalent hautes performances, comme le Gripen, le Super Hornet ou le Rafale.
Dans le même temps, l’armée de terre n’a même pas de canons de 155 mm autotractés ou de défense aérienne.
Tout ça ne tient strictement pas debout.
Mais bon, comme en Australie, apparemment, cela convient très bien aux canadiens.
Bah, si ça tourne vinaigre, ils commanderont à la France et dans tous les chantiers disponibles, en urgence, du matériel. On fabriquera, ils perdront leur pays et on aura des bateaux neufs à revendre à un autre pays. C’est ce qui s’est passé pour les avions que nous avions commandés aux USA et que nous n’avons pu réceptionner à cause de la débâcle. Les britanniques en ont profité.