Pour Naval Group, 2024 est d’ores-et-déjà une année exceptionnelle, en matière de contrats d’exportation. Le groupe français a, en effet, signé, coup sur coup, un contrat pour deux sous-marins Scorpene Evolved en Indonésie, puis un nouveau, pour quatre Blacksword Barracuda, aux Pays-Bas.
Ce faisant, Naval Group vient flirter avec les succès de 1967, avec deux contrats d’exportation de sous-marins sud-africains et pakistanais, pour la construction de, respectivement, 3 et 4 sous-marins classe Daphnée, et égaler les 6 sous-marins Scorpene classe Kalvari, commandés par New Delhi en 2005, dans le cadre du programme P75.
Mais 2024 pourrait bien passer du statut d’année exceptionnelle, à celui d’année historique. En effet, l’Argentine serait sur le point de lancer des négociations exclusives avec Naval Group, pour la commande de 3 sous-marins Scorpene, alors que les négociations avec New Delhi, au sujet des 3 sous-marins Scorpene supplémentaires évoqués en 2023, seraient sur le point d’aboutir.
Sommaire
La Marine argentine se rapproche encore davantage d’une commande de 3 sous-marins Scorpene
Depuis l’accident tragique du sous-marin San-Juan, perdu, avec 44 membres d’équipage à son bord, en novembre 2017, suite à une décompression explosive, la Marine argentine ne disposait plus que de deux sous-marins Type-209, acquis auprès de l’Allemagne fédérale en 1982.

Cet accident provoqua, par ailleurs, l’arrêt de la modernisation du Santa Cruz, son sister-ship, modernisation qui fut totalement abandonnée en 2020, laissant la Marine Argentine, sans sous-marin pour protéger ses 5000 km de côtes, et un plateau océanique de quelque 6,5 millions de km².
Si la Marine Argentine n’a cessé, depuis, de réclamer, au plus vite, de nouveaux sous-marins, la sévère crise économique et sociale dans le pays, entamée en 2001, et qui atteint son paroxysme en 2023, empêchait toute négociation dans ce domaine, au-delà des consultations.
L’élection du président ultralibéral et populiste, Javier Milei, à la tête du pays, en décembre 2023, permit cependant d’améliorer les données macro-économiques du pays, de façon aussi rapide que spectaculaire, permettant de mettre fin à une crise inflationniste hors de contrôle, et à reprendre la main sur les finances publiques, ramenées à l’équilibre en quelques mois, à l’aide de coupes franches dans les dépenses de l’État.
Cette amélioration permit à Buenos Aires, d’entamer la modernisation des forces aériennes argentines, avec l’acquisition de 24 F-16 A/B danois d’occasion, pour un peu plus de 300 m$, associée à un contrat d’entretien et d’assistance, auprès de Lockheed Martin, pour 400 m$.
Il y a quelques jours, Buenos Aires publia la liste des priorités concernant la modernisation de ses armées pour 2025. Outre l’entrée en service des F-16 danois, le document évoque l’achat de véhicules blindés 6×6 ou 8×8, et le remplacement des 6 avions de transport Fokker F-28 et des hélicoptères UH-1.

Pour la Marine Argentine, les deux priorités sont le remplacement des deux destroyers Type 42,dont un seul, le ARA Hercule, est encore en service, et, surtout, l’acquisition de trois nouveaux sous-marins, afin de retrouver cette capacité au plus vite. Deux modèles sont évoqués comme étant privilégiés par Buenos Aires, le Type-209 NG de l’Allemand TKMS, et le Scorpene du français Naval Group.
Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)
ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.
Je m’interroge sur l’ argument selon lequel Naval Group n’ aurait pas intérêt à développer un second site français, motif pris que l’ on ignore ce qui se passera dans une quinzaine d’ années. Or l’ article nous expose que Naval Group a le vent en poupe, que ces produits plaisent, que ses innovations technologiques le placent en position favorable.
La conclusion logique est , comme l’ on ne peut pas pousser les murs, d’ ouvrir un nouveau site et de former du personnel..
Sinon les délais proposés de livraison decourageront les prospects…
Ce secteur de l’ industrie française est efficace et prospére contrairement à bien d’ autres, dans un pays ou le processus de reindustrialisation semble bien long et peu couronné de succès. Il faut donc y investir pour le préserver.
Faire construire à l’ étranger par des partenaires ou sous licence revient à renoncer à une partie de la plus value dont notre cher et vieux pays a tant besoin dans cette période troublée.
Les actionnaires de Naval Group, l’ État et Thales, sont bien places pour réaliser des investissement productifs et rentables.
De toute façon, nombreux sont ceux – et vous en faites partie- qui pensent que le nombre de SNA et de SNLE est insuffisant et qu’ il convient en plus de faire acquérir par la Marine Nationale des sous-marins conventionnels pour faciliter les exportations de Naval Group…donc dans quinze ans, le second chantier ne manquera pas d’ activité ..
Ce raisonnement s’ applique aussi à Dassault car il ne sera pas possible de pousser les murs de
l’ usine de Mérignac: l’ augmentation de la production de Rafale n’ est pas qu’ un problème de mise en ordre des sous- traitants. Même en gérant prudemment le carnet de commande, le problème sera celui du calendrier de livraison dans un monde ou les tensions géopolitiques vont s’ accentuant.Les prospects voudront des Rafale mais, comme les Grecs récemment, ne pourront pas attendre: d’ ou la nécessité de produire plus et surtout vite…
Pour se redresser, notre pays et notre industrie doivent investir dans leurs points forts: Naval Group, Dassault, KNDS France et son Caesar…
Ce n’est pas tant une question de confiance que de temporalité. En ce moment, il existe une bulle avec plus d’une cinquantaine de sous-marins conventionnels à remplacer sur le marché international. La bulle va durer une quinzaine d’années, vingt ans max, et se terminera donc quand nous livrerons les derniers SNLE 3G.
Or, à ce moment-là, il n’y aura presque plus de demandes internationales, parce que, justement, la plupart des besoins auront été traités par l’apurement de cette bulle. En outre, le marché sera excessivement concurrentiel, avec l’arrivée de la Corée du Sud, de la Turquie et de la Chine, tous trois sponsorisant considérablement leurs offres par des crédits nationaux.
Donc, même en étant très confiant, on ne pourra pas alimenter, à partir de 2040, un second site industriel destiné aux sous-marins en France, d’autant qu’il faudra encore atteindre au moins 10 ans, pour commencer à remplacer les Suffren.
Or, Naval Group est une entreprise publique, ce qui veut dire qu’elle ne fait pas ce qu’elle veut avec sa masse salariale. idem pour Dassault d’ailleurs, avec des accords de branches très favorables pour les salariés.
Dans ce contexte, il est largement préférable de déporter l’assemblage sur d’autres sites, à la législation plus souple, dont la construction aura été sponsorisée par d’autres, tout en gardant une majeure partie des revenus, car ce n’est pas l’assemblage qui coute le plus cher dans un navire, ce sont les systèmes embarqués, qui, eux, resteront en France.
Le problème est effectivement un peu similaire pour Dassault, alors que beaucoup de pays auront renouvelé leurs flottes de chasse d’ici à 2040, ce qui va entrainer une baisse des besoins mondiaux adressables, pendant les 10 ou 15 ans suivants. Mais il s’agit, précisément, de la période choisie pour l’activité industrielle nationale et européenne du SCAF. Donc, pour l’instant tout du moins, c’est lissé. En revanche, aucun intérêt de lancer une seconde ligne en France. Utiliser une éventuelle ligne en Inde, ou en Arabie saoudite, aurait beaucoup plus de pertinences, et énormément moins de risques, pour Dassault, et une partie de la BITD aéronautique française.
Depuis le début, je pense que la conclusion canadienne sera japonaise. NG n’a rien à attendre de ce marché pipé. Pas de temps ni d’énergie à dépenser dans une galère annoncée.