Le nouveau premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, n’est en fonction que depuis trois semaines. Toutefois, même s’il est issu du Parti libéral-Démocrate, ou Jiminto, qui dirige le pays depuis 2012, l’homme porte des positions propres, sur de nombreux aspects, en particulier sur les questions de Défense.
Ainsi, dès son discours d’investiture, celui-ci a appelé à la création d’une alliance militaire nucléaire, dans le Pacifique, calquée sur l’OTAN en Europe, rompant avec la tradition antinucléaire et pacifique du pays, qui ne dispose pas même d’une armée, mais d’une force d’autodéfense.
Allant encore plus loin, Shigeru Ishiba a même évoqué, pour le Japon, la possibilité de participé à une dissuasion partagée, sur le modèle de certains pays de l’OTAN, ce qui s’apparente davantage à une révolution, pour la culture politique nippone moderne, qu’à une évolution, comme observée dans d’autres pays. Pour autant, ces ouvertures audacieuses, du nouveau chef d’État japonais, ont bien peu de chances de trouver un écho favorable, auprès de Washington.
Sommaire
Le Japon face à un défi sécuritaire sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale
Il est vrai que le Japon a suivi une trajectoire assez éloignée de celle de l’Allemagne ou d’autres pays européens, vaincus lors de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, alors que la République Fédérale d’Allemagne récupéra rapidement un gouvernement fonctionnel, dès 1949, alors qu’il fallut attendre 1952 pour que le Japon fasse de même.
En outre, si la constitution allemande était de conception allemande, celle du Japon a été rédigée directement par les forces d’occupation américaines, sous le contrôle du général mac Arthur. De fait, les forces militaires du pays, ne sont pas des armées, mais des forces d’autodéfense, intégrées à un dispositif défensif qui demeure, aujourd’hui encore, en partie sous le contrôle des forces américaines toujours déployées dans le pays.
Il n’y eut rien d’étonnant, de ce fait, lorsque Tokyo confirma la commande de 142 F-35 A et B, auprès des États-Unis, peu de temps seulement après que Donald Trump, alors locataire de la Maison-Blanche, exigea que le Japon corrige la balance commerciale très déséquilibrée, entre les deux pays, en 2019.
Depuis cet épisode, cependant, la situation sécuritaire du pays a considérablement évolué, avec l’expansion rapide des armées chinoises, dotées d’équipements de plus modernes et performants, une Russie de plus en plus démonstrative, militairement parlant, sur ce théâtre, et une Corée du Nord, qui multiplie les démonstrations de forces, en particulier dans le domaine des missiles balistiques MRBM et IRBM, susceptibles d’atteindre le territoire japonais.
Ainsi, après avoir été relativement préservé durant toute la guerre froide, et après avoir été aux premières loges pour profiter de l’émergence des dragons asiatiques, le Japon est, aujourd’hui, en plein cœur d’une des zones géopolitiquement la plus instable de la planète, avec une jambe dans les tensions coréennes, une autre dans les tensions sino-américaines autour de Taipan, et avec des différends de frontières, avec la Russie.
Le Japon sous la triple menace nucléaire de la Chine, de la Russie et de la Corée du Nord
Même si le Japon ne dispose que d’une force d’autodéfense, et non d’une véritable armée, le pays est un des mieux protégés de la région. Ainsi, les forces d’autodéfense japonaises disposent d’une force d’active de près de 250.000 hommes et femmes, et de près de 60.000 réservistes opérationnels, soit davantage que la plus imposante armée européenne, l’armée française.
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