samedi, décembre 14, 2024

La France va développer une munition antiradiation pour le Rafale dès 2025, enfin !

Après le retrait des derniers Jaguar équipés de la munition antiradiation AS37 Martel, à la fin des années 90, les forces aériennes françaises ne disposent plus d’aucune munition dédiée à la destruction des radars adverses.

Ce besoin a été, à de nombreuses reprises, mis en avant, par les spécialistes du sujet, et par les forces aériennes françaises elles-mêmes, même si ces dernières ont pu s’appuyer sur des solutions alternatives, comme les bombes guidées ou les missiles de croisière, ponctuellement. Pour autant, jamais le développement de ce type de munition, conçue pour éliminer les radars des défenses aériennes, n’a été intégrée à la planification militaire française, longtemps presque exclusivement conditionnée par des engagements asymétriques, pour lesquels le besoin n’existait pas.

La guerre en Ukraine, et la neutralisation réciproque et presque totale des forces aériennes, par les défenses aériennes russes et ukrainiennes, a sonné comme un cruel rappel à l’ordre, pour le ministère des Armées : Si les forces aériennes veulent pouvoir appuyer leurs forces terrestres et navales, elles doivent à présent disposer des munitions antiradars nécessaires.

C’est précisément le développement de cette munition, baptisée AASF, qui vient d’être annoncée par ce même ministère des Armées qui jugeait ce besoin inutile, il y a tout juste trois ans, pour armer le futur Rafale F5, et son drone de combat Loyal Wingmen.

Munition antiradiation pour le Rafale : un besoin identifié de longue date

Contrairement à une munition air-sol de précision classique, qui remonte un faisceau laser, qui frappe des coordonnées précises à l’aide d’un guidage satellite, ou, dans de plus rares cas, qui dispose d’un autodirecteur radar ou infrarouge, une munition antiradiation, est conçue pour remonter le faisceau électromagnétique d’un radar, pour venir le détruire.

munition antiradiation HARM Growler
L’AE-18G Growler de l’US Navy est aujourd’hui le seul avion de combat de guerre électronique moderne, en service dans les fores aériennes occidentales.

En occident, c’est le missile AGM-88 HARM américain, qui est le plus souvent utilisé pour cette mission. D’une portée de 150 km, celui-ci peut être lancé par l’avion porteur, pour pister un faisceau radar, et aller le détruire, à l’aide d’une charge explosive guidée de presque 70 kg. Le HARM équipe aujourd’hui huit forces aériennes de l’OTAN, dont l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Pologne.

Le missile britannique ALARM, conçu par MBDA, est une alternative plus légère au HARM, en service uniquement au Royaume-Uni, et en Arabie Saoudite. La France, elle, employait pour cette mission le missile AS37 Martel, jusqu’à la fin des années 90. Loin d’égaler les HARM et ALARM beaucoup plus modernes, il était cependant capable de remonter un faisceau radar sur une centaine de kilomètres, pour éliminer, principalement, les imposants radars de surveillance soviétiques.

Le retrait du Jaguar a entrainé le retrait de l’AS37, et avec eux, de la compétence antiradar pour les forces aériennes françaises. À ce moment-là, la France estimait que le Rafale, son système d’autoprotection SPECTRA, et ses munitions de précision à guidage laser, puis GPS, seront suffisants pour neutraliser les quelques menaces de ce type qui pouvaient émerger, alors que le pays était fermement ancré dans la période des bénéfices de la paix, et la réduction des crédits de défense qu’elle entrainait.

En 2021, Meta-defense publiait, à ce sujet, un article appelant à la conception d’un Rafale dédié aux missions de suppression des défenses aériennes adverses, ou SEAD, ainsi que d’une munition antiradiation dédiée, sur la base de l’évolution rapide des moyens de défense aérienne et de déni accès, spécialement en Russie et en Chine.

Député J.C. Lagarde assemblée nationale
L’ancien député de Seine-saint-denis J.C. Lagarde, avait interrogé en 2021, le ministère des armées sur la pertinence de developper un Rafale de guerre léectronique et un missile antiradiaition.

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5 Commentaires

  1. Le bouclier et l’épée, j’ai vraiment peu de confiance dans les déclarations qu’on lit çà et là sur cette solution SEAD /DEAD à base de AASM. C’est très clairement un retour en arrière de 30 ans, là où l’US Navy aura l’AGM-88G (AARGM-ER), mach4, 300km de portée, des pods AN/ALQ-249 et des missiles ADM-160 ou de drones on envisage sérieusement d’envoyer des rafales avec des bombes?

  2. Une question de néophyte…
    Le futur radar du F5 avec cellules au nitrate de gallium, qui devrait intégrer des fonctions de brouillage, ainsi que les capteurs et antennes additionnelles, intégrés à la surface de l’appareil, ne pourraient-ils pas être de parfaits substituts au développement d’un pod de brouillage, appendice peu aérodynamique et dégradant la RCS ?

    • Pas vraiment. Pour plusieurs raisons : la bande de fréquence étroite du radar ne permet de brouiller qu’un petit nombre de radars ; le radar RBE-2 est jusqu’à preuve du contraire, à antenne fixe, alors que les pods permettent de brouiller à 360° ; les pods de brouillage ont aussi des antennes et des formes d’ondes permettant un brouillage beaucoup plus étendu qu’un radar employé à cette fonction ; enfin, utiliser le radar pour faire du brouillage, c’est reduire sensiblement ses propres capacités de détection, sachant qu’un brouilleur est un phare electromagnétique pour attirer les avions et systèmes de détection adverse.

  3. Bonjour, petite erreur « qui resteront en service jusqu’en 2025 », ce n’est pas 2035 plutôt surtout avec leur rénovation a mi vie?
    Une bonne chose d’avoir ce nouveau vecteur, qui renforce encore l’attractivité et l’efficience du rafale.
    Bien cordialement

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