samedi, décembre 14, 2024

SSN AUKUS : un programme perdant-perdant pour l’US Navy, selon le Congressional Research Service

Au-delà du ressentiment qu’il a généré en France, après l’annulation du contrat SEA 1000, le programme SSN AUKUS, au cœur du premier pilier de l’alliance AUKUS qui rassemble l’Australie, la Grande-Bretagne et les États-Unis, fait l’objet de nombreuses interrogations, en particulier en Australie et aux États-Unis, depuis son lancement.

C’est notamment le cas au sein du Congrès américain, dont plusieurs membres influents des commissions Défense sénatoriales et de la Chambre des Représentants, ont émis certains doutes concernant la soutenabilité ou l’efficacité de ce programme, en particulier dans la période de tension actuelle.

C’est dans ce contexte que le Congressional Research Service, l’un des deux organismes indépendants d’audit et de validation, du Congrès américain, vient de publier un rapport pour le moins critique sur ce programme SSN-AUKUS, ses modalités, et la manière dont il a été négocié, annoncé puis validé.

Le programme SSN AUKUS interroge de plus en plus, par ses couts et sa planification.

Depuis son annonce initiale, en 2021, par Joe Biden, Boris Johnson et Scott Morrison, le programme SSN AUKUS, qui doit permettre d’équiper la Royal Australian Navy de huit sous-marins nucléaires d’attaque, ou SSN, a suscité de nombreuses interrogations, de la part des parlementaires américains.

SSN AUKUS Johnson Morrison Biden
Boris Johnson, Scott Morrison et Joe Biden, les trois architectes du programme AUKUS

Ainsi, en 2023, deux rapports d’organismes indépendants liés au Congrès, avaient posé plusieurs questions, restées sans réponse, sur le programme SSN AUKUS, sa soutenabilité et sa Genèse. Le premier, produit par le Congress Budget office, ou CBO, portait sur la soutenabilité du plan industriel de l’US Navy pour les années à venir, et notamment sur les couts, et surcouts, engendrés par la production des 3 à 5 SSN classe Virginia supplémentaires pour remplacer autant de navires vendus à l’Australie.

Le second rapport, rédigé cette fois par le Congressional Research Service, ou CRS, mettait en doute l’engagement de l’US Navy de porter la production de SSN jusqu’à 2,33 navires par an, d’ici à 2030, seuil tracé par le Congrès, pour permettre la vente des SSN Virginia américain à l’Australie de 2032 à 2036.

En dépit de ces remises en question provenant d’organismes indépendants du Congrès, le programme SSN AUKUS a continué sur la même trajectoire qu’initialement annoncé, les exécutifs des trois pays concernés, s’étant à nouveau engagés à lui donner corps, selon le calendrier promis.

Le Congressional Research Service publie un rapport au vitriol sur le programme SSN AUKUS

Un an plus tard, c’est à nouveau le CRS qui passe à l’offensive dans ce dossier, avec la publication d’une nouvelle mise à jour de son document de synthèse portant sur la production de SSN classe Virginia, sur le premier pilier de l’alliance AUKUS, et sur le programme SSN AUKUS.

SSn Virginia construction
la construction de SSN Virginia est passée de 2 par an, en 2017, à 1,2 par an, aujourd’hui, en raison de l’ajout des VLS et de la crise Covid.

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Pour Aller plus loin

15 Commentaires

  1. Voici la conclusion d’un développement trouvé sur internet sur l’incidence de l’action de Trump dans l’aukus.
    « En somme, l’avenir de l’AUKUS sous l’administration Trump reste incertain. Si des intérêts communs sur la sécurité dans la région Indo-Pacifique pourraient maintenir l’accord, les tendances unilatéralistes et imprévisibles de Trump pourraient entraîner des changements significatifs, voire un désengagement partiel ou total des États-Unis du partenariat stratégique. Cela affaiblirait non seulement AUKUS, mais également les efforts occidentaux pour contrer l’influence croissante de la Chine dans cette région clé »
    Qu’en pensez vous. Cordialement.

    • je suis d’accord avec vous Trump est imprvisible et il peut très bien annuler la vente des sna américains d’occasion et laisser les anglais s’arranger avec les australiens pour la suite. dans l’histoire les C…s seront bien sur les australiens qui verront peut être leur premier sous marin vers 2045 ou pas…
      bon nous entre temps nos sous marins on les vend bien par 1/2 douzaine et fabriqués à la maison.

    • Cela aurait pu être le cas en 2021. D’ailleurs, Naval Group avait une proposition en ce sens à l’Australie. Mais elle avait été rejetée.
      Politiquement parlant, un tel changement de cap serait incompréhensible, de la part des australiens eux-mêmes, et inadmissible de la part des Etats-Unis.
      Oui, il y a des australiens lucides qui voient le problème de SSN-AUKUS, et l’anticipent. Mais ce type d’annonce, n’a d’objet que de générer le buzz. Ce n’est pas sérieux.

  2. Ce dossier d’analyse américain vient confirmer toutes les critiques établies par Fabrice Wolff depuis des années.
    On peut féliciter Fabrice, mais j’aimerais surtout féliciter le pragmatisme américain. Rare sont les pays où l’on ose ainsi tirer les vraies leçons d’une décision hâtive.

    Maintenant, entre ça et le NGAD, les programmes d’équipement majeur américains deviennent tous illisibles au moment crucial où il faudrait relancer les chaînes de production. Ça peut devenir dramatique…

    • Ce n’est clairement pas leur priorité pour les 2/3 années à venir. Les armées US se concentrent, aujourd’hui, sur l’amélioration de la disponibilité des équipements, de l’entraînement des forces, du durcissement des infrastructures, et la modernisation de l’industrie de défense. On voit, dans les priorités du budget FY2025, qu’ils prennent très au sérieux le risque sur 2027/2028.
      Cela dit, il est vrai que les États-Unis, et spécialement le Congrès, disposent d’une liberté d’investigation et de publication, que l’on peut leur envier, sur les questions de défense.

  3. Réponse à Fabrice. Encore faudrait il que les britanniques résolvent les problèmes qui mettent leurs sm à quai avant de développer un programme de construction avec les Australiens qui ne les aideront en rien par une expérience absente dans ce domaine. Bojo n’est en rien une garantie pour une opération gagnante. Cordialement.

  4. Franchement à ce niveau là, je ne serais pas surpris d’apprendre dans quelques années que tout cela est le résultat d’un plan d’influence rondement mené par les Chinois. Cela leur aurait permis d’affaiblir les USA et l’Australie de manière importante et efficace à la fois d’un point de vue opérationnel, industriel, et diplomatique pour le ressentiment créé avec la France.
    Bien sûr je n’ai rien pour étayer ça, c’est juste une supposition personnelle.
    Peut-être que dans le futur on retiendra cette affaire comme l’explication d’une défaite américaine quelques années plus tard à Taiwan (à tort, puisque l’histoire n’est pas monocausale, mais qu’on aime bien avoir des dates repères précises)

  5. Je conviens qu’ il faille aller  » au- delà du ressentiment » et réfléchir avec froideur et pragmatisme, sans  » biais » , à la réalité d’ une situation géopolitique donnée.

    Mais ce serait une erreur de ne voir dans le ressentiment qu’une simple bouderie ou l’expression exacerbée d’ un orgueil national froissé.

    Je me permets de recommander la lecture de l’ouvrage de l’ historien Marc Ferro, titré  » Le ressentiment dans l’ Histoire » qui montre à quel point le ressentiment, notamment entre la France et l’Allemagne, ou la France et le Royaume-Uni, ou la France et l’ Algérie , est un facteur explicatif majeur des événements historiques sur un temps long.

    L’  » affaire australienne  » n’ est pas une difficulté commerciale ou contractuelle mais le révélateur de la vision qu’ont les Anglo- saxons de la France et des comportements qu’ il convient d’adopter à son égard, là encore sur le temps long.

    Les USA, le Royaume-Uni et l’Australie ont montré ce que les membres du Club des Cinq peuvent faire à ( contre) un  » ami » et un  » allié »

    Inutile de compter sur eux en cas de conflit

    Seule la  » spécificité  » de l’exécutif en fonction à l’époque a conduit à atténuer ,à ignorer, à euphemiser la gravité des actes commis contre la France.

    Il est bien évident que Naval Group n’ ira pas gaspiller des ressources humaines rares et coûteuses dans une pseudo – négociation au Canada dont les résultats ont déjà été décidé à Washington

    N’ ajoutons pas le ridicule au manque de dignité : quelques postes au sein de l’Otan ne justifient pas que l’on brade l’âme d’une nation millénaire..

  6. Il semble convenu que les SNA britanniques devraient être construits en Australie. Naval Group avait « osé » émettre des doutes sur la capacité de disposer d’un réseau de sous-traitants Australiens aptes à collaborer dans la construction de la classe Attack, ce qui avait créé polémique. Cette polémique, plus celle qui semble couver sur la construction des frégates Hunter en Australie, plus celle qui semblerait aussi couver sur leur nouveau patrouilleur Arafura, construit en Australie…. Les Australiens ont ils réellement encore des compétences dans la construction de bâtiment de guerre? La construction en Australie de SNA, même de conception purement britannique, ne serait il pas projet un peu exagéré?

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