On le sait depuis plusieurs années, le programme SSN-AUKUS, qui doit permettre à la Marine australienne de s’équiper de sous-marins nucléaires d’attaque, s’avère, en bien des aspects, une structure bancale. Jusqu’à présent, toutefois, c’était avant tout les difficultés rencontrées par l’industrie navale américaine, qui doit livrer 3 à 5 SSN classe Virginia à la Royal Australian Navy, de 2034 à 2037, qui focalisaient les inquiétudes.
En effet, de nombreux rapports, émanant notamment des organes d’audit du Congrès des États-Unis, ont émis des doutes quant à la possibilité, pour l’industrie US, de livrer conjointement un SSBN classe Columbia, et les 2,3 SSN classe Virginia, à partir de 2030, nécessaires pour que le Congrès autorise la vente des navires nucléaires à Canberra.
Mais un autre problème est à l’œuvre dans ce dossier, et cette fois, il est du côté australien. La presse australienne vient de révéler que la Royal Australian Navy ne disposait, aujourd’hui, que d’un unique sous-marin classe Collins opérationnel. Pire encore, selon plusieurs experts, il serait illusoire d’espérer que ces navires puissent être prolongés jusqu’en 2035, et au-delà, pour faire la jonction avec l’hypothétique livraison des SSN classe Virginia américains.
Sommaire
Un seul sous-marin Collins de la Marine australienne opérationnel selon la presse australienne
La presse australienne vient de révéler une information des plus inquiétantes concernant la disponibilité de la flotte sous-marine de la Royal Australian Navy. En effet, selon les informations obtenues, cinq des six sous-marins de la classe Collins, seraient actuellement incapables de prendre la mer, ne laissant qu’un unique navire disponible pour protéger les quelque 25 760 km de côtes australiennes et les 8,16 millions de km² de sa Zone économique exclusive, situés sur le théâtre naval le plus actif de la planète.
Plusieurs facteurs expliquent cette disponibilité catastrophique de la flotte sous-marine australienne. En particulier, les chantiers navals Osborne d’Adélaïde, qui accueillent deux de ces navires pour une période de maintenance et de modernisation, font face à une importante grève, bloquant le processus.
Mais le fond du problème, lui, concerne l’apparition récemment constatée de sérieux problèmes de corrosion sur l’ensemble des 6 coques conçues par le suédois Kockums, construites par les chantiers navals australiens et entrées en service de 1993 à 2003.
Interrogés directement par les journalistes australiens, les autorités ont répondu dans le plus pur style de la langue de bois politique, affirmant que la disponibilité des sous-marins australiens était conforme à la planification établie, et que la Royal Australian Navy disposait bien du nombre de navires nécessaires pour assurer ses missions, le cas échéant. Ce qui, en soi, n’infirme, ni ne confirme les allégations de la presse australienne.
Et d’ajouter « Pour des raisons de sécurité opérationnelle, la défense ne confirme pas les emplacements précis et les disponibilités de plates-formes spécifiques« , un paravent fort pratique pour couper court à un sujet fort embarrassant pour le gouvernement Albanese qui, s’il n’est pas à l’origine du programme SSN-AUKUS, ne l’a absolument pas remis en cause à son arrivée au pouvoir, en 2022.
Plusieurs experts australiens jugent irréaliste de prolonger les sous-marins Collins jusqu’à l’arrivée des Virginia et des SSN-AUKUS
L’apparition de ces problèmes de corrosion semble avoir délié les langues de certains experts australiens, mettant en doute la possibilité, pour les Collins, d’être prolongés jusqu’au-delà de 2036, afin de permettre le recoupement opérationnel avec l’arrivée des trois premiers SSN de classe Virginia, que les États-Unis doivent vendre à l’Australie, dans le cadre du programme SSN-AUKUS.
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il parait maintenant évident que la décision des Australiens de dénoncer unilatéralement le contrat avec la France, et de rentrer dans l’accord Aukus avec les US et la Grande Bretagne, est une décision perdant perdant. D’une part les Australiens n’auront plus de force sous marine avant bien longtemps 2040-2050, et d’autre part les US se sont privés par ricochet de sous-marin conventionnels très performants capables de s’opposer efficacement aux Chinois en cas de conflit dans le Pacifique.
Oui, c’est vrai. Fâcheux pour nous aussi par ricochet…
Et il faudra peut-être faire entrer dans cette équation déjà bien funeste pour la sous marinade australienne l’incendie survenu cette semaine en Grande-Bretagne dans le chantier naval de BAE System à Barrow-in-Furness, celui-là même qui construit en entretient les sous-marins nucléaires britanniques : -entretien/construction des SNA de type Astute dont le 6° vient d’être lancé alors que le 7° -et dernier- est en phase d’assemblage;
-entretien des SNLE de type Vanguard, conception et construction de la nouvelle génération de SNLE de la classe Dreadnought.
Le risque est un décalage du planning de construction des sous-marins britanniques, impactant ensuite le planning du nouveau SNA qui doit conçu par les britanniques pour eux-mêmes et les australiens dans le cadre du programme AUKUS.
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