NON ! La dissuasion ne se partage pas.
C’est sans doute, en substance, la réponse qu’une majorité de lecteurs aura en tête, en abordant cet article, et encore davantage ceux qui se limiteront au titre. Pour autant, le sujet a été évoqué, très directement, par l’ancien commissaire européen Thierry Breton, interrogé le 7 novembre sur LCI à ce sujet.
Il est certainement nécessaire, au-delà des réactions épidermiques qu’une telle déclaration peut déclencher, de s’interroger sur les raisons ayant amené Thierry Breton, très au fait des questions européennes, à faire une telle affirmation, et la manière dont la France, et peut-être la Grande-Bretagne, pourraient se substituer au bouclier nucléaire américain en Europe, le cas échant.
Sommaire
Les Européens s’inquiètent d’un changement de posture des États-Unis vis-à-vis de l’OTAN et du bouclier nucléaire américain en Europe, avec l’élection de Donald Trump
Depuis que, dans la nuit du 5 au 6 novembre, la victoire de Donald Trump et du Parti républicain, s’est avérée aussi inévitable et incontestable, un certain vent de panique s’est levé dans les chancelleries européennes.
En dehors du hongrois Viktor Orban, poursuivant un agenda qui lui est propre, tous, en Europe, ont ressenti une profonde inquiétude, concernant les différentes déclarations faites par le candidat Trump, lors de la campagne présidentielle.
Celui-ci a, en effet, à plusieurs reprises, menacé de retirer la protection offerte par les États-Unis aux pays qui « ne paierait pas leur dû« , pour assurer leur propre défense. Plus tard, celui-ci fixa à un effort de défense de 3% du PIB, ce qu’il estimait être le « dû », alors que seuls quatre pays européens, la Pologne, l’Estonie, la Lettonie, et la Grèce, respectent déjà cet objectif, et que cinq membres de l’OTAN (Espagne, Slovénie, Luxembourg, Belgique, Canada et Italie), sont encore sous la barre des 1,5%.
Outre les menaces sur la protection US des Européens, le discours tenu par le nouveau Président élu américain, pendant la campagne, laisse anticiper un arrêt de l’aide américaine à l’Ukraine, pour forcer Kyiv à négocier avec Moscou, sur la base des gains territoriaux actuels des armées russes, ce qui constituerait une immense victoire de fait du Kremlin dans ce conflit.
L’efficacité de ce bouclier américain est d’ores et déjà considérablement affaiblie par les déclarations du nouveau président américain.
Or, au-delà du possible retrait des forces américaines de certains pays d’Europe, lié à des dépenses de défense jugées insuffisantes par le président, ces mises en causes répétées de l’engagement des États-Unis vis-à-vis de l’OTAN et de ses alliés européens, ainsi que l’abandon probable de l’Ukraine par Washington, alors que le pays est tenu, par le Memorandum de Budapest, de protéger l’intégrité territoriale du pays, constituent d’ores-et-déjà un affaiblissement considérable de l’efficacité de la posture de dissuasion de l’OTAN, spécialement vis-à-vis de la Russie.
Ainsi, pour Moscou, il apparaît que l’engagement perçu de Washington, pour protéger ses alliés, s’avère, en réalité, avant tout transactionnel, ce qui signifie que la Russie peut avoir certaines options, elles aussi transactionnelles, pour amener les États-Unis à se désengager, comme en Ukraine, laissant libre cours aux appétits territoriaux du Kremlin.
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Restera le principe du partage du cout!?Aujourd’hui l Allemagne ou l ‘Italie investissent la globalité de leur budget dans leur armement conventionnel, alors que nous devons investir une bonne part de notre budget pour l’armement nucleaire (Sous-marins SNLE, Rafales dédiés) , plus maintenance des armes opérationnelles
C’est, en effet, un sujet. Disons que l’article se concentre sur le traitement de l’urgence. Après quoi, on aura le temps (et une position relativement avantageuse), pour négocier, par exemple, l’exclusion de l’investissement dissuasion, du déficit budgétaire. Gardons a l’esprit que les Etats-Unis ne demandent, officiellement, rien aux membres de l’OTAN, pour être « protégés ».
Si elle sert le destin de la France, bien sur qu’elle se partage. On doit a tout prix s’imposer comme le leader de l’Europe au détriment des casques a pointes.
Le général…………toujours le général ……….ne jamais oublier le général.
bonjour, je ne suis absolument pas un défenseur de trump et si j’étais Américain je n’aurai surement pas voté pour lui. ceci dit quand il dit que les Européens ne payant pas assez pour leur défense, je suis d’accord avec lui !
le général de Gaulle avait dès les années 60 repris les rênes de notre défense et nous avons injectés des centaines de milliards dans celle ci. aujourd’hui nous sommes capables de tenir la dragée haute à n’importe qui. ceci dit le partage oui pourquoi pas et les euopéens seront ils d’accords de partager les sommes investies par notre pays dans cette dissuasion ? certains pays que je ne citerai pas nous font la morale sur nos déficits mais j’aimerai savoir s’il y a un calcul de ce que notre dissuasion nous a couté depuis 60 ans. aprés on luer demandera de partager au prorata du nombre d’habitants de chaque pays. de toute façon les allemands ne seront jamais d’accord de passer sous le parapluie français et anglais. donc on peut toujours jaser la dessus …
Vous aviez lu cet article ? https://meta-defense.fr/2023/12/08/politique-defense-de-d-trump-pour-2024/
oui merci, mais une piqure de rappel ne fait pas de mal.
ce srait bien que nos instances dirigeantes le lisent aussi au cas ou ils ne seraient pas informés…
La dissuasion ne se partage pas. Oui. Ne serait-ce parce que les intérêts vitaux de la France vont au-delà du territoire européen (c’est tout aussi vrai pour les Britanniques).
Plus exactement, la « décision de l’exercice de la dissuasion » ne se partage pas. C’est un élément clair et distinct de la souveraineté de l’état français (Raison pour laquelle une dissuasion européenne a fort peu de chance d’émerger).
Par contre, la notion de dissuasion élargie au territoire européen (elle l’est de facto bien que les contours soient volontairement flous) ou de « réassurance » sous la forme de la double-clé sur le modèle US pourrait être envisagé comme substitut (ou en complément ?) au parapluie américain. Au-delà de la question politique (et du message adressé au Américains), il reste la question technique et épineuse des porteurs (avions / effecteurs), de leur financement, etc. Il faut être aussi clair sur un point : la dissuasion nucléaire repose aussi sur une dissuasion conventionnelle, les deux fonctionnent ensemble.
les deux aspects sont complémentaires (dissuasion nucléaire et conventionnelle) sont complémentaires, pour autant, ils ne sont pas égaux. Tout simplement par le fait que seuls deux pays, en Europe, disposent d’une dissuasion nucléaire, et que l’arme nucléaire surclasse sans coup férir, les armes conventionnelles, lorsqu’elles ne sont pas neutralisées par la dissuasion. Or, aujourd’hui, si les Européens, hors FR/Uk, peuvent espérer tenir tête du point de vue conventionnel, à la Russie, sans dissuasion, c’est quasiment peine perdue.
Et si l’Ukraine résiste encore, c’est d’abord et avant tout parce que les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Chine, ont menacé directement Moscou, si l’arme nucléaire venait à être utilisée en Ukraine.
Du coup, la dissuasion est le socle nécessaire, sans lequel on ne peut pas construire une alliance militaire ambitieuse, et un pacte de sécurité. Corollaire, sans ce socle nucléaire, l’Europe va s’effondrer en quelques mois.
L Ukraine a la capacité de concevoir un vecteur nucleaire assez rapidement, entre leur competence en nucleaire civil et la presence de chercheurs ukrainiens qui ont participé à la mise en place des vecteurs nucleaires russes dans les années 80/90.