vendredi, décembre 13, 2024

Les armées françaises seront sévèrement sous-capacitaires jusqu’en 2030, au moins…

Plusieurs députés ont pointé les insuffisances qui touchent, aujourd’hui, les armées françaises, à l’occasion des discussions parlementaires en commission, entourant le budget 2025.

Plusieurs amendements et rapports parlementaires, ont ainsi mis en évidence le décrochage qui se dessine, dans les années à venir, entre le format théorique des armées, défini par la Revue stratégique de 2022, et validé par la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, et la réalité des inventaires qui seront disponibles, aux armées, sur cette période.

Ainsi, dans plusieurs domaines hautement critiques, comme la flotte d’avions de combat, de frégates, de sous-marins nucléaires d’attaque, ou encore de chars de combat, les armées françaises vont être chroniquement sous-équipées, lors de l’exécution de la LPM, dans une période qui s’avèrera certainement l’une des plus tendues de l’histoire récente, sur la scène internationale.

Pire encore, le format théorique, que les armées n’atteindront que partiellement, sur la LPM à venir, est identique à celui élaboré en 2013, par le gouvernement Ayrault, avec une volonté affichée de réduire les armées à leur stricte minimum, dans un contexte géopolitique radicalement différent, de ce qu’il est aujourd’hui.

Les grandes impasses de la LPM 2024-2030 refont surface à l’Assemblée nationale

Alors que les discussions sont vives, au Palais Bourbon, dans le cadre du vote du budget 2025 de l’État, plusieurs députés ont, par les amendements déposés et leurs rapports parlementaires, pointé des déficits capacitaires importants, qui vont toucher les armées françaises dans les quelques années à venir, en particulier pour ce qui concerne le respect du format capacitaire défini par la Revue stratégique de 2022.

L’Armée de l’Air et de l’Espace n’aura certainement pas les 185 chasseurs jusqu’en 2030

C’est notamment le cas du député RN du Var, Franck Giletti, très actif au sein de la Commission Défense, dont il est l’un des vice-présidents. Celui-ci a, en effet, déposé un amendement concernant les mesures à adopter, pour permettre à la flotte de chasse de l’Armée de l’Air d’aligner les 185 avions de combat prévus sur l’ensemble de la durée de la LPM, et pas uniquement en 2030.

Armée de l'air et de l'Espace Rafale Mirage 2000D
En 2030, l’Armées de l’Air et de l’Espace doit aligner 137 Rafale B/C et 48 Mirage 2000D, soit 185 avions de combat. Pour autant, il est probable que son format passera sous cette limite inférieure, au cours de l’execution de la LPM.

En effet, l’Armée de l’Air doit recevoir, dans les 5 années à venir, 42 Rafale supplémentaires. Ceux-ci vont remplacer les 24 Rafale cédés d’occasion à la Grèce et à la Croatie, et remplacer le retrait des Mirage 2000-5 et d’une douzaine des 60 Mirage 2000D en lice aujourd’hui, qui ne seront pas modernisés afin d’être prolongés jusqu’en 2035.

Or, Paris vient de confirmer l’envoi anticipé de 6 Mirage 2000-5 en Ukraine en 2025, alors que l’Armée de l’Air a enregistré, cette année, la perte tragique de deux appareils Rafale, suite à une collision en vol.

Celle-ci ne disposant d’aucune marge de manœuvre opérationnelle, ni d’aucune réserve, pour absorber ces prélèvements, il est très probable qu’ils amèneront le format de la flotte de chasse française, sous le seuil des 185 appareils, sur la période 2025-2030, même si le format en 2030, devrait être ramené à ce niveau, avec 137 Rafale et 48 Mirage 2000D modernisés.

La Marine nationale restera sous les 15 frégates de 1ᵉʳ rang jusqu’en 2028

Le problème est le même concernant les frégates, les sous-marins et les patrouilleurs de la Marine nationale. Ainsi, après l’annulation de la commande des cinq dernières FREMM de la classe Aquitaine, et leur remplacement par le développement des frégates FDI classe Amiral Ronarc’h, la Marine nationale a dû rapidement entreprendre la modernisation de trois de ses FLF classe Lafayette, pour les doter d’un sonar, notamment, afin d’un faire des frégates de 1ᵉʳ rang.

FLF modernisée
Bien que modernisées, les FLF ne peuvent être qualifiées de frégates de 1er rang, n’ayant pas de capacité d’escorte propres, et ne pouvant pas pleinement assurer leur sécurité, en zone de combat. Objectivement, le format de la flotte d’escorteur de la Marine nationale est aujourd’hui de 10 navires, contre 15 prévu par la Revue Stratégique.

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12 Commentaires

  1. Merci pour l’article. Concernant les forces aériennes, il me semble qu’un lot de 40 Rafale est en cours de livraison (tranche 4T2), dont 12 en 2023, 13 espérés en 2024, 14 annoncés pour 2025, et j’imagine 1 en 2026. Certains sont arrivés à Orange. Est-ce qu’ils ne vont pas, en pratique, compenser le départ de 2000-5 en Ukraine et les 2000D non modernisés ?

    • Les 2000-5 devaient être retirés du service en 2028. Donc en 2030, nous aurions avoir 137 Rafale et 48 2000D. Depuis, cependant, on a perdu les deux Rafale lors de la collision. En outre, les livraisons actuelles sont prévues pour compenser le retrait des 2000C, et pour remplacer les 24 Rafale livrés à la Grèce et à la Croatie. Le problème est donc qu’il est fort possible que sur la periode 2025-2028, les 6 Mirage 2000-5 envoyés en Ukraine, n’aient pas encore été remplacés par la livraison planifiée des Rafale, car dans le modèle actuel, on ne passe pas « au dessus » de 185; Tout est calculé pour rester sur le fil. Et donc, la moindre variation, se ressent directement sur le parc effectivement disponible.

    • La France n’est jamais passée en économie de guerre. C’est en fait. Les États-Unis consacraient 10% de leur PIB pendant la guerre du Vietnam, l’Union soviétique a consacré plus de 15 % de son PIB aux dépenses militaires pendant toute la guerre froide. L’effort de défense britannique en 1944 dépassait les 50% du PIb du pays. L’Ukraine investit 35% de son PIB pour ses armées aujourd’hui. La Russie, avec plus de 12 %, ne revendique pas le statut d’économie de guerre, mais d’économie en guerre…
      Dire que la France, avec ses 2%, est en économie de guerre, c’est… comment dire… insultant pour ceux qui le font vraiment.

  2. Dans ce cas, qu’ils en tirent les conclusions qui s’imposent: l’Euro a été vu comme le moyen de maintenir les prestations sociales à des niveaux élevés, pas pour assurer la défense du pays ou pour avoir une industrie forte. Il a parfaitement fonctionné en ce sens, l’industrie française a été divisée par 2, les prestations sociales sont restées très élevées. L’étape suivante est soit de couper dans les dépenses sociales et investir seulement où l’on doit, soit sortir de l’euro et faire cela d’une manière monétaire (comme avant). Les autres ne paieront pas pour nous. Bref, soit en paie le banquier en sabrant les dépenses, ce qui va frustrer ce qui cotisent, soit on pique l’argent du banquier via un max d’inflation (on maintient facialement les prestations mais on les vide de valeur/PIB). Il n’y a pas 50 solutions, mais 2. Le débat est repoussé sans cesse, pour aucun gain, aucune décision, avec une aggravation de la situation. C’est terriblement décevant. On aura pas d’armée sans cette prise de décision. Aucun parti, par électoralisme ne souhaite avancer. Il nous fait un Milei.

    • Il y a des modèles intermédiaires, qui permettraient d’augmenter les investissements de défense, sans creuser les déficits.
      À mon sens, c’est là, et là uniquement, que se situe le salut.
      La sortie de l’Euro, aujourd’hui, dans les conditions actuelles, entrainerait une baisse brutale du pouvoir d’achat des Français, une crise inflationniste désastreuse, et un effondrement politique et institutionnel, très loin des objectifs recherchés.
      Ne pas oublier que si les armées françaises manquent de résilience, aujourd’hui, c’est bien plus le cas de la société civile…

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