samedi, décembre 14, 2024

Le rêve de défense européenne pourrait ne pas survivre à Donald Trump en 2025

Longtemps redouté, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, à compter du 20 janvier 2025, est désormais acté par sa victoire indéniable et complète lors des élections présidentielles américaines du 6 novembre.

Depuis, un sentiment d’inquiétude très palpable s’est emparé des chancelleries européennes et a été largement relayé par les médias. En effet, lors de sa campagne, Donald Trump a multiplié les exigences et les menaces, notamment à l’attention des Européens, et spécialement dans le domaine de la défense.

Pour certains, ce bouleversement géopolitique va créer le contexte nécessaire pour faire enfin émerger une véritable initiative européenne de défense coordonnée, tant du point de vue militaire qu’industriel, une position longtemps soutenue par Emmanuel Macron.

Dans les faits, cependant, on constate que l’attitude de certains chefs d’État européens, et non des moindres, s’oriente dans une direction toute autre, très éloignée de ces objectifs.

Alors, le retour de Donald Trump dans le Bureau ovale, sera-t-il le déclencheur tant attendu pour faire émerger une Europe autonome et indépendante, en matière de défense, ou, au contraire, va-t-il irrévocablement enterrer cet espoir porté par certains dirigeants européens ?

Les menaces de Donald Trump aux Européens et à l’OTAN durant la campagne présidentielle américaine

Il faut dire qu’au cours de cette campagne, Donald Trump a multiplié les remises en cause des engagements historiques des États-Unis vis-à-vis de l’Europe et de ses alliés de l’OTAN. Ainsi, dès le début de celle-ci, le candidat républicain avait orienté sa politique internationale selon trois directions : la fin de l’aide américaine à l’Ukraine, la mise en réserve des États-Unis vis-à-vis de l’OTAN, et la concentration des moyens militaires américains, pour faire face à la Chine.

Donald Trump campagne
Lors de sa campagne, Donald Trump a multiplié les menaces contre les partenaires et alliés des Etats-Unis, en particulier contre l’Europe et l’OTAN.

Alors que le candidat Trump progressait dans les sondages, ces menaces prirent de l’importance en Europe, ce d’autant qu’elles trouvaient un écho favorable, et un soutien affirmé, dans l’équipe de campagne du républicain, et dans les positions exprimées par certains think tank conservateur, comme le Heritage Foundation.

Ces annonces suscitèrent des réactions émotives de la part de certains dirigeants européens, amenant Donald Trump à niveler ses menaces, notamment en exigeant des Européens de payer « leur juste part« , pour assumer leur défense au sein de l’OTAN.

Concernant l’Ukraine, le discours a également évolué, passant d’un abandon pur et simple, à la promesse de mettre fin à cette guerre par la négociation directe avec Vladimir Poutine, en 24 heures seulement.

Quant à la juste participation attendue par Donald Trump pour ne pas se mettre en réserve de l’OTAN, elle est à présent supérieure ou égale à 3 % du PIB, alors que les Européens arrivent à peine à 1.97 % en moyenne, en 2024, avec de très importantes variations, selon l’éloignement du pays des frontières russes.

Loin d’être négligées par la classe politique américaine, ces menaces ont amené le Sénat à imposer, dans le cadre de la loi de finance 2024 du Pentagone, le vote d’une loi encadrant strictement les possibilités offertes au président américain, pour quitter l’OTAN, exigeant notamment un préavis de six mois et un vote d’une majorité des deux tiers du Sénat, en faveur de cette décision, pour qu’elle puisse être appliquée.

senat américain
Le sénat à fait coté une loi en 2023, dans le cadre de la loi de finance du Pentagone 2024, obligeant le président américain à obtenir une majorité des 2/3 au Sénat, pour pouvoir provoquer la sortie des Etats-Unis de l’OTAN. Pour autant, le président américain reste le seul arbitre concernant l’implication des Etats-Unis dans la défense colelctive de l’alliance.

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Pour Aller plus loin

12 Commentaires

  1. La démarche Européenne est basée sur la certitude ou le doute de la volonté des USA de se projeter en Europe en cas de conflit avec un des pays de l Otan, en clair l activation de l’article 5. L autre point concerne la capacité d usage de la bombe atomique , ou il y a un gros doute concernant les etats-unis. La France considère que le doute prédomine et que l’ existence d une armée européenne pourra protéger le continent, il faut rappeler que l UE est la 2eme puissance économique mondiale avec 22% du PIB, certains doivent comprendre qu on est plus fort unis qu isolés.

  2. Un grand facteur qui va jouer contre la France est l’état de ses finances publiques. On arrive à peine à tenir la ligne de la LPM 24-30 (et il commence déjà à y avoir des tentatives de rabotage), laquelle contient déjà des renoncements à des capacités comme le char Leclerc. Alors à moins d’un grand changement de paradigme dans ce qu’on espère pouvoir faire avec nos armées, c’est mal barré

  3. La France Insoumise (LFI), dans son programme et ses prises de position, défend une politique de défense nationale centrée sur l’indépendance stratégique de la France. Son programme met plutôt l’accent sur les grandes orientations et principes pour atteindre cette indépendance.

    Sortie de l’OTAN : LFI propose la sortie du commandement intégré de l’OTAN pour garantir une autonomie stratégique totale. Elle souhaite ainsi réduire l’influence des États-Unis dans les décisions militaires françaises.

    Investissement dans les capacités de défense nationales : LFI veut renforcer les capacités de défense françaises en privilégiant les industries et les technologies françaises et européennes, pour limiter la dépendance aux matériels étrangers.

    Dissuasion nucléaire : LFI souhaite maintenir la dissuasion nucléaire comme pilier de l’indépendance stratégique, tout en promouvant le désarmement mondial.

    Redéploiement des forces militaires : La France Insoumise soutient une réorientation des interventions militaires en dehors de celles basées sur les accords internationaux légitimes (comme l’ONU). Elle défend une approche moins interventionniste que la ligne actuelle.
    Lfi souhaite réaffecter une partie des dépenses militaires vers la modernisation de l’équipement français et vers des missions de protection nationale.

    LFI privilégie une stratégie d’indépendance militaire vis-à-vis des alliances dominées par les grandes puissances, en particulier les États-Unis, et souhaite réinvestir dans les industries et technologies de défense françaises. Le budget proposé dépendrait de la réallocation des ressources dans le cadre d’une sortie partielle de l’OTAN et d’une réduction des interventions extérieures non justifiée.

    Quelque chose à dire contre?

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      • Je comprends votre remarque, d’autant mieux, qu’initialement, ce fut ma première réaction également.
        Cependant, j’ai laissé publier ces messages. Pourquoi ?
        Parce que, en soi, c’est en lien avec le sujet, d’une part
        Et d’autre part, parce que je considère qu’on ne peut pas reprocher à la classe politique, dans son ensemble, son manque d’intérêt pour les questions géopolitiques et de défense, et filtrer les messages qui exposent les programmes de chacun.
        Personnellement, je préfère voir LFI exposer son programme dans ce domaine, plutôt que proposer un crédit d’impôt sur les animaux de compagnie (et pourtant, j’ai 8 chiens et 10 chats, je ne vous dis pas le pactole !!)
        En revanche, il est impératif que les échanges demeurent mesurés et respectueux. Sinon, ca va partir en saucisse très rapidement.

  4. Pour mettre les choses et les personages en place dans ce débat impossible sur une defense européene et les alternatives Bisounours.
    Défense tous azimuts( charles de gaulle)
    Jean-Luc Mélenchon, dans un contexte géopolitique différent, partage cet idéal d’une France souveraine et indépendante dans ses décisions. Il prône une politique de non-alignement qui rappelle l’esprit d’indépendance gaulliste, insistant sur l’idée que la France doit pouvoir se positionner librement dans l’arène internationale.

    Dans les discours de Mélenchon, cette indépendance se traduit par :

    La volonté de quitter l’OTAN ou au moins de s’en éloigner, pour éviter que la France soit contrainte par les choix stratégiques des États-Unis.

    L’idée d’une défense européenne indépendante, qui permettrait aux nations européennes d’assumer leur sécurité sans avoir besoin de recourir systématiquement à l’OTAN.

    La défense de la souveraineté française dans les prises de position internationales, qu’il s’agisse de questions économiques, écologiques, ou militaires.

    Défense tout azimut!
    Il ne reprend pas exactement le concept de défense tous azimuts, il défend une ligne stratégique qui reste cohérente avec l’affirmation d’une politique indépendante et purement française, proche de l’esprit du gaullisme, adaptée aux enjeux contemporains.
    A vous de l’approuver ou on
    Moi,c’estoui.

    • C’est comme tout… On peut avoir les meilleures idées du monde, si vous ne mettez pas des chiffres en face, ce n’est que du vent.
      Quel budget ? Quel format ? Et comment le financer ?
      Ces 3 points définissent les moyens disponibles, donc le contrat opérationnel, et les options politiques qui s’offriraient au pays.
      Tant qu’il n’aura pas donné des réponses précises à ces questions, cela n’a strictement aucun intérêt.
      Par ailleurs, de Gaulle n’a strictement jamais été « non aligné ». Le Mirage IV, les S2 du plateau de l’Albion et les 6 SNLE classe redoutable, visaient tous l’Union soviétique, comme les missiles soviétiques visaient la France. Les armées françaises étaient formées pour combattre le pacte de Varsovie en Allemagne, aux côtés des États-Unis et de l’OTAN.
      Il a fermement conservé la France dans le bloc occidental et n’a jamais renié ses alliances, notamment avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne fédérale et l’ensemble de l’alliance Atlantique..
      Il a simplement fait sortir la France du commandement intégré de l’OTAN et produit les efforts nécessaires pour que le pays puisse « choisir ses guerres et le gagner », sans jamais mettre les armées françaises en retrait face à la menace soviétique.

      • Pas forcément du pipeau, mais il faudrait au moins 3 à 3.5 % PIB pour financer correctement de telles ambitions. Se pose donc la question du financement et de son modèle de soutenabilité. Et tant qu’il n’y a pas de réponse à cela, ça n’a pas de matérialité.
        Après, si LFI défend un modèle avec la préservation de l’autonomie stratégique française, et se dit prête à se montrer constructive pour articuler son financement, bah tant mieux. Je préfère ça à une gauche ultra anti-militariste qui oppose en permanence dépenses de défense et dépenses sociales. non ?

  5. La position de Scholtz est en train d’évoluer « rapidement «  et pas dans un sens européen, lâchage de l’Ukraine public immédiat par exemple

    Mr Araud (ex ambassadeur de Fr aux US) interrogé sur LCI hier: Dimitri Medvedev vient de déclarer « après avoir traité de tous les noms D T il y a 15 jours..les dirigeants européens se précipitent en Floride pour se prosterner et «  lécher le… » de DT »

    Araud:ce monsieur est très mal élevé mais il a raison sur le fond

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