Depuis plusieurs mois, il semble que la LPM 2024-2030, la Loi de programmation militaire française en cours, soit souvent remise en cause, pour ses insuffisances, voire pour ses arbitrages considérés comme contestables par de nombreux spécialistes.
Dans le cadre du projet de loi de finance 2025, la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, a émis un avis particulièrement rugueux, au sujet des investissements industriels de défense prévus dans le programme 146, lors de cette année.
Au travers de plusieurs exemples bien choisis, mais non exhaustifs, allant du porte-avions de nouvelle génération à la flotte de chars de combat, en passant par le nouveau turboréacteur T-REX qui doit propulser le Rafale F5, le rapport montre certaines des nombreuses insuffisances et impasses de cette LPM, alors que les tensions stratégiques et le tempo technologique défense, sont plus élevés que jamais, depuis la fin de la guerre froide.
Sommaire
Les nombreuses insuffisances de la LPM-2024-2030, pointée du doigt par un rapport de la commission des affaires étrangères et de la Défense du Sénat français
Tout en saluant la hausse des crédits de défense, prévue par la LPM 2024-2030, qui doit permettre d’atteindre un budget des armées à 67 Md€ en 2030, presque deux fois ce qu’il était en 2016, les sénateurs de la commission des affaires étrangères et de la Défense Cedric Perrin, Hugues Saury et Hélène Conway-Nouret ont rendu un avis sur le projet de loi de finance 2025 concernant l’équipement des forces, pour le moins préoccupant.
En effet, au travers de plusieurs cas concrets qui parleront aux trois armées, les parlementaires ont mis en évidences les insuffisances de cette LPM, pour faire face aux enjeux sécuritaires, mais également politiques et industriels, qui se dessinent et évoluent rapidement, dans un contexte international plus tendu et dynamique que jamais.
Les objectifs de stock de munitions de la LPM ne couvrent que 2 mois de combats de haute intensité
Le premier de ces constats concerne les stocks de munitions des armées. Le rapport se félicite de l’effort consenti en 2025, dans ce domaine, avec un budget de 1,9 Md€ consacré à l’acquisition de nouvelles munitions A2SM, Meteor, torpille F21, Aster, Scalp, Mistral et obus de 155 mm, soit une hausse de presque 27 % par rapport à 2024. Il souligne, néanmoins, que l’objectif de recomplétion des stocks de munitions, visé par la LPM, ne concerne que deux mois de combat de haute intensité pour les armées françaises.
Là encore, comme évoqué dans un précédent article, il s’agit d’un niveau de stock qui avait été défini dans le cadre du Livre Blanc de 2013, et qui n’a pas été modifié depuis, essentiellement pour des raisons budgétaires, ni par les Revues Stratégiques 2017 et 2022, ni par les LPM qui en ont été tirées.
« Si la France se prépare effectivement à une guerre de haute intensité, il vaudrait mieux que celle-ci soit brève… afin de ne pas manquer de munitions. » peut-on lire dans l’introduction de l’avis, précisément en raison de ces niveaux de stock conçu pour répondre à un contexte international qui n’existe plus.
Ainsi, la première recommandation faite par cet avis sénatorial, appelle à porter le niveau de stock de munitions de 2 à 6 mois. Ce délai de quatre mois supplémentaires, doit permettre à l’industrie de défense française, de s’adapter et d’accroitre la production de munitions, pour permettre une consommation en flux tendu si l’engagement de haute intensité devait s’étendre.
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