Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, en février 2022, l’artillerie est redevenue l’un des principaux sujets de préoccupation des armées, en particulier en Europe. C’est, en effet, le nombre de canons de 122, 152 et 155 mm, et de systèmes lance-roquettes multiples disponibles de part et d’autre, ainsi que l’état des stocks de munitions, qui définissent à présent la réalité du rapport de force en Ukraine, bien davantage que le nombre de chars, d’hélicoptères ou de véhicules de combat d’infanterie.
Ce sont également les tensions sur les stocks de munitions de 155 mm, au cours de l’année 2023, qui entravèrent, en grande partie, la conduite de l’opération de contre-attaque ukrainienne, et qui favorisèrent le retournement d’initiative constatée sur le terrain, à partir de l’automne de cette année.
Au-delà de ces enseignements déjà déterminants, les retours d’expériences, ou RETEX, venus des armées ukrainiennes, et de leur utilisation des systèmes d’artillerie occidentaux en particulier, ont, eux aussi, été des plus riches, et parfois surprenants.
Ainsi, la majorité des tirs d’artillerie s’effectue de 10 à 20 km de distance, soit dans la fenêtre de tir des systèmes de 122 mm, de plus en plus présents, ainsi que ceux de 105 mm. Ce calibre d’artillerie, qui a pourtant longtemps représenté une composante importante de l’artillerie de campagne occidentale, était en perte de vitesse ces dernières années.
Dès lors, en associant les excellentes performances au combat du canon Caesar, et de ses paradigmes à contre-courant de la pensée occidentale dominante jusqu’il y a peu, et les enseignements venus d’Ukraine, il apparait qu’un système d’artillerie de 105 mm, monté sur véhicule 4×4, selon les mêmes paradigmes que le CAESAR, pourrait répondre à de nombreux besoins opérationnels observés, avec des couts et délais de production et de mise en oeuvre, y compris concernant les munitions, sensiblement plus réduits que l’omniprésent 155 mm, pour répondre à un marché en forte demande, mais ignoré jusqu’à présent.
Sommaire
Le canon Caesar français bien plus efficace qu’anticipé selon les retex ukrainiens
Comme évoqué dans un précédent article, le CAESAR de KNDS France, a démontré des qualités exceptionnelles, et même inattendues, en Ukraine. En effet, ses trois principales faiblesses apparentes – le manque de blindage, la configuration sur roues 6×6 et le système de chargement semi-automatique – n’ont engendré, dans les faits, aucun des effets délétères que beaucoup attribuaient, jusque-là, au système d’artillerie français.

Ainsi, en dépit du faible blindage de sa cabine, le CAESAR demeure l’un des systèmes d’artillerie engagés en Ukraine les plus sûres et les plus résilients, avec l’attrition la plus faible, en dépit de leur utilisation intensive de la part des artilleurs ukrainiens.
Cette utilisation est la conséquence d’une très bonne disponibilité du système français, bien moins exposé aux pannes que, par exemple, les systèmes d’artillerie s’appuyant sur un système de rechargement automatique qui s’avère, à l’usage, souvent le point de faiblesse de ces systèmes.
Enfin, la configuration 6×6 du CAESAR n’entrave nullement sa mobilité, par rapport aux canons chenillés, bien au contraire. En effet, celui-ci exploite au mieux la densité du réseau routier en Ukraine, pour se déplacer très rapidement le long de la ligne d’engagement, et ainsi éviter les tirs de contrebatterie, et tout en apportant rapidement le feu là où il est nécessaire.
En outre, si les faiblesses attendues du Caesar ont en partie été gommées en Ukraine, ses atouts, en revanche, ont été confirmés. C’est notamment le cas de sa portée et de sa précision, égalant celle des meilleurs systèmes du moment, de sa robustesse et de sa rusticité, permettant une maintenance sur site et l’utilisation d’une grande variété d’obus, amenant les ukrainiens à le qualifier de « système d’artillerie omnivore ».

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Cela fait maintenant quelques mois que le sujet Césarion 105 mm est lancé et je me demande si quelqu’un a entendu, ou vu, ou lu un projet Français ou nos ligne sont tellement surchargées que c’est impossible à produire malgré les quelques centaines de pièces avec les € qui vont avec . Que Turgis & Gaillard ? d’habitude si prompt à réagir à défaut de KNDS France . J’espère que ce ne sera pas encore un projet qui sera repris par les Teutons en attendant qu un industriel Français se décide a bouger.
et donc un 105 pourrait faire de la concurence au 155 en matiere de quoi ? parce que si pour 10 Ceasar 155 avec leur prix catalogue. KNDS vendait vendait 23-30 Ceasarion de 105 avec leurs prix de revient moitier prix du 155 . cela serait un carnage. 80% des pieces sont deja fabriquées . Désolé je suis malade aujoudhui donc …
Tres bien vu, on pourrait rajouter un systeme anti-drone type dronesentry
Merci pour l’article.
Pourquoi pas un développement sur fonds propre de l’industriel ? Puisque Plusieurs brique technologiques existe déjà.
En effet, pourquoi pas ? mais une commande publique, pour équiper les brigades d’assaut / lègeres, rendrait tout cela bien plus consistant, et facile à exporter, sans mobiliser d’importants montants.
Intéressant, d’ailleurs les industriels et l’armée de terre sud-coréenne ont déjà un canon de 105mm sur camion de ce type avec le K105HT de Hanwha Land Systems.
Excellent concept mais qui pourrait venir concurrencer le …CAESAR 155mm. Voila pourquoi KNDS ne le développera peut être pas.
Pour revenir au cas ukrainiens, les russes ont adapté leur tactique précisément pour passer sous le seuil d’engagement au 155, en formant des groupes de combat de 3 ou 4 bonhommes, trop petit pour être engagé par un tir de 2 ou 3 obus de 155 (qui sont comptés, on le sait). Quant à l’utilisation des mortiers de 120, elle est jugée trop risquée car le calcul balistique des radars de contrebatterie est rapide et précis. Dans ce domaine, le 105, malgré son manque de punch, s’avère certainement beaucoup plus efficace que le 155, ou que le mortier de 120. Pour la concurrence vis-à-vis du 155, je pense que la différence de capacité est suffisamment marquée pour ne pas se marcher sur les orteils.
Définitivement quelque chose qui pourrait intéresser la 27e BIM ou la 11e BP …
D’ailleurs, c’est pas déjà un peu comme une piece d’artillerie qu’ils utilisent le 10RC ?
Ca serait un peu le précurseur d’un cesar 105 😛
Si vous faites un tel article c’est que ca a fuité et que c’est dans les tuyaux 😛
Non, je n’ai que très peu de contact avec les industriels. C’est de l’analyse prospective pure.
en tout cas tres bon article bien argumenté et clair.
5/5