Alors que la Turquie produit, depuis plus de trois décennies, d’importants efforts pour se doter d’une capacité de frappe balistique à courte et moyenne portée, les armées grecques sont, aujourd’hui, désarmées face à cette menace, ne disposant pas de systèmes anti-aériens et anti-balistiques susceptibles d’assurer une protection efficace contre de tels missiles.
Dans cet article, Konstantinos Ch. Zikidis, enseignant militaire de l’Académie de l’armée de l’air hellénique – PhD NTUA, étudie l’évolution de cette menace, et les systèmes anti-balistiques et antiaériens qui s’offrent aux dirigeants politiques et militaires grecs, pour répondre à cette menace de plus en plus pressante.
Sommaire
Le missile Oreshnik et l’Apocalypse de Jean
Le 21 novembre 2024, un missile balistique russe a touché une cible à Dnipro, en Ukraine. Plus précisément, six ogives indépendantes (« Multiple Independent-Re-targetable Vehicles – MIRV »), chacune avec six sous-munitions, sont tombées à environ 11 fois la vitesse du son (Mach 11, près de 3,8 km/s), sur une ancienne usine de missiles balistiques soviétiques, qu’ils ont complètement détruit, provoquant un tremblement de terre.
Et tout cela, sans avoir d’ogive conventionnelle ou nucléaire, uniquement avec leur énergie cinétique. Les images qui ont fait le tour du monde étaient étranges.
Selon des sources russes, ce missile balistique, baptisé Oreshnik (« noisette » en russe), a une portée de 5000 km, entrant dans la catégorie des missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM), alors qu’il pourrait transporter des ogives nucléaires. Poutine a souligné que ce missile ne peut pas être contré par les systèmes de défense aérienne existants.
Bien que certains experts contestent qu’il s’agisse d’un nouveau missile, estimant qu’il s’agit probablement d’une évolution de l’ancien RS-26 « Yars-M », il s’agit en tout cas d’une arme très difficile à intercepter. On estime qu’il est difficile de contrer même les systèmes de missiles antibalistiques les plus performants, tels que le missile SM-3 Block IIA de Raytheon, qui coûte 30 millions de dollars chacun.
Des systèmes tels que THAAD On estime que (Terminal High Altitude Area Defense) de Lockheed Martin n’est pas en mesure d’intercepter l’Oreshnik, en raison de sa grande vitesse, alors qu’il n’atteint pas la hauteur requise pour le frapper avant la libération des six ogives. Il devient évident que les systèmes de la classe des Patriotes sont totalement incapables de faire face à Oreshnik.
En supposant une ressemblance avec le RS-26 « Yars-M », qui transporte une ogive de 1800 lb (bien qu’il y ait des estimations qui évaluent la charge utile ou le poids de projection à 1200 kg/2650 lb), alors chacune des six ogives (MIRV) de l’Oreshnik pèserait 300 lb ou 136 kg. Si nous supposons que la vitesse d’impact est de Mach 11 ou 3 773 m/, l’énergie cinétique de chaque ogive (sur six) sera :
L’énergie d’une tonne de TNT est définie comme étant de 4 184 GJ (Giga Joule), donc 1 GJ équivaut à 239 kg de TNT. À titre de comparaison, une bombe aérienne polyvalente Mk-84 de 2000 livres contient 945 lb ou 428 kg d’explosif Tritonal (80 % de TNT et 20 % de poudre d’aluminium). Étant donné que le Tritonal est environ 20 % plus puissant que le TNT, l’énergie équivalent atteint alors 500 kg de TNT.
Par conséquent, une bombe Mk-84 équivaut à peu près à deux ogives (sur six) de l’Oreshnik, tandis que la puissance totale de 6 ogives est presque aussi élevée que celle de 3 bombes Mk-84. Bien que cela ne soit pas comparable, par exemple, à la puissance de la bombe atomique « Little Boy » larguée sur Hiroshima (15 000 tonnes de TNT ou 63 TJ), la cible de l’Oreshnik a néanmoins été pulvérisée.
Des témoins oculaires ont toutefois rapporté que les explosions ont continué pendant trois heures après la frappe, et tout cela, sans dommages collatéraux, radioactivité ou autres résidus, comme pour les armes nucléaires.
Missiles balistiques – Principes de fonctionnement
Les missiles balistiques[1] peuvent être lancés à partir d’une installation fixe (silo), d’un lanceur automoteur, d’un sous-marin ou depuis les airs. La première étape de la trajectoire d’un missile balistique est la propulsion, lorsque son moteur-fusée fonctionne et produit une poussée, accélérant la fusée, qui gagne rapidement de l’altitude et de la vitesse, dépassant potentiellement les limites atmosphériques (ligne de von Kármán : 100 km).
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Bonjour,
Article bien documenté et très enrichissant.
Merci à vous pour ce travail!