Des trois armées françaises, l’Armée de terre est celle qui connut la réduction d’effectifs la plus radicale depuis la fin de la guerre froide, passant de 296,000 hommes en 1985, à 120,000 aujourd’hui, dont seulement 77,000 forment la Force des Opérations Terrestres, ou FOT, la composante combattante de cette force.
Pour autant, par l’efficacité qu’elle a montré ces dernières années, notamment lors des opérations extérieures en Afrique sud-saharienne, celle-ci continue de jouir d’une réputation d’excellence, en particulier auprès un exécutif qui n’a de cesse que de répéter sa confiance à son sujet.
Avec le retour des tensions internationales et les bruits de bottes qui ne cessent de s’accroitre aux frontières de l’Europe, l’Armée de terre française doit, à présent, entamer une transformation structurelle profonde, pour retrouver à la fois la masse qui lui fait défaut, mais aussi une structure de forces répondant aux défis qui arrivent avec vélocité.
La révision de la Revue Nationale Stratégique 2022, annoncée par Emmanuel Macron le 21 janvier 2025, sera certainement l’occasion de poser une nouvelle réflexion sur l’adaptation supposée entre l’Armée de terre, son format et ses moyens, tels que définis par la LPM 2024-2030, et les évolutions de menaces qui se rapprochent, chaque jour davantage, de celles qui existaient dans les années 80.
Sommaire
L’Armée de terre a conservé la Force d’Action Rapide de la guerre froide, mais a perdu 90 % de ses autres unités.
Dans ce contexte, il est probablement intéressant de tourner son regard vers l’Armée de terre française, telle qu’elle était en 1985, alors que la menace, sur l’Europe, s’approchait de celle qui risque d’émerger à nouveau, dans les quelques années à venir, tout au moins, à en croire les cris d’alarme que certains services de renseignement européens ne cessent de lancer.
L’ordre de bataille de l’Armée de terre française en 1985
En 1985, et en pleine crise des Euromissiles, l’Armée de terre française se composait, principalement, de trois grandes forces : la Défense Opérationnelle du Territoire, ou DOT, la 1ʳᵉ Armée et la Force d’Action Rapide, ou FAR.
La FAR, créée en 1983, constituait le corps de réaction rapide de l’Armée de terre, afin de répondre, au plus vite, à une éventuelle initiative militaire du Pacte de Varsovie, contre l’OTAN, et en particulier, contre la République Fédérale d’Allemagne.
Forte de 47,000 hommes, avec un très haut taux de professionnalisation, elle était constituée de troupes légères et aéroportées, très mobiles, rapidement mobilisables et déployables, avec la 6ᵉ division légère blindée, la 9ᵉ division d’Infanterie de Marine, la 27ᵉ division alpine, la 11ᵉ division parachutiste et la 19ᵉ brigade d’artillerie, organisées autour de la 4ᵉ division aéromobile, et ses 3 régiments d’hélicoptères de combat.
La 1ʳᵉ Armée, elle, représentait le corps de bataille et de manœuvre de l’Armée terre. Elle se composait de 3 corps d’armées : le 1ᵉʳ Corps d’Armée (7ᵉ et 10ᵉ DB, 15ᵉ DI et 12ᵉ DLB) basé dans l’Est de la France ; le 2ᵉ Corps d’Armée (1ʳᵉ, 3ᵉ et 5ᵉ DB) basé dans le sud de la République Fédérale d’Allemagne ; et le 3ᵉ Corps (2ᵉ DB, 8ᵉ DI et 14ᵉ DLB), en région parisienne.
La Défense Opérationnelle du Territoire, enfin, se composait pour sa part de 6 régions militaires, armées chacun d’une ou deux brigades de zone : 1ʳᵉ RM (7 régiments) de Saint-Germain en Laye : 2ᵉ RM (7 régiments) de Lille ; 3ᵉ RM (7 régiments) de Rennes ; 4ᵉ RM (10 régiments) de Bordeaux ; 5ᵉ RM (19 régiments et bataillons) de Lyon et la 6ᵉ RM (12 régiments) de Metz.
Au total, l’Armée de terre alignait alors 181 régiments de combat, et 53 régiments de commandement et de soutien, appartenant, notamment, à 6 divisions blindées, 3 divisions légères blindées, et 6 divisions d’infanterie, infanterie de Marine et d’infanterie parachutiste.
La FAR conservée, la 1ʳᵉ Armée laminée, et la Défense Opérationnelle du Territoire éliminée
On retrouve, dans le format 2025 de l’Armée de terre, l’influence profonde de cet ordre de bataille de 1985. Celle-ci se compose, aujourd’hui, de deux divisions fortes de trois brigades de combat. Rappelons que pour répondre aux exigences de l’OTAN, les divisions (1985) ont été renommées brigades, pour des effectifs et nombre de régiments sensiblement similaires (7 régiments, 7500 hommes).
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Bonjour Fabrice.
Article très intéressant comme toujours.
Je pense cependant que l’appartenance à l’armée de Terre des missiles du plateau d’Albion est erronée, ces derniers dépendaient de l’armée de l’Air me semble-t-il.
Au plaisir de vous lire!
Très bonne soirée
Bonsoir, oui, je m’en suis aperçu à la relecture. Cela a été corrigé.
Si on veut mettre organiser la défense à l’Est, il ne s’agira pas seulement d’avoir de supers équipements. Et cela, tout le monde le comprend intuitivement. Donc voilà! Liberté sur terre, liberté dans les airs, liberté en mer. Personne ne nous fera de cadeaux. Voilà l’air dans laquelle nous sommes entrée et dont notre personnel politique refuse de voir l’aspect. Rien ne sert de tergiverser. Nous n’avons déjà plus d’Oncle Sam.
La cure de désintoxication va être dure pour certains.