samedi, septembre 6, 2025

Un Rafale de guerre électronique, plus nécessaire que jamais d’ici à 2030

À mesure que Donald Trump multiplie les déclarations en faveur d’un retrait plus ou moins progressif des États-Unis de la défense européenne, les Européens, eux, prennent conscience des nombreuses impasses capacitaires dont souffrent leurs armées, comblées jusqu’à présent par les moyens américains.

Ainsi, de nombreux déficits capacitaires ont été évoqués ces derniers jours, par différents acteurs étatiques ou industriels européens, allant des moyens satellitaires aux moyens logistiques et de commandement, en passant par la frappe à longue portée ou les capacités de suppression des défenses aériennes adverses.

Une récente analyse publiée par le Think Tank britannique RUSI, met l’accent sur une défaillance capacitaire, évoquée depuis plusieurs années sur ce site, au travers d’articles appelants à la conception d’un Rafale de guerre électronique.

En effet, il n’existe pas, en Europe, d’alternative à l’escorte électronique assurée, aujourd’hui, par les E/A-18G Growler de l’US Navy. Pire encore, aucun programme européen n’envisage de pallier cette défaillance critique, ni à l’échelle nationale, ni à l’échelle européenne.

Les trois piliers de la guerre électronique aéroportée inégalement traitée par les forces aériennes européennes

La guerre électronique aéroportée recoupe plusieurs capacités complémentaires, qu’il convient, avant toute chose, d’identifier et de détailler, pour comprendre les enjeux en Europe dans ce domaine. Concrètement, ce terme recoupe essentiellement trois grandes capacités distinctes.

Falcon Archange Armée de l'Air et de l'Espace
L’Armée de l’Air et de l’Espace va recevoir 3 Falcon Archange pour les missions ELINT, de renseignement électronique.

La première est identifiée par l’acronyme ESM, pour Electronic Support Measures. Il s’agit de moyens passifs, consacrés à l’écoute, l’enregistrement, l’analyse et la classification des signaux électroniques adverses.

Cette mission est assurée par plusieurs types d’aéronefs, des avions d’alerte aérienne avancée aux avions de combat modernes, et surtout par les aéronefs dédiés spécifiquement à cette mission, comme les futurs Falcon Archange de l’Armée de l’Air et de l’espace. L’objectif principal de cette mission est d’enrichir et de mettre à jour les bibliothèques de signatures électroniques adverses et alliées, pour être en mesure de les identifier, mais également de les contrer, au besoin.

La seconde capacité est représentée par l’acronyme ECM, pour Electronic Counter Measures. Il s’agit de moyens actifs embarqués à bord des aéronefs, spécialement conçus pour les protéger des radars adverses, qu’il s’agisse de radars de tir ou des autodirecteurs radars des missiles. Il s’agit, par exemple, du système SPECTRA du Rafale, ou SPARTAN de l’Eurofighter Typhoon.

La troisième et dernière capacité, en matière de guerre électronique, concerne l’attaque électronique, avec l’acronyme anglophone EA. Celle-ci permet d’attaquer globalement un radar adverse, par exemple, en générant un bruit électronique intense, ou en envoyant des signaux de retour altérés, pour que les données affichées soient erronées.

NGJ-Mid band E/A-18G Growler
Pod de brouillage NGJ-Mid Band monté sur un E/A 18G Growler de l’US Navy

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14 Commentaires

    • Sincèrement, je ne serais pas trop sévère avec Me Parly, en dépit de ce point. En effet, elle a pris le ministère des Armées dans les pires conditions imaginables, avec des armées totalement exsangues et profondément démoralisées, l’épisode Sylvie Goulard puis Gal de Villiers, et une trajectoire budgétaire déjà fixée et inamovible, par l’Elysée. Je trouve que dans ce contexte éminemment pourri (et je pèse mes mots), elle mais aussi son CEMA, le général Lecointre, ont fait un travail remarquable, pas pour redonner aux armées les capacités manquantes, mais pour stopper les nombreuses hémorragies.

  1. De mémoire, le développement coutait alors 10 milliards d’euros. Pas complètement neutre. L’intégration de briques tierces induit que la plate-forme serait soumise à autorisation pour l’exportation.
    On peut espérer que la version couterait moins cher, avec des taches centrées sur l’intégration et que le coûts des munitions serait lui aussi moindre.
    Il me semble que cela induit des modifications de cellules sur le F18. Enfin, le rafale qui protège devient lui une cible pour tout aéronef fonctionnant avec un radar passif et donc pour toutes munitions non guidées au radar. N’est-ce pas typiquement le genre de missions qu’il serait intéressant de confier à un drone? La fenêtre d’utilisation d’un tel rafale serait de 4 ans tout au plus. Et il aurait moins de chance de disparaître qu’un drone furtif une fois engagé.

  2. Article complet, pertinent et efficace qui revient sur une évidence. Le besoin pourrait être de 2 escadrons de 16 appareils (version marine) pour constituer des détachements y compris sur les porte-avions. Quelle configuration possible? Une nacelle de brouillage en point central, 1 pod de guerre électronique à la place d’un nacelle de ciblage, 2 réservoirs, 2 micas, 2 Meteors et 2 pylônes doubles pour une dotation totale de 4 missiles anti-radars?

    • Ces avions là, de guerre électronique… J’aime énormément ce site, la technique et les investissements de défense.
      Mais les F18 Growler filent des cancers des parties aux pilotes. C’est assez bien documenté. Le rayonnement est très… très fort.
      L’avion en lui même me fait peur. Se balader avec un gros brouilleur aspirateur à missile au delà de la ligne de front semble risqué.
      Le concept ne me paraît pas si clair: le Rafale peut se protéger seul avec Spectra. On se dit que dans 5 ans, 10 au plus, on aura que des Rafales et des drones. Quels sont les autres avions à protéger? On le fait pour couvrir les M2000-D? Qui sortiront du service en 2035?
      Pour franchir la ligne d’avantage, on fait un drone de combat furtif… Pourquoi développer un mégaphone alors que l’on souhaite être silencieux. Enfin, bref… Je ne suis pas à l’aise avec cette plateforme. Je ne vois pas bien l’intérêt par rapport au missile Britannique qui lui vole en amont de la patrouille avec un gros brouilleur, mais à distance de sécurité. C’est le missile qui prends tout les risques. Si ça n’a pas à être aussi consommable, pourquoi ne pas le mettre dans une flottille d’Aarok ou de Neuron…
      Mais je ne fais pas non plus de planification d’opérations aériennes. Donc peut-être vaut-il mieux se taire.

      • Vous oubliez le besoin de couvrir d’autres aéronefs, comme les avions de soutien, ou les hélicoptères, mais aussi les besoins de brouiller les radars de détection naval ou terrestre. En outre, un système comme SPECTRA, n’est pas capable, à lui seul, de contenir une menace multicouche. Il va rapidement saturer, si vous n’en éliminez pas certaines.

          • C’est antinomique de mettre en système fortement émitif sur un drone furtif, par ailleurs non conçu pour se défendre seul, mais pour épauler un Rafale. Il serait bien plus efficacité de faire accompagner un Rafale GE par un ou plusieurs de ces drones, pour les missions SEAD. En outre, je doute qu’un drone monomoteur ait la puissance électrique suffisante pour mettre en œuvre de puissants brouilleurs.

      • bonjour, oui cela est risqué, mais le métier de militaire est risqué par nature. déjà s’assoire dans un cocpit d’avion avec 12 tonnes de carburant et de munitions, sour le cul, c’est pas franchement sans risques. après j’imagine que si on arrive à faire des soum nucléaires ou les marins ne subissent aucun rayonnement, nos ingénieurs arriveront bien à résoudre ce problème. pour le reste ce que vous dites n’est pas faux, mais les avis divergent en effet.

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