Les armes hypersoniques suscitent de nombreux débats et alimentent une multitude de légendes urbaines. Il est donc essentiel de recontextualiser le sujet afin de distinguer les fantasmes de la réalité.
On a tout entendu – et souvent son contraire – à leur sujet :
- Elles seraient furtives en raison du plasma qui se forme autour d’elles.
- Ce même plasma empêcherait l’usage d’un autodirecteur.
- Elles seraient incapables de manœuvrer.
- Elles seraient invincibles et impossibles à intercepter.
- Et ainsi de suite…
Avant d’aller plus loin, il est important de revenir à quelques notions physiques fondamentales. Cela permet de mieux comprendre ce que sont réellement ces armes, les contraintes techniques qu’elles impliquent, et la réalité opérationnelle qui en découle.
Sommaire
Qu’est-ce qu’une arme hypersonique ?
Un engin hypersonique est défini comme un objet se déplaçant à une vitesse supérieure à Mach 5. C’est ce seul critère qui permet de le classer dans la catégorie des armes hypersoniques.

Pourquoi avoir fixé cette limite à Mach 5 — soit environ 6 125 km/h au niveau de la mer, mais « seulement » 5 300 km/h à plus de 15 000 mètres d’altitude ? Il s’agit d’une convention arbitraire, sans lien direct avec une limite physique précise.
En réalité, il n’existe pas de différence fondamentale entre un engin volant à Mach 4 et un autre atteignant Mach 5,5. Toutefois, à partir de ces vitesses, les effets thermiques liés au frottement de l’air deviennent significatifs et doivent être pris en compte dans la conception des véhicules.
Dans cette catégorie entrent donc de nombreux systèmes : les véhicules spatiaux, les missiles balistiques d’une portée supérieure à 300 km, les missiles semi-balistiques comme l’Iskander-M, certains missiles de croisière comme le 3M22 Zircon, mais aussi des missiles air-air comme le R-37M, surface-air comme le SM-3 Block IIA, ou sol-air comme le THAAD et les Arrow 2/3.
Les armes hypersoniques ne sont donc pas aussi rares qu’on pourrait le croire. Elles restent néanmoins l’exception plutôt que la norme dans les arsenaux actuels.
Qu’est-ce que le plasma ?
Un plasma est un gaz fortement ionisé. Dans le cas qui nous intéresse — l’air — cette ionisation se produit lorsque la température atteint environ 10 000 K, soit un peu moins de 10 000 °C. Cette ionisation rend le gaz conducteur ce qui a pour effet de bloquer les ondes électromagnétiques, un peu comme une cage de Faraday. Un plasma dégage également un rayonnement lumineux qui est produit par le changement de position des électrons. C’est donc une entrave à l’utilisation d’autodirecteurs aussi bien radars qu’optiques.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)
ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.