Le 30 juin 2025, la Commission de gestion du Conseil national suisse a annoncé officiellement l’ouverture d’une enquête sur les conditions financières entourant l’acquisition de 36 chasseurs F-35A par la Confédération, dans le cadre du programme Air2030. Cette décision, relayée par la chaîne publique RTS, fait suite à une série de révélations sur le dépassement budgétaire de plus de 1,3 milliard de francs suisses, les lacunes capacitaires identifiées dans les lots livrés, et les engagements industriels américains considérablement revus à la baisse.
Ce retournement parlementaire remet brutalement en lumière un dossier que beaucoup pensaient clos depuis juin 2021, date à laquelle le Département fédéral de la défense, piloté par Viola Amherd, avait annoncé la sélection du F-35A de Lockheed Martin, à l’issue d’une compétition organisée par l’agence Armasuisse. Présenté alors comme l’appareil le plus performant, mais aussi le plus économique sur l’ensemble de son cycle de vie, le F-35A s’était imposé face à ses concurrents européens, le Rafale français, l’Eurofighter Typhoon et le F/A-18 Super Hornet américain.
Pourtant, dès l’annonce du résultat, de nombreuses voix s’étaient élevées pour contester les conditions d’évaluation de cette compétition, pointant des hypothèses budgétaires peu réalistes, des engagements industriels fragiles, et une communication gouvernementale volontairement opaque.
Si ces critiques ont longtemps été marginalisées ou assimilées à des postures partisanes, les éléments rassemblés depuis, en particulier par les autorités norvégiennes et la presse helvétique, tendent à valider une suspicion plus profonde : la procédure ayant conduit à la sélection du F-35A par Berne en 2021 a-t-elle été sincère, transparente et rigoureuse — ou a-t-elle été, au contraire, artificiellement orientée pour imposer un résultat déjà décidé en amont ?
Sommaire
Une compétition Air2030 à l’équité contestée dès les conclusions d’Armasuisse rendues en 2021
Les Forces aériennes suisses exploitent aujourd’hui une flotte vieillissante d’une quarantaine de chasseurs, composée de F-5E Tiger II, acquis dans les années 1970, et de 25 des 34 F/A-18 C/D entrés en service dans les années 1990. Les deux appareils approchent désormais de leur limite opérationnelle, notamment en raison de la fatigue structurelle de leurs cellules.
Pour répondre à cette situation critique, la Confédération helvétique lança en 2010 une première procédure de renouvellement partiel, destinée à remplacer les F-5E. Au terme de cette compétition rapide, le JAS 39 C/D Gripen du suédois Saab fut sélectionné face au Rafale français et à l’Eurofighter Typhoon, avec la signature d’une commande de 24 appareils pour un montant de 3,1 milliards de francs suisses, confirmée en 2012 par les parlements suisse et suédois. Toutefois, en mai 2014, cette acquisition fut rejetée par référendum populaire, annulant de facto la commande.
Face à ce revers, les autorités suisses lancèrent le programme Air2030, doté d’un périmètre élargi : il s’agissait désormais de remplacer l’ensemble de la flotte de chasse par environ quarante chasseurs modernes, et d’acquérir en parallèle une capacité de défense aérienne à longue portée. Dès le départ, Saab fut écarté de la compétition, son Gripen ayant été désavoué par la votation populaire précédente. Ce retrait, fondé sur des arguments techniques et d’image plus que sur une évaluation rigoureuse, ne fut pas contesté par l’industriel suédois.
Restaient alors en compétition quatre chasseurs : le F/A-18 E/F Super Hornet de Boeing, le Rafale de Dassault Aviation, l’Eurofighter Typhoon du consortium Airbus/Leonardo/BAE Systems, et le F-35A Lightning II de Lockheed Martin. Côté défense aérienne, deux systèmes étaient en lice : le SAMP/T Mamba franco-italien et le MIM-104 Patriot américain.
La compétition fut confiée à Armasuisse, l’agence fédérale des acquisitions de défense, sous la supervision directe de la ministre de la Défense Viola Amherd. Après plus d’un an d’évaluations techniques, financières et industrielles, les résultats furent rendus publics le 30 juin 2021. Contre toute attente, c’est le F-35A qui fut déclaré vainqueur — un choix qui, bien que stratégiquement justifiable, suscita immédiatement des critiques nourries sur le fondement et l’équité du processus.
Comme le souligne notre article de l’époque, « La Suisse choisit le F-35 et le Patriot américain », le F-35A fut déclaré « vainqueur dans tous les critères techniques », tout en s’avérant, selon Armasuisse, « nettement moins cher » que ses concurrents sur la durée du programme. Cette combinaison de supériorité technologique, de discrétion, de connectivité et d’avantage économique — difficilement vérifiable — fut présentée comme irréfutable.
Pourtant, les conditions du choix laissaient rapidement entrevoir des zones d’ombre, et un sentiment d’opacité entacha durablement la décision. Comme le nota la presse romande dès l’annonce des résultats, plusieurs membres du gouvernement fédéral laissaient encore entendre, la veille de la décision, que le Rafale tenait la corde — ce qui accentua encore le sentiment de surprise, voire de malaise, autour du verdict d’Armasuisse.
Une compétition qui place le F‑35A en tête de tous les critères évalués
La désignation du F‑35A comme vainqueur de la compétition Air2030, le 30 juin 2021, fut d’autant plus surprenante que l’industriel Dassault Aviation, selon plusieurs sources concordantes, pensait avoir remporté l’appel d’offres. Plusieurs membres du gouvernement helvétique avaient, en effet, laissé entendre, dans les semaines précédant l’annonce, que le Rafale avait recueilli les meilleures évaluations, tant sur le plan technique qu’opérationnel.
Cette confiance fut pourtant brutalement démentie lors de la conférence de presse organisée par la ministre Viola Amherd. Le F‑35A Lightning II de Lockheed Martin était, affirma-t-elle, arrivé en tête de tous les critères évalués, qu’il s’agisse de l’efficacité militaire, de la cybersécurité, de l’interopérabilité, de la capacité d’évolution technologique, mais aussi du coût global du programme sur trente ans. Un « grand chelem » qui laissait peu de place à la contestation, du moins en apparence.
Sur le plan politique, ce choix semblait cohérent avec les orientations sécuritaires traditionnelles de la Suisse. Les Forces aériennes helvétiques exploitaient depuis plus de vingt ans une flotte exclusivement américaine, sans difficulté opérationnelle notable. À l’inverse, l’achat de Mirage III français dans les années 1960 avait suscité l’un des plus grands scandales politico-financiers de l’histoire récente du pays. Ce précédent — souvent qualifié de « Miragegate » — a durablement refroidi l’establishment helvétique vis-à-vis de l’industrie française de défense.
En outre, à l’été 2021, le F‑35A connaissait un indéniable succès commercial en Europe : après les Pays-Bas, la Norvège, la Belgique et l’Italie, de nouveaux pays comme la Finlande, la Pologne, la Roumanie ou encore la République tchèque s’apprêtaient à rejoindre le programme. Le chasseur furtif américain devenait peu à peu le standard de facto du continent, un argument de poids pour une Suisse soucieuse d’interopérabilité régionale.
Dans un contexte d’incertitude stratégique croissante, le choix du F‑35A pouvait donc se justifier sur une base pragmatique. Toutefois, Armasuisse et la ministre Amherd n’en restèrent pas là. Consciente des tensions suscitées par ce programme auprès de l’opinion publique — qui, rappelons-le, avait validé sa poursuite en septembre 2020 à seulement 50,1 % lors d’un référendum très disputé — la ministre chercha à blinder la décision sur le plan budgétaire.
C’est ainsi que fut introduit un argument décisif dans la communication du gouvernement : non seulement le F‑35A avait surclassé ses concurrents sur les critères techniques, mais il offrait aussi, selon les calculs d’Armasuisse, un avantage économique net de 2 milliards de francs suisses sur la durée de vie du programme par rapport au Rafale, pourtant classé deuxième.
Ce dernier point allait rapidement devenir l’un des nœuds du contentieux à venir. Car en avançant un écart budgétaire aussi spectaculaire, sans en détailler publiquement les composantes, les autorités helvétiques soulevèrent autant d’interrogations que de certitudes. Et ce d’autant plus que la méthodologie d’évaluation, les périmètres budgétaires et les taux de change utilisés ne furent jamais explicités en détail.
La tentation, déjà perceptible dans les premières analyses, était grande, pour certains parlementaires comme pour la presse romande, d’y voir une présentation biaisée, voire une opération de communication destinée à neutraliser toute contestation politique ou populaire ultérieure.
Les parlementaires et la presse helvétiques perplexes face aux arguments d’Armasuisse
Plutôt que de sécuriser le choix du F‑35A, l’argumentaire financier présenté par Armasuisse à l’été 2021 a rapidement éveillé la méfiance d’une partie des élus et des médias suisses, en particulier en Suisse romande. L’annonce selon laquelle l’offre de Lockheed Martin permettrait une économie de 2 milliards de francs suisses par rapport au Rafale, pourtant arrivé en deuxième position, a suscité une incompréhension immédiate, notamment parmi les membres de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national.
En effet, aucun des éléments concrets présentés ne permettait de justifier un tel écart budgétaire. Le montant de l’offre américaine, évaluée à 4,6 milliards de francs suisses pour 36 appareils, incluait selon Armasuisse les simulateurs de vol, les pièces détachées, la formation initiale et une logistique de soutien sur plusieurs années. Or, à cette date, la plupart des observateurs savaient déjà que les F‑35A, s’ils pouvaient concurrencer les autres appareils sur le prix d’achat initial, affichaient des coûts de possession notoirement élevés, notamment en matière de maintenance et de disponibilité.
Pour tenter de justifier cette différence, la ministre de la Défense Viola Amherd avança deux arguments. D’abord, selon elle, les États-Unis auraient garanti contractuellement les prix proposés à la Suisse jusqu’en 2031, rendant l’offre « insensible à l’inflation ». Ensuite, elle affirma que le F‑35A nécessiterait moins d’heures de vol pour la formation des pilotes, grâce à des simulateurs plus performants, permettant ainsi de réduire les coûts d’exploitation sur 30 ans.
Mais ces deux affirmations furent immédiatement contestées. Comme le rappela la presse suisse alémanique et romande, les simulateurs faisaient également partie des offres de Boeing, Dassault Aviation et Airbus pour l’Eurofighter Typhoon. Quant à la promesse d’un prix ferme sur une décennie, elle parut hautement improbable, dans un contexte de forte inflation post-Covid, en particulier sur le marché américain de la défense.
Dès novembre 2021, la crédibilité de l’offre américaine commença à vaciller, lorsque le gouvernement helvétique annonça que l’enveloppe budgétaire initiale pour les 36 F‑35A devait être relevée à 6,1 milliards de francs suisses, soit une hausse de près de 33 % en quelques mois seulement. Officiellement, cette révision devait « anticiper l’impact de l’inflation américaine » et « ajuster le périmètre logistique à la réalité des besoins », mais sans remettre en cause la validité du choix initial ni sa supériorité économique supposée.
Plusieurs médias, dont 20 Minuten et Meta-Défense, soulignèrent le caractère contradictoire de cette explication : comment un prix pouvait-il être à la fois contractuellement garanti et indexé sur des aléas futurs ? De leur côté, certains parlementaires demandèrent à revoir les conditions exactes du contrat FMS (Foreign Military Sales) négocié avec le Département de la Défense américain.
La question des compensations industrielles fut également soulevée. Initialement présentée comme un engagement à hauteur de 60 % de la valeur du contrat, la clause d’offset fut, elle aussi, révisée à la baisse, pour descendre à 2,9 milliards de francs suisses, soit à peine 36 % de la nouvelle enveloppe contractuelle. Cette révision, passée relativement inaperçue dans le débat public, n’échappa pas aux analystes spécialisés, qui y virent un nouveau signe d’un processus d’évaluation biaisé.
De fait, loin de renforcer l’adhésion politique au programme Air2030, la communication d’Armasuisse et du Département fédéral de la défense ajouta une couche d’opacité à une décision déjà contestée par une large frange de la population. Comme l’écrivait 20 Minuten à l’époque, « la justification économique du F‑35A semble reposer davantage sur un pari politique que sur une évaluation rigoureuse ».
Le rapport édifiant du Service national des audits norvégiens sur les chiffres avancés par Armasuisse
En parallèle aux premières contestations politiques et médiatiques en Suisse, les interrogations autour de la validité économique de l’offre F‑35A suisse ont commencé à trouver un écho bien au-delà de la Confédération. À partir de 2022, plusieurs observateurs européens ont exprimé leur étonnement face au prix particulièrement attractif consenti à Berne pour 36 chasseurs furtifs de cinquième génération.
Mais c’est en Norvège, pays membre de l’OTAN et client historique du F‑35A, que les premières critiques chiffrées et officielles ont été formulées de manière rigoureuse. En décembre 2023, le Service national des audits norvégiens (Riksrevisjonen) a publié un rapport accablant concernant le programme F‑35 dans ce pays nordique. Le document pointait des coûts très largement sous-estimés, des retards dans les livraisons et une disponibilité opérationnelle inférieure aux engagements initiaux. Or, dans ses développements annexes, il comparait directement l’enveloppe consentie par Oslo — plus de 10 milliards d’euros pour 52 avions — à celle annoncée par la Suisse.
Le constat fut sans appel : à périmètre équivalent, le coût d’un F‑35A pour la Norvège semblait quasiment deux fois supérieur à celui négocié par Berne. Pire, la Norvège continuait à enregistrer des hausses de coûts opérationnels et logistiques année après année, tandis que la Suisse affirmait toujours pouvoir s’en tenir à son budget révisé de 6,1 milliards de francs suisses.
À ce moment-là, l’enveloppe suisse n’avait d’ailleurs pas encore été officiellement augmentée, mais elle posait déjà problème à l’administration norvégienne. Le rapport insistait sur le caractère irréaliste de certaines hypothèses de coût avancées par Armasuisse, notamment concernant le soutien logistique à long terme, la disponibilité des pièces détachées et le coût du soutien numérique du chasseur.
De fait, l’écart de prix relevé dans le rapport ne s’expliquait ni par un meilleur positionnement suisse en matière d’industrie de défense, ni par un calendrier de livraison plus favorable. Il traduisait, selon les auditeurs norvégiens, une surestimation volontairement optimiste des gains potentiels liés au simulateur de vol et à l’interopérabilité OTAN, qui ne pouvait justifier un tel différentiel budgétaire.
En parallèle, la presse suisse commença elle aussi à s’interroger plus vigoureusement. En novembre 2021, les autorités fédérales avaient discrètement réévalué l’enveloppe budgétaire du programme F‑35A, passant de 4,6 à 6,1 milliards de francs suisses. À cette occasion, Viola Amherd évoqua notamment « les effets de l’inflation et l’élargissement des prestations logistiques ». Toutefois, cette explication ne tenait pas face aux engagements de prix « fermes et définitifs » jusqu’en 2031, martelés en juin 2021 pour justifier l’avantage compétitif du F‑35.
En clair, la hausse de 1,5 milliard de francs suisses en six mois contredisait l’un des principaux arguments de sélection du chasseur américain, et confortait les conclusions du rapport norvégien, selon lesquelles les prévisions budgétaires suisses n’étaient pas sincères — ou à tout le moins très optimistes.
Ce rapport, pourtant accessible au public et aux parlementaires suisses, n’eut pas à l’époque l’effet de détonation escompté. Les relais politiques favorables au programme Air2030, soutenus par le Département fédéral de la défense, balayèrent les critiques venues de l’étranger comme autant de réactions jalouses ou disproportionnées.
Il fallut attendre début 2025, et l’aggravation des écarts budgétaires, pour que ces doutes ressurgissent. Mais déjà, à ce stade, la promesse d’un choix rationnel et transparent se trouvait largement écornée. Car si le coût d’un programme est susceptible d’évoluer, la nature des engagements budgétaires contractuels ne peut pas être redéfinie sans remettre en question la sincérité même de l’appel d’offres.
La Commission de gestion nationale helvétique s’empare du dossier du programme des F‑35A suisses
Longtemps cantonné aux cercles spécialisés de la défense, le contrat des 36 F‑35A destinés aux forces aériennes suisses est revenu au cœur du débat national à partir de février 2025. C’est à cette date que Priska Seiler Graf, présidente de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national, a publiquement exprimé ses inquiétudes sur l’évolution budgétaire du programme. Selon ses déclarations, l’enveloppe de 6,1 milliards de francs suisses prévue pour l’acquisition des appareils américains risquait fortement d’être dépassée d’ici à 2030, date de livraison des premiers avions.
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Ça bouge!
Blick: 2 août.
le PLR commence à lâcher le F-35
L’annonce de droits de douane US de 39 % a agi comme un déclencheur :
Le conseiller national Hans-Peter Portmann (PLR/ZH) a officiellement déposé à la Commission de politique extérieure une demande de réexamen complet du contrat F-35 – avec trois options :
1. Résilier le contrat,
2. Réduire la commande aux seuls appareils déjà payés,
3. Geler les prochaines tranches et combler le besoin par du matériel européen.
Dernières évolutions. Reuters, la tribune, le Monde. Ça sent le roussi!
Surcoût contesté : Berne confirme que Washington réclame désormais +650 M à +1,3 Mrd CHF pour les 36 F-35A. Le gouvernement parle d’« inflation exagérée » et de « malentendu sur le prix fixe ».
Menace de réduire la commande : si Lockheed Martin ne revient pas au budget initial, la Suisse préservera l’enveloppe de 6 milliards en achetant moins d’appareils ou en retirant des options (simulateurs, kits de guerre électronique).
Crise politique ouverte : la presse romande et internationale parle désormais de « scandale national ». L’opposition gauche-écologistes, déjà prête à lancer un référendum, dénonce une « facture Trump ».
Renforcement de la posture défensive : le nouveau ministre de la Défense, Martin Pfister, annonce une protection renforcée des bases aériennes contre l’espionnage, à la demande… des Américains (conditions d’accueil du F-35).
Calendrier parlementaire inchangé : le crédit additionnel (s’il est déposé) sera débattu à la session d’automne (9-27 sept. 2025). Au-delà de +10 % du prix, 50 000 signatures suffiront pour un référendum dès mars 2026.
Opinion publique : rien ne bouge côté sondages : ~80 % des Suisses restent défavorables au F-35, un chiffre qui grimpe encore en Suisse romande.
En bref:
Berne hausse enfin le ton : « prix fixe ou fewer jets ».
Lockheed & le Pentagone n’ont pas encore cédé.
Si aucun compromis n’émerge d’ici septembre, le référendum deviendra quasi automatique – et le camp du « non » part favori.
Article très intéressant sur plusieurs points ( le Portugal annoncé qu’il n’achètera pas le F35 ). mais aussi avec plusieurs erreurs ( un missile de défense aérienne a paki a abattu un rafale indien par ex ).
https://www.blick.ch/fr/monde/france/paris-se-moque-de-la-suisse-bien-fait-pour-vos-f-35-surfactures-id21010075.html
C’est beaucoup plus simple que ca
Biden débarque 1 mois avant a Genève pour des discussions pépères.
Il pose un deal : si tu veux que tes banques continuent a bosser en zone dollars c’est F35 ou rien
Vu l’ampleur du marché bancaire pour l’économie suisse y avait pas tellement le choix
Je vous transmet une analyse de la situation du contrat f35 en Suisse et de ses possibles évolutions, en rapport avec la pression us sur les banques suisses. Bonne lecture.
« Depuis 2021, la Suisse a signé un contrat ferme pour 36 F-35A (environ 6 milliards CHF). L’initiative populaire « Stop-F-35 » avait bien récolté 100 000 signatures, mais ses auteurs l’ont retirée en 2022 après la signature, estimant qu’un vote n’aurait plus d’effet.
Entre 2023 et 2024, la critique a grandi : problèmes techniques (interdiction de vol par orage, retards) et répartition jugée inégale des retombées industrielles, surtout en Suisse romande.
En mai–juin 2025, deux pressions venues de Washington font monter la tension :
1. Credit Suisse (filiale d’UBS) conclut un accord avec le Department of Justice et paie 511 millions USD pour aide à l’évasion fiscale.
2. Le Pentagone réclame entre 650 millions et 1,3 milliard CHF supplémentaires pour le programme F-35, malgré la clause de prix fixe.
Il n’existe aucune preuve qu’un troc explicite lie ces dossiers, mais leur simultanéité, sous l’administration Trump, nourrit l’idée d’une dépendance helvétique renforcée envers les États-Unis.
Politiquement, le surcoût a déclenché une riposte immédiate : les groupes socialiste et écologiste ont déposé des motions imposant qu’un crédit additionnel soit soumis au peuple. Si le dépassement est confirmé (> 10 %, soit ≈ 600 millions CHF), un crédit additionnel devra être voté lors de la session d’automne 2025. Il suffira alors de 50 000 signatures (délai : 100 jours) pour qu’un référendum facultatif soit lancé, ouvrant la voie à un scrutin dès mars ou juin 2026.
Les sondages récents indiquent qu’environ 80 % des Suisses sont désormais opposés au F-35, évoquant une dépendance accrue vis-à-vis des États-Unis, d’autant plus sensible depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Quatre scénarios restent possibles :
Les États-Unis renoncent aux suppléments : le dossier se calme (peu probable).
Surcoût 10 % : crédit supplémentaire inévitable, référendum quasi certain.
Résiliation négociée : la Suisse abandonne le F-35, paie des pénalités et doit relancer une procédure pour un autre système aérien.
En résumé : sous la présidence Trump, la double pression bancaire et militaire américaine renforce le sentiment de dépendance en Suisse. Si Washington maintient le surcoût, un nouveau référendum sur le F-35 devient pratiquement inévitable. »
Bon au final c’est un peu toujours la même histoire, les gros appels d’offre militaires des pays de l’OTAN, sur lesquels du matériel américain est en compétition, finissent toujours par revenir aux US, d’une manière ou d’une autre, car leurs moyens de pression sont trop gros… Avec un Trump qui n’essaye même plus de faire semblant de jouer dans la règle, je pense qu’on a tout à gagner (temps, argent, crédibilité…) à ne plus jouer le jeu de ces appels d’offre pipés.
Avec ce genre d’alliés on a plus besoin d’ennemis ! Alliance avec la Russie ou frexit ?
Frexit pour un sujet qui touche la suisse, qui n’est pas dans l’UE (ni dans l’OTAN) ni n’a aucune intention d’en faire partie ??
clap clap, autopsie d’une escroquerie d’état, beau diagnostic Fabrice, y aura t’il un remede, j’en doute comme vous ? j’attend avec délectation les explications de la commission d’enquête, haha …
Il me semble que le scandale du Mirage III en Suisse présente un point commun mais aussi des différences majeures avec le scandale actuel autour du F35A.
D’après mes recherches (Wikipedia mais aussi le n° spécial d’Air & Cosmos dédié au Mirage III), le point commun est une sous-évaluation des coûts d’acquisition par le Comité suisse de l’époque.
Les différences, qui expliquent une autre envolée des coûts, ce sont les nombreuses demandes suisses de modification de l’appareil : radar différent, renforcement de la cellule pour permettre des décollages plus courts et musclés, adaptations pour le tir des missiles américains de l’époque, entre autres choses.
Pour le F35A, je n’ai pas relevé de telles demandes de modifications par les suisses de l’avion proposé par LM.
Mais le comble avec ce premier scandale, c’est qu’il semble avoir porté atteinte au crédit de Dassault et des entreprises françaises d’armement quand toutes les erreurs, classiques, ont été commises côté suisse.
Mais si vous avez d’autres éléments pour nuancer ce tableau, je suis preneur.
C’est absolument exact. C’est une situation assez comparable à celle des sous-marins australiens : le changement radical de périmètres entre l’appel d’offres et l’expression finale de besoin, a entrainé une variation radicale des prix. Il était de bon ton, alors, de blâmer la France (comme ce fut le cas en Belgique), surtout lorsque cela permettait de se deffosser de ses propres errements…
C’est quand même incroyable qu’un pays comme la suisse « magouille » autant un appel d’offres !
Et en plus vous semblez penser qu’au final il risque fort de ne rien se passer , aucune des personnes ayant truqué ( car il faut bien admettre que c’est le mot à employer ) le marché ne serait inquiétée ? Les suisses paieraient au final le double du prix initial ( 6.1 milliard + 1.3 + les munitions … ) sans sourciller ? D’autant que je prend les paris que ce cout va encore augmenter ( inflation , nouveau moteur … ).
Mon frère a habité et travaille durant 8 ans à Genève pour la ville de Genève même , il aimait à expliquer que contrairement à la France et son administration inerte , mal organisée les suisses eux étaient efficaces et intransigeants sur la rigueur de la gestion de leur finances.
De plus et plus largement je veux bien que pour plaire à l’oncle sam et espérer acheter sa protection ( ce qui semble de moins en moins acquis c’est le moins qu’on puisse dire ) les pays acheteurs du F35 avalent couleuvre sur couleuvre ( coûts d’acquisition et de possession en hausse constante et importante , dépendance du bon vouloir US en ce qui concerne la vie opérationnelle de l’avion ….) mais quand même cela va finir par siphonner leurs budgets et les empêcher d’acquérir soit suffisamment d’avions soit cela les
Obligera à faire l’impasse sur d’autres équipements et au final c’est bien de la sécurité de l’Europe qu’il s’agit et là j’ai l’impression qu’elle risque d’être mise en péril par la continuité de l’aveuglement de bcp de pays européens qui continuent de croire que les ricains vont nous protéger parce qu’on achète leur Matos , je ne parle pas ici d’acheter français mais européen , la Russie démontre tous les jours en Ukraine que la masse compte plus que la technologie , vaut il mieux 12 F35 ou 36 rafales ou typhoon face à 60 chasseurs russes ?
Sachant que le scandale n est pas prêt de se terminer car les f35a devront être livrés en version Block 4 de cet appareil qui exigera un moteur plus puissant que l’actuel F135
La vraie question est le pourquoi. Je doute qu’il y ai eu corruption active (avec transferts d’argents etc..), mais je n’exclue pas des pressions fortes venues de Washington concernant d’éventuelles mesures de rétorsions extraterritoriales américaines contre le système bancaire suisse. Ceci expliquerait d’ailleurs le phénomène de stop&go concernant les différents audits lancés au sujet de cette procédure : une fois la cause profonde dévoilée, plus personne ne veut prendre la responsabilité de déchaîner les foudres de Washington sur Bernes.
Cela dit, l’absence totale de malversation explique aussi très bien ce phénomène, donc, au final, on n’est pas plus avancé.
Pour être franc, je doute même qu’on ait le fin mot de cette histoire un jour, tout au moins, par des sources fédérales.
Tout à fait d’accord , je me souvient cependant qu’à la veille de l’annonce du lauréat certains étaient tellement sûrs de la victoire du rafale que j’au vu passer entre 22h et minuit des articles de presse l’annonçant.
Mais ce qui me semble également étrange ( pour ne pas dire plus ) c’est que Biden était arrivé en suisse 24h avant je crois bien et pouf tout d’un coup volte face …
Petite coquille en début d’article , le 03 juillet 2025 c’est dans 3 jours 😉
Voilà bien un article qui va fortement intéresser les passionnés d aviation .
Lorsqu on le lit du début à la fin, c est un long déroulé menant à une énorme affaire d état mêlant mensonges, tromperies , corruption et influences proches de méthodes mafieuses , méthodes qui fait leurs preuves à maintes reprises notamment durant le contrat du siècle opposant le Mirage f1M53 au F16…
Au vu de l éclairage présenté ici par Fabrice , cette compétition devrait être caduque.