[Analyse] Le Fujian entre en service : l’EMALS et la redéfinition de la projection chinoise face à l’US Navy

L’annonce officielle de l’entrée en service du porte-avions Type 003 Fujian à Sanya, le 7 novembre 2025, consacre un jalon majeur pour la flotte asiatique. Le navire inaugure les catapultes électromagnétiques, ou catapulte électromagnétique (EMALS), une technologie jusqu’ici réservée à la marine américaine. Avec trois catapultes, des brins d’arrêt électromagnétiques et un groupe aérien renouvelé, l’ambition est claire. Reste à déterminer si cet acquis technologique se traduira en supériorité opérationnelle durable, dans une compétition qui mêle maîtrise technique, formation des équipages et capacité à reproduire l’outil en série.La chronologie éclaire déjà l’ampleur du saut.

Lancé le 17 juin 2022, le navire a débuté ses essais à la mer le 30 avril 2024, avant sa mise en service solennelle en 2025. Long de 316 mètres, pour plus de 85 000 tonnes, il peut embarquer environ 50 aéronefs. Ce format l’éloigne nettement des deux unités à tremplin, et rapproche son architecture fonctionnelle des super porte‑avions américains. La question cruciale demeure toutefois la fiabilité des systèmes électromagnétiques, la montée en compétence des personnels et le rythme industriel à tenir pour créer une masse crédible face à la marine américaine.

Du Liaoning au Fujian, chiffres et accélération de la flotte chinoise et de ses porte-avions

En huit ans, la force navale chinoise a franchi des étapes que l’on pensait s’étaler sur plusieurs décennies. Le Liaoning, entré en service en 2016, a été suivi du Shandong en 2019, puis du Type 003 lancé le 17 juin 2022. Selon un article d’avril 2024, les essais à la mer ont débuté le 30 avril 2024, deux ans après le lancement. L’admission de 2025 confirme une courbe d’apprentissage resserrée. En moins de dix ans, la flotte est passée d’une plateforme reconstruite à un navire à catapultes, avec un groupe aérien de conception nationale.

Les données physiques traduisent ce changement d’échelle. Les longueurs restent proches, avec 305 mètres pour le Liaoning, 315 mètres pour le Shandong et 316 mètres pour le Type 003. L’écart se creuse sur le déplacement, supérieur à 85 000 tonnes pour le nouveau navire, contre 67 000 à 70 000 tonnes pour ses prédécesseurs. Le pont d’envol plus vaste et des hangars agrandis portent la capacité embarquée à environ 50 aéronefs. D’après l’article d’avril 2024, les manœuvres quotidiennes peuvent atteindre 80 rotations, soit le double des unités à tremplin.

porte-avions chinois Fujian
vue d’artiste du fujian avec son groupe aérien embarqué

Cette accélération tient aussi à une synchronisation programmatique inédite. L’industrialisation rapide d’un porte‑avions à catapultes s’est doublée du développement du J‑35, du J‑15T et du KJ‑600, des appareils destinés à former le noyau du groupe aérien. Comme nous l’avons évoqué dans un article de septembre 2025, cinq programmes ont convergé vers une même échéance, un fait rare à l’échelle mondiale. Par ailleurs, l’intervalle de deux ans entre essais et mise en service rappelle la temporalité du premier porte‑avions, ce qui souligne une continuité méthodologique.

Le contexte aérien facilite cette bascule. La modernisation engagée au sein des forces aériennes se mesure à la croissance des flottes de J‑20 et de J‑16. D’après une analyse de décembre 2024, la production annuelle atteint 70 à 80 J‑20, 35 à 50 J‑16 et une trentaine de J‑10C. Selon la même source, ce sont 135 à 160 chasseurs modernes livrés chaque année, accélérant la transition vers la quatrième génération modernisée et la cinquième. Cet effort, détaillé ici en décembre 2024, alimente les viviers de pilotes et de techniciens appelés à armer la filière aéronavale. 

EMALS et architecture du Type 003, capacités techniques et chiffres clés

Le Type 003 adopte une architecture à catapultes et brins d’arrêt, dite catapultes et brins d’arrêt (CATOBAR), propice aux aéronefs lourds. Trois catapultes électromagnétiques et des brins d’arrêt électromagnétiques équipent le pont. La propulsion électrique intégrale sépare production d’énergie et propulsion par turbines électriques. Ce choix ouvre des marges de gestion énergétique pour l’EMALS et pour les radars comme les capteurs. Les dimensions du navire, 316 mètres de long pour plus de 85 000 tonnes, créent la réserve de volume nécessaire à la montée en cadence. Ces éléments ont été détaillés dans une étude d’avril 2024.

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3 Commentaires

  1. Bonjour Fabrice, concernant les avancées chinoises l impression generale est qu on pointe systematiquement du doigt les limitations supposées de leurs materiels et procedures telles que la propulsion conventionnelle des PA, la fiabilité de leurs technologies emals et aeronautiques ou encore la maitrise et l experience de leurs personnels. Pourtant les memes questions auraient pu etre posées pour les PA anglais et destroyers type 45 avec les pannes, casses et pertes de F-35, australiens, italiens espagnols ou du japon pour les limitations de la propulsion conventionnelle voir l absence d aew&c de type E-2C/D, US pour les collisions, incendies, pertes de super hornet, francais meme vu les aléas du charle de gaulle a sa mise en service.
    Tout ca me fait penser a une sorte d auto persuasion negative concernant les performances chinoises meme si on a pas ou tres peu de retour sur les accidents ou dysfonctionnements dans leurs forces armées.
    Ca sonne comme une facon de se rassurer…mais moi ca m inquiete plutot de les sous estimer.

  2. La France doit se trouver un partenaire moins egocentrique que les USA, peut être se rapprocher de l’Inde pour envisager un concept de PA en sistership , peut etre aussi l’Italie ou l’Espagne, permettant l’élaboration plus economique d’Emals, devenir non aligné en quelque sorte, autour de 5 ou 6 unités

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