[Dossier] Taïwan face à la Chine : 40 Md$ pour combler la fenêtre de vulnérabilité 2026–2028

Les autorités de Taïwan ont annoncé un budget supplémentaire de défense d’environ 40 milliards de dollars, soit 1,25 trillion de dollars taïwanais, afin d’accélérer les achats d’armement et de renforcer la dissuasion face à la Chine. Lai Ching‑te, président de Taïwan, présente cette enveloppe comme un choix de souveraineté, visant un niveau de préparation élevé d’ici 2027, puis une montée du budget de défense à 3,32 % du produit intérieur brut en 2026, pour atteindre 5 % à l’horizon 2030. Le signal est clair, la trajectoire budgétaire est assumée, et la priorité opérationnelle est fixée.

La logique qui sous‑tend cette décision s’inscrit toutefois dans une temporalité contrainte. Les effets de dissuasion immédiats resteront limités tant que les stocks de munitions, la production industrielle et la logistique ne seront pas nettement densifiés. L’axe d’analyse met en évidence une dissonance temporelle entre les commandes accélérées et l’arrivée réelle des capacités dans les forces, ce qui ouvre une fenêtre de vulnérabilité entre 2026 et 2028. Cette période, propice aux provocations calibrées, impose d’identifier dès maintenant les leviers concrets pour réduire le risque et préserver la cohérence des alliances.

Un budget de défense accéléré et des jalons 2026–2030 assumés

Au cœur de l’annonce figure un supplément financier massif, présenté comme un accélérateur de commandes d’armement et de préparation opérationnelle. DW rapporte que le plan additionnel de T$1,25 trillion, soit près de 40 milliards de dollars, doit donner de la profondeur à la dissuasion vis‑à‑vis de Pékin. L’exécutif taïwanais articule ainsi l’argent au temps, puisque l’urgence n’est pas seulement budgétaire, elle est aussi capacitaire. L’objectif implicite consiste à solidifier la crédibilité des engagements dès que possible, tout en conservant une trajectoire soutenable dans la durée.

Le calendrier politique et militaire est assumé publiquement. Lai Ching‑te, président de Taïwan, vise un « haut niveau » de préparation d’ici 2027, puis la portée du budget de défense à 3,32 % du PIB en 2026 et 5 % du PIB dès 2030. Dans son propos, la doctrine est sans équivoque, puisque « il n’y a pas de place pour le compromis sur la sécurité nationale » et céder à l’agression n’apporterait « que l’asservissement ». Ainsi, les jalons budgétaires deviennent aussi des balises de dissuasion, en cohérence avec la trajectoire capacitaire recherchée.

M1A2T Abrams Taiwan
Arrivée des premiers M1A2 Abrams vendus par Washington à Taiwan

Par ailleurs, les autorités précisent la centralité des partenariats de sécurité. Wellington Koo, ministre de la Défense taïwanais, évoque l’achat de nouveaux systèmes, y compris auprès des États‑Unis, présentés comme partenaire de sécurité clé. Dans cette logique, l’architecture d’achats devient un outil de signal politique autant qu’un instrument d’augmentation de la puissance militaire. La relation avec Washington est décrite comme solide, l’objectif étant de verrouiller un continuum de soutien, de la commande à la mise en service.

En réaction, la Chine hausse le ton sur le plan diplomatique et rhétorique. Pékin prévient qu’il « écrasera » toute ingérence étrangère et réaffirme sa détermination à défendre ses positions, suivant une ligne de fermeté désormais régulière. Cette posture s’inscrit dans une stratégie de pression politique et militaire continue autour de l’île, renforçant la nécessité pour Taipei de transformer son effort budgétaire en capacités opérationnelles concrètes au plus vite, pour consolider la dissuasion. 

Les limites de l’industrie de défense face aux commandes accélérées

La question est difficile, puisque accélérer les crédits ne supprime pas instantanément les goulots d’étranglement. Les commandes réussissent rarement à contourner la réalité des chaînes d’approvisionnement, la formation des personnels et la maintenance, qui constituent autant de limites à court terme. Pendant la phase 2026–2028, l’écart structurel entre décisions et montée en cadence se fera sentir, avec un besoin évident d’augmenter la résilience des stocks et des flux. La dissuasion dépend, dès lors, d’une exécution industrielle robuste autant que d’annonces politiques.

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