[Dossier] 2000 Octopus par mois : la défense antidrone se généralisent dans les armées

La décision britannique d’ouvrir une ligne de production sous licence pour les drones‑intercepteurs Octopus marque une inflexion nette dans la défense antidrone à bas coût. L’enjeu est d’amener un volume mensuel pouvant atteindre 2 000 unités vers l’Ukraine, afin d’absorber des vagues de Shahed et de préserver les missiles de défense sol‑air plus onéreux. Cette montée en cadence vise une économie d’interception plus soutenable, en multipliant des effecteurs légers capables d’opérer de nuit, dans le mauvais temps et sous brouillage, là où les systèmes classiques sont sollicités à l’excès.

Au‑delà de l’effet d’annonce, l’ambition s’inscrit dans un mouvement déjà engagé en Ukraine, avec des intercepteurs produits localement depuis novembre et une diffusion de la technologie vers plusieurs industriels. L’objectif opérationnel est clair, puisque la multiplication d’intercepteurs dédiés doit abaisser le coût marginal par interception et alléger la contrainte sur la défense aérienne multicouche. La question stratégique demeure pourtant entière, car transformer cet effet tactique de masse en résilience durable suppose une stratégie d’ensemble couvrant production, maintenance, standardisation au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et règles d’emploi en zone civile dense.

Octopus face aux Shahed et Geran: des origines d’urgence à une trajectoire industrielle binationale de défense antidrone

La genèse d’Octopus s’inscrit dans l’urgence imposée par les salves de Shahed sur les villes et infrastructures ukrainiennes. D’après DefenseRomania, un accord de licence conclu avec Londres permettra de produire en série au Royaume‑Uni un intercepteur conçu en Ukraine et déjà industrialisé localement. Les premières séries, engagées en novembre, confirment un positionnement sur la très basse altitude et en conditions contestées, afin de neutraliser des drones lents et furtifs sans épuiser les systèmes lourds.

La trajectoire industrielle reflète une diffusion rapide en Ukraine, avec un transfert de technologie effectué vers au moins trois industriels et la préparation de onze autres lignes. Cet élargissement constitue un multiplicateur de résilience, puisque la dispersion des capacités réduit les interruptions de flux, tout en soutenant la production de masse à bas coût. La montée en cadence britannique répond, de son côté, à la nécessité d’externaliser une part du risque industriel hors du théâtre, afin de sécuriser l’approvisionnement et d’accroître les volumes livrables.

corpus zelensky starmer
Présentation du drone antidrone britannique Octopus par le PM Keir Starmer au président Zelensky.

Le paysage ukrainien confirme, par ailleurs, l’émergence d’un segment d’intercepteurs dédiés fabriqués en série. Les drones Bullet de General Chereshnya, orientés anti‑aériens de proximité, sont signalés en production avec des volumes pouvant atteindre plusieurs milliers d’unités mensuelles, et des centaines d’interceptions revendiquées, ce qui atténue la pression sur les systèmes plus coûteux. Le média Defense‑ua.comindique que des académies d’opérateurs sont même ouvertes pour accélérer l’appropriation des unités.

Dans cette optique, la logique opérationnelle privilégie désormais le volume d’effecteurs légers et le coût unitaire faible, plutôt qu’un recours exclusif à des munitions d’interception onéreuses. La bascule tend à réserver les missiles sol‑air de moyenne et longue portée à des menaces d’ampleur supérieure, tout en confiant aux intercepteurs dédiés le traitement des drones d’attaque saturant la très basse couche. La production britannique d’Octopus s’insère ainsi dans une stratégie plus large consistant à renforcer la densité de feu au plus près des cibles. 

2 000 unités/mois pour la défense antidrone : volumes, calendrier et portée du transfert de licence

Les autorités ukrainiennes qualifient l’accord de licence de tournant, puisque les estimations initiales évoquent une capacité « de l’ordre de plusieurs milliers » d’intercepteurs Octopus par mois, avec une cible relayée de 2 000 unités mensuelles. L’objectif affiché est de soutenir la défense aérienne ukrainienne face à la répétition des frappes et de soulager les couches supérieures très sollicitées. La promesse porte donc autant sur le volume que sur la régularité de l’effort industriel à l’arrière.

Accès abonné

Accédez à l’analyse complète

Cet article est réservé aux abonnés Meta-Defense. L’abonnement vous donne accès à l’ensemble des analyses, dossiers et décryptages publiés sur le site.

Aucun engagement. Votre soutien finance une information indépendante et spécialisée défense.

Publicité

Droits d'auteur : La reproduction, même partielle, de cet article, est interdite, en dehors du titre et des parties de l'article rédigées en italique, sauf dans le cadre des accords de protection des droits d'auteur confiés au CFC, et sauf accord explicite donné par Meta-defense.fr. Meta-defense.fr se réserve la possibilité de recourir à toutes les options à sa disposition pour faire valoir ses droits. 

Pour Aller plus loin

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles