mardi, décembre 2, 2025

[Actu] Hanwha Systems se renforce pour soutenir les livraisons de KF-21 Boramae

Hanwha Systems a finalisé l’extension de son site de Gumi, portant la surface de 45 000 à 89 000 m² pour un investissement de 280 milliards de wons. L’ensemble comprend une salle blanche de 5 000 m² dédiée aux produits électro‑optiques et aux composants de radar, ainsi qu’une gestion automatisée de plus de 20 000 références.

Cette montée en capacité vise à réduire les goulots d’étranglement des programmes souverains sud‑coréens – KF‑21, KSS‑III, L‑SAM et constellation de renseignement, surveillance et reconnaissance – tout en accélérant l’intégration de systèmes embarqués alimentés par l’intelligence artificielle. L’ambition est claire, puisqu’il s’agit d’augmenter les cadences export tout en consolidant l’autonomie industrielle. Les contraintes demeurent néanmoins présentes, qu’il s’agisse de la main‑d’œuvre qualifiée, de la résilience des chaînes d’approvisionnement ou du contrôle qualité sur des systèmes critiques.

À Gumi, la salle blanche et l’automatisation ancrent l’avantage industriel de Hanwha Systems dans les capteurs et radars

La trajectoire affichée par Hanwha Systems se lit d’abord dans la transformation de l’empreinte industrielle. Le site de Gumi a doublé sa surface productive en passant de 45 000 à 89 000 m², sous un effort d’investissement de 280 milliards de wons. Cette bascule dimensionnelle traduit un changement d’échelle au service des capteurs et des systèmes embarqués. Comme le rapporte The Defense Post, l’objectif est de soutenir à la fois la demande nationale et des contrats d’exportation structurants, en stabilisant les approvisionnements et en sécurisant la cadence. La mise en cohérence des moyens et des programmes constitue la première clé de lecture de ce nouvel outil.

L’élément pivot réside dans la salle blanche d’environ 5 000 m², décrite comme la plus vaste de la défense sud‑coréenne. Dédiée aux produits électro‑optiques et aux composants de radar, elle permet d’industrialiser des chaînes sensibles, d’élever le niveau de qualification et d’ancrer des standards de fiabilité élevés. De fait, le cœur des performances de nombreuses plateformes tient aux capteurs, au traitement du signal et à l’assemblage propre des modules. L’extension conforte ainsi la capacité à livrer des ensembles de capteurs et de détecteurs électro‑optiques à l’échelle voulue, en rationalisant les flux de production tout au long du cycle.

Site hanwha systems gumi
vue du futur site Hanwha Systems de Gumi

Par ailleurs, l’installation comprend une salle de gestion des matériaux de 2 300 m², appuyée par des robots logistiques et des systèmes automatisés. La maîtrise de plus de 20 000 références réduit la vulnérabilité aux ruptures et fluidifie les arbitrages d’ordonnancement. L’enjeu n’est pas seulement de stocker mieux, puisqu’il s’agit de maintenir des conditions matérielles optimales, de limiter les non‑qualités et d’écourter les délais de mise à disposition. La cohérence entre automatisation, traçabilité et pilotage de la production pèse directement sur la stabilité des cadences et la robustesse des livraisons.

La montée en gamme vise aussi les systèmes embarqués de nouvelle génération. Le site modernisé est dimensionné pour soutenir des systèmes de combat alimentés par l’intelligence artificielle, des navires sans équipage, la navigation autonome et le contrôle de propulsion intelligent. L’intégration de briques logicielles et matérielles au plus près de la ligne de fabrication réduit le temps entre conception et mise en service. La logique est claire, puisqu’il s’agit d’adosser les innovations à une capacité de production crédible afin de tenir des jalons contractuels serrés, au bénéfice des programmes nationaux et des partenaires export.

Enfin, la base de Gumi alimente déjà des succès commerciaux tangibles. Les radars multifonctions Cheongung‑II ont été livrés à l’Irak, à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, avec des contrats évalués respectivement à environ 644 millions, 867 millions et 1,1 milliard de dollars. Le portefeuille inclut aussi des systèmes de combat navals, équipant des patrouilleurs et des corvettes en Asie du Sud‑Est. Ainsi, la capacité de production s’ajuste à la dynamique de marché, tandis que la référence opérationnelle des équipements renforce la crédibilité internationale de Hanwha Systems. 

Du KF‑21 au L‑SAM, Gumi fluidifie les jalons et sert l’autonomie stratégique sud‑coréenne

La réduction des goulots d’étranglement concerne d’abord les programmes souverains. En doublant les surfaces et en ajoutant une salle blanche de référence, Gumi atténue les risques industriels pesant sur le chasseur KF‑21 Boramae, le sous‑marin KSS‑III, la défense antimissile L‑SAM et la constellation de renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR). La capacité de produire et d’intégrer davantage de capteurs, plus vite et avec une fiabilité accrue, renforce la prévisibilité des calendriers. La chaîne amont se trouve mieux amortie face aux aléas, ce qui rejaillit sur la disponibilité des sous‑systèmes à forte valeur critique.

La nouvelle salle blanche accélère les cycles de qualification et d’intégration des électro‑optiques et des composants radar. L’effet est double, puisque la maîtrise de la propreté de fabrication améliore la qualité intrinsèque, tandis que la proximité entre ingénierie et production réduit les reprises. La disponibilité des capteurs clés guide directement la tenue des jalons d’essais et de mise en service. Il en découle une moindre exposition aux retards, d’autant que les essais de conformité peuvent être planifiés avec une granularité plus fine.

KA-21 Boramae atterrissage
[Actu] Hanwha Systems se renforce pour soutenir les livraisons de KF-21 Boramae 9

En outre, la base modernisée soutient l’accélération de modules embarqués propulsés par l’intelligence artificielle (IA). L’intégration de fonctions de fusion de données, d’aide à la décision et d’autonomie de navigation suppose des chaînes cohérentes, tant pour le logiciel que pour le matériel. En rassemblant ces compétences sur un même site et en sécurisant l’approvisionnement multi‑composants, Gumi raccourcit le temps d’industrialisation et contribue à la maturité opérationnelle des systèmes. Les effets se mesureront par une meilleure cadence d’intégration et une réduction des cycles itératifs coûteux.

La dynamique capacitaire nourrit aussi un enjeu politico‑militaire. En renforçant l’assise industrielle, Séoul légitime une contribution opérationnelle plus autonome et une perspective de transfert progressif du contrôle opérationnel en temps de guerre, que confirme l’ambition d’un rôle plus autonome vis‑à‑vis de Washington. L’outil productif devient un argument stratégique, puisque la crédibilité d’emploi dépend de la disponibilité et du soutien en service. Ainsi, la robustesse industrielle soutient la parole publique, tout en solidifiant la posture régionale sud‑coréenne.

Reste que la montée en cadence impose des prérequis exigeants. La disponibilité d’une main‑d’œuvre qualifiée, la gouvernance de programmes disciplinée et la résilience des chaînes d’approvisionnement conditionnent la pérennité des gains. Sur des systèmes où la fiabilité est stratégique, le contrôle qualité doit rester prioritaire, au risque de voir apparaître des défauts coûteux en requalification. La trajectoire est prometteuse, cependant elle doit être pilotée avec des garde‑fous pour éviter les effets de bord d’une accélération trop rapide. 

Exportations de défense et concurrence: Hanwha Systems impose son tempo, entre opportunités et risques géo‑industriels

La base de Gumi renforce la position commerciale de Hanwha Systems, qu’il s’agisse de radars multifonctions, de systèmes de combat navals ou d’intégration capteurs‑effets. La capacité accrue ouvre des relais sur des marchés tiers au Moyen‑Orient et en Asie du Sud‑Est, et s’inscrit déjà en Amérique latine, où la Corée du Sud a multiplié les partenariats dans le naval. À cet égard, la montée en puissance sud‑coréenne s’est matérialisée par la signature d’un protocole d’accord à Lima pour un nouveau sous‑marin péruvien, illustrant la profondeur de l’offre et la recherche de points d’appui régionaux.

Cette projection crée toutefois une concurrence frontale avec les acteurs européens et américains. La stratégie d’investissement accélérée dans le naval et les capteurs, menée par les groupes sud‑coréens, constitue une menace pour l’industrie navale européenne, en jouant sur des prix attractifs, des délais courts et des transferts de savoir‑faire. Les clients arbitrent alors autant entre performances que modèles de partenariat, ce qui pèse sur les équilibres industriels historiques. La pression sur les marges et les concessions technologiques devient un paramètre clé des négociations à venir.

KSS-III Dosan ahn Changho
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Dans le même temps, la montée en cadence expose à des vulnérabilités bien identifiées. La tension sur les compétences, les dépendances de composants critiques et l’impératif d’un contrôle qualité irréprochable peuvent limiter la valeur stratégique si ces risques ne sont pas maîtrisés. La consolidation d’un tissu de sous‑traitance résilient et l’anticipation des goulets d’approvisionnement sont indispensables pour éviter les effets domino sur les lignes d’assemblage et la disponibilité export.

L’intégration industrielle avec les États‑Unis offre, en parallèle, des débouchés structurants. Comme l’a souligné l’amiral Daryl Caudle, chef des opérations navales américaines, dans des propos rapportés par le quotidien The Korea Herald, l’alliance est appelée à se densifier, notamment dans le cadre de l’initiative Make American Shipbuilding Great Again, dite MASGA. Dans ce contexte, l’officier a assumé une attente d’emplois élargis pour les capacités sud‑coréennes à l’échelle indo‑pacifique. « L’utilisation de ce sous‑marin pour contrer la Chine est, je le pense, une attente naturelle ; le partenariat industrialo‑militaire entre les États‑Unis et la Corée du Sud va s’approfondir au fil du temps. »

Enfin, l’extension sud‑coréenne accroît la part de risque politique et réputationnel. Les ventes vers des régimes tiers, la sensibilité de certaines technologies et les choix d’alliances imposent des arbitrages prudents. Les partenaires occidentaux attendent des garanties de conformité et de responsabilité, tandis que les opinions publiques scrutent l’alignement stratégique. La compétitivité commerciale doit ainsi se conjuguer avec une lisibilité politique assumée, afin d’éviter des frictions susceptibles de freiner l’effort d’exportation. 

Conclusion

On le voit, l’achèvement de Gumi matérialise une montée en gamme industrielle qui réduit les goulots pour les programmes souverains et accroît la capacité d’exportation de Hanwha Systems. Par ailleurs, la salle blanche et l’automatisation renforcent la chaîne capteurs‑radars, au cœur de l’« autonomie stratégique Corée du Sud », tout en accélérant l’intégration de fonctions d’IA embarquée. Dans le même temps, l’outil légitime une contribution plus autonome vis‑à‑vis de Washington et s’insère dans des coopérations industrielles élargies.

D’autre part, des risques doivent être contenus, qu’il s’agisse de la qualité, des compétences ou des approvisionnements. Enfin, la concurrence avec les industriels européens et américains s’intensifie, ce qui commande d’aligner ambition, fiabilité et lisibilité géopolitique pour transformer l’avance industrielle en avantage durable. 

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