Le budget militaire russe 2026 atteindra 12,93 mille milliards de roubles, soit environ 30 % des dépenses de l’État, tandis que les autres « forces de sécurité » porteront l’enveloppe agrégée à 16,84 mille milliards de roubles, soit 38 %. Cette réallocation s’accompagne de coupes franches dans la santé et plusieurs programmes sociaux, dont l’effort spécifique chutera à 25,1 % des dépenses, contre 38,1 % avant la guerre. À l’aval, une série de hausses de prélèvements — taxe sur la valeur ajoutée (TVA), taxe dite « technologique » — vise à amortir la dégradation des recettes énergétiques.
La question n’est plus de savoir si la Russie s’oriente vers une économie de guerre, mais jusqu’où elle peut la soutenir sans briser son équilibre interne. L’équation rassemble des paramètres contradictoires : production de masse d’armements en hausse, « militarisation Russie » assumée, mais « inflation Russie » persistante, croissance en panne et pacte social fragilisé. C’est précisément ce faisceau de contraintes qu’il faut lire à l’aune des priorités budgétaires 2026, des leviers fiscaux ouverts et des effets attendus sur l’« économie russe », avec au cœur du dispositif la montée en puissance de l’« industrie de défense » et des « dépenses militaires ».
Sommaire
Avec le Budget militaire russe 2026, 38% des crédits sécuritaires reconfigurent l’État autour de la guerre
La trajectoire 2026 confirme un changement d’échelle. Le poste « Armées et armement » atteint 12,93 mille milliards de roubles, soit près de 30 % du budget de l’État, comme l’a détaillé Défense Romania. La répartition distingue ensuite les dépenses de « sécurité nationale » — police, garde-frontières et services spécialisés — qui s’ajoutent aux crédits de défense. Cette architecture consolide une enveloppe sécuritaire globale qui recompose l’action publique, en subordonnant des fonctions civiles à l’effort militaire. Les arbitrages observés en amont de l’adoption du texte confirment une hiérarchie de priorité assumée autour des besoins de la guerre d’attrition.
L’agrégat « défense + sécurité » atteint 16,84 mille milliards de roubles, soit 38 % du budget national, d’après The Moscow Times. Dans le même temps, la part des dépenses sociales tomberait à 25,1 %, contre 38,1 % avant le conflit, tandis que le soutien à l’économie plafonnerait à 10,9 %, un plus bas de deux décennies selon les séries disponibles. Cette bascule explicite confère au budget 2026 la fonction d’un instrument de militarisation avancée de l’État, avec un recentrage de la dépense sur les lignes d’armement, la rémunération et la logistique des forces.
![[Analyse] Le budget militaire russe 2026 peut-il être soutenu sans briser le pacte social et la croissance du pays 4 Formation patriotique russie](https://meta-defense.fr/wp-content/uploads/2024/07/patriotic-formation-russian-school.webp)
La reconnaissance politique de ce choix ne laisse guère d’ambiguïté. Dmitri Medvedev, le vice-président du Conseil de sécurité, a qualifié publiquement le texte de budget militaire. « Le budget n’est jamais facile, et celui-ci est, honnêtement, un budget militaire », a-t-il déclaré, dans une prise de position relayée par la presse russe lors de la promulgation. La portée de cette phrase tient moins au constat comptable qu’à l’acceptation officielle d’un modèle d’État orienté par les exigences de la guerre, ce qui transforme la norme de décision budgétaire.
Ainsi, la combinaison de 30 % pour l’outil militaire stricto sensu et de 8 points supplémentaires pour la sécurité intérieure signale une montée en puissance simultanée de la projection externe et du contrôle interne. Les priorités 2026 s’inscrivent dans la continuité des deux dernières années : financement des lignes de production, soutien des effectifs et service de l’appareil sécuritaire. La déformation de la dépense au détriment de la santé, de l’investissement civil et des transferts sociaux organise un compromis budgétaire de plus en plus resserré, condition de la soutenabilité de la programmation à moyen terme.
Anton Siluanov mise sur TVA et taxe technologique pour boucler un financement de guerre sous contrainte
La consolidation budgétaire repose d’abord sur des recettes domestiques accrues. Anton Siluanov, le ministre des Finances, a annoncé une hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et des modifications fiscales destinées à apporter respectivement 1,2 et 2,6 mille milliards de roubles. L’objectif consiste à combler un écart entre dépenses sécuritaires en expansion et recettes volatiles, sans casser l’appareil productif prioritaire. L’activation de ces leviers fiscaux révèle un pari : mobiliser la consommation et les marges des entreprises pour stabiliser le financement courant, au risque de peser davantage sur l’investissement civil et le pouvoir d’achat.
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L’europe occidentale a commencé à bouger , mais la constitution de stocks suffisants en munitions (balles, obus) ,, en missiles, en drones va prendre quelques années, une fois réalisé la force de l’Otan (si les 5% de budget militaires sont atteints) sans les USA sera suffisante face à la Russie. La Russie a entamé une course contre la montre entre l’état de son économie et la guerre en Ukraine, mais ce statut en fin de conflit devra etre analysé pour voir si la Russie peut revenir dans le peloton de tête de l’économie mondiale, rien n’est moins sûr, même ce pays nous a habitué à des surprises de résilience.