[Actu] Ce que les Su-25 exposés à Wonsan disent vraiment des progrès nord-coréens … ou pas !

Les images de la célébration du 80e anniversaire de la force aérienne nord‑coréenne à Wonsan ont montré des munitions présentées sous des Su‑25, suscitant des annonces et des interrogations. L’enjeu consiste à conserver une prudence méthodique face aux déclarations de Pyongyang et à interroger ce que la Corée du Nord aurait réellement obtenu de la Russie en contrepartie de son soutien militaire.

Les éléments disponibles mettent en évidence des ressemblances visuelles avec des armes étrangères, des assertions invérifiables sur leur fonctionnement et un parc aérien très usé. La démonstration doit donc distinguer la propagande de capacités avérées, en tenant compte des progrès nord‑coréens dans les missiles et des zones d’ombre entourant d’éventuelles contreparties russes.

À Wonsan, Kim Jong‑un mise sur les Su‑25 et MiG‑29 pour doper l’image d’une Corée du Nord à court de moyens

Au vu des clichés diffusés, la mise en scène autour des Su‑25 s’explique d’abord par leur statut au sein de la Force aérienne populaire de Corée (KPAF). Le site américain The War Zone estime qu’environ 38 Su‑25 seraient en service, ce qui en fait, avec quelques MiG‑29, l’une des rares plates‑formes capables de valoriser des munitions air‑lancées modernes, si celles‑ci sont réellement opérationnelles. Le choix de ces appareils d’attaque au sol, rustiques, subsoniques et puissants à basse altitude, traduit aussi une recherche de crédibilité opérationnelle minimale pour des armements dont l’authenticité reste à établir.

Par ailleurs, l’usure de la flotte de combat nord‑coréenne alimente la tentation d’exhiber toute modernisation apparente. La majorité des vecteurs restent anciens, avec des aéronefs d’origine soviétique ou chinoise, souvent obsolètes dans un combat contemporain. Cette réalité structurelle rend compréhensible l’effort de communication autour de « nouveautés » visibles sous voilure, puisqu’elles offrent un récit de rattrapage technique. La prudence s’impose toutefois, car afficher un armement ne dit rien de son intégration avion‑arme, de sa doctrine d’emploi, ni de la disponibilité du personnel et des chaînes de soutien.

Su-25 kim jong un
Kim Jong-Un devant un Su-25 emportant un missile ressemblant à un SCALP

Dans ce cadre, la présentation d’autres moyens s’inscrit dans une modernisation hétérogène. Les images montrent un avion d’alerte avancée et de contrôle aérien (AEW&C, pour airborne early warning and control) dérivé d’un Il‑76, ainsi que des drones copiant visuellement des modèles étrangers, avec des ressemblances affirmées aux RQ‑4 Global Hawk et MQ‑9 Reaper, selon les mêmes sources. L’ensemble dessine un tableau composite où la Corée du Nord expose des systèmes variés, dont certains paraissent être des adaptations visibles, tandis que leurs capacités réelles restent à vérifier.

La dimension politique renforce encore l’effet de vitrine. La présence de Kim Jong‑un, et sa promesse de « nouveaux actifs stratégiques » conférant une « nouvelle mission importante » à la KPAF, établissent une portée symbolique au service d’un récit de puissance. Cette communication vise l’audience interne autant que l’extérieur, en reliant l’aviation à la dissuasion nationale. Elle ne constitue toutefois pas une preuve matérielle d’acquisitions concrètes, et impose d’examiner chaque nouveauté au prisme des essais et des données vérifiables, en particulier lorsqu’il s’agit de munitions air‑lancées.

L’expérience récente invite justement à la circonspection. L’analyse des débris récupérés par Séoul a montré que le premier « satellite militaire » nord‑coréen était un faux. D’autres présentations spectaculaires ont, elles aussi, mêlé effets d’annonce et matérialité incertaine. Ce passé n’invalide pas tout progrès, mais impose de dissocier systématiquement la propagande militaire des capacités effectivement déployées, avant d’en déduire un changement de posture régionale. 

Sous les Su‑25, des missiles plausibles mais non prouvés au milieu de drones façon RQ‑4 Global Hawk

Le grand missile installé en position interne sous l’aile retient l’attention. Par sa silhouette, il rappelle des missiles de croisière de pénétration profonde, avec une section quasi rectangulaire, des ailes repliables et un empennage cruciforme, ainsi qu’un turboréacteur compact. Ces éléments, relevés visuellement, évoquent des architectures connues employées pour des frappes à distance de sécurité. Ils restent cependant indicatifs, puisqu’ils n’attestent ni de la propulsion réellement utilisée, ni de la qualité de l’avionique, ni de la robustesse du guidage en environnement contesté.

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