[Actu] L’hypothèse des S-400 et Su-35 refait surface en Iran

Des informations convergentes issues d’un institut britannique et de médias spécialisés indiquent que l’Iran mène des négociations avec la Russie pour l’acquisition de chasseurs Su‑35, de systèmes sol‑air modernes et possiblement de technologies de guidage améliorant la précision de ses missiles balistiques. L’enjeu ne tient pas seulement au volume livré. La valeur opérationnelle se joue dans l’addition système, en d’autres termes l’assemblage de radars matures, de mises à jour logicielles éprouvées en combat, de chaînes de soutien et de stocks disponibles.

Ce prisme conduit à surveiller l’intégration maintenance, réparation et opérations, la discipline d’émission, le commandement et contrôle, ainsi que la constitution de réserves, car c’est là que se construit une bulle anti‑accès et interdiction de zone crédible dans la durée.

Des Su‑35 aux systèmes sol‑air, une négociation sans calendrier et des marqueurs concrets à surveiller

Le premier point tient à la réalité des pourparlers et à l’absence de calendrier public. Les discussions sont décrites comme plus vigoureuses côté iranien, sans qu’un rythme de livraison soit annoncé. Comme l’analyse le Royal United Services Institute, cette perspective mobilise déjà l’attention des services de renseignement, car elle pourrait combiner chasseurs Su‑35, systèmes sol‑air et transferts technologiques. L’incertitude sur le tempo de mise à disposition reste néanmoins centrale, ce qui impose d’identifier des signaux d’exécution concrets plutôt que de se fier aux déclarations d’intention.

L’historique des annonces publiques plaide pour la prudence. Plusieurs communications de Téhéran en 2023 ont présenté des livraisons proches de Su‑35, parfois évoquées pour le printemps, sans concrétisation visible. Ce caractère répétitif des annonces, et l’opacité sur la configuration des appareils, les munitions et les services associés, nourrissent le doute sur la matérialisation rapide de la commande. Dans ce contexte, les promesses de livraisons non tenues au printemps 2023 constituent un repère utile pour cadrer les anticipations.

La dynamique industrielle russe ajoute une variable importante. Les chaînes de missiles sol‑air ont été intensifiées et pourraient dégager des volumes exportables si le besoin intérieur décroît. Cette perspective augmente la probabilité d’envois partiels, voire séquencés, de matériels vers l’Iran. Surtout, le retour d’expérience du front a produit des gains logiciels et radars. Comme l’a résumé le Dr Jack Watling, chercheur au RUSI, lors d’une analyse récente, « la défense aérienne russe, testée en conditions réelles, a vu son logiciel et la performance radar s’améliorer considérablement, conduisant à des taux d’interception élevés contre des systèmes comme les ATACMS, GMLRS et HARM ».

S-400

Les indicateurs d’une transformation durable dépassent la seule photo des premières livraisons. La priorité doit aller à la présence d’accords de maintenance, réparation et opérations localisés, à la profondeur des stocks de missiles et à l’intégration rapide aux chaînes de commandement et de contrôle. Dans cette perspective, l’expérience indienne montre que la valeur du S‑400 tient à son intégration aux capteurs lointains, à la discipline d’émission et à un MRO local garantissant la disponibilité et le recomplètement. Ce sont ces briques qui convertissent une acquisition en avantage structurel.

Enfin, la nature graduelle attendue des livraisons ouvre un risque d’entraînement régional bien avant la pleine consolidation des capacités iraniennes. Des envois limités suffiraient à déclencher achats de riposte, pressions diplomatiques et débats sur le soutien industriel. Cette dynamique a déjà été observée autour des annonces antérieures et pourrait se rejouer dès qu’un premier lot d’appareils ou de missiles apparaîtra sur le terrain, ne serait‑ce qu’en formation ou en tests. 

Effet de levier tactique si l’addition système tient ses promesses du S‑400 en réseau aux missiles R‑37M et R‑77

Sur le plan tactique, le Su‑35 apporterait à l’aviation iranienne un radar mature capable de suivre plusieurs cibles et de gérer des engagements multiples. Cette faculté de multi‑suivi renforcerait l’interdiction aérienne au‑delà de ce que permettent les cellules actuelles. Sensiblement, l’appareil s’inscrirait dans un réseau de capteurs aéroportés et terrestres où la qualité de la désignation initiale compte autant que la portée théorique. Ce gain de détection s’additionne aux améliorations logicielles récemment éprouvées en opérations.

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