mardi, décembre 9, 2025

[Actu] Après la victoire de la FREMM Evo au Portugal, l’avenir de la FDI se jouera en Suède

Le Portugal a retenu la FREMM Evo de Fincantieri pour renouveler ses frégates, dans un montage adossé à la fenêtre européenne Security Action for Europe, SAFE. L’appel d’offres vise à remplacer des unités d’environ 3 000 tonnes par des bâtiments de 4 000 à 6 000 tonnes, jusqu’à six au total, en partant d’une cible initiale de deux à trois navires. L’arbitrage oppose une FREMM Evo de grand gabarit et des exigences portuaires lourdes, à une FDI plus compacte, prête à l’emploi et centrée sur la défense aérienne et antimissile intégrée. La répétition d’échecs récents de la FDI en Europe interroge désormais la stratégie produit de Naval Group.

Pourquoi le Portugal a basculé vers Fincantieri malgré la FDI

Lisbonne a tranché pour la FREMM Evo italienne afin de remplacer ses classes Vasco da Gama et Bartolomeu Dias, dans un calendrier porté par des financements européens. Selon InfoDefensa, cette orientation s’inscrit dans un plan d’acquisitions mobilisant des prêts SAFE et succède à une déclaration d’intentions de coopération industrielle signée fin novembre entre les ministères de la Défense des deux pays. L’enjeu porte sur la modernisation d’unités âgées de plus de trente ans, avec un effet structurant sur la décennie navale portugaise et ses infrastructures d’accueil.

Le cadre financier et capacitaire est resserré par une cible réduite. Lisbonne vise en première intention deux à trois navires, pour un budget d’environ trois milliards d’euros, priorité donnée au calendrier de livraison et à la montée en puissance du soutien national. Cet ordre de grandeur, adossé à la fenêtre SAFE, a été présenté comme un pivot de la décision, avec des retombées attendues pour l’Arsenal do Alfeite et son tissu de sous‑traitance (deux à trois unités pour environ trois milliards d’euros).

Fincanteiri FREMM Evo maquette
maquette des futures FREMM Evo de la Marina Militare italienne

La compétition s’est cristallisée, en phase finale, sur un duel entre Naval Group et Fincantieri. Les derniers arbitrages ont opposé deux philosophies: une FDI compacte, prête à l’emploi et industrialisée pour l’export, face à une FREMM Evo plus lourde, mieux dotée en lutte anti‑sous‑marine et en guerre électronique, mais exigeant des aménagements portuaires significatifs. En amont, le Portugal avait ouvert la consultation à un large éventail, de Navantia à BAE Systems, Babcock, TKMS, STM ou Damen, illustrant l’importance stratégique du dossier pour Lisbonne.

Ce choix met en lumière un signal récurrent. La FDI s’était déjà inclinée en finale en Norvège, face à la frégate Type 26, avant de perdre, cette fois, contre la FREMM Evo au Portugal. Le concept de frégate compacte fortement armée conserve des atouts, mais la répétition de ces décisions en Europe fragilise la crédibilité export de Naval Group sur ce créneau, au moment où Fincantieri capitalise sur des offres perçues comme plus lourdes et sur des propositions industrielles étroitement arrimées aux besoins locaux. 

Le gabarit de la FREMM Evo bouscule les infrastructures portugaises et le calendrier

Le gabarit d’une FREMM Evo constitue un point de friction immédiat pour l’accès et l’accueil à l’Arsenal do Alfeite. Avec environ 145 mètres de longueur, huit mètres de tirant d’eau et vingt mètres de largeur, le navire dépasse les limites actuelles de la voie d’accès et des formes en largeur, ce qui impose des campagnes de dragage et des travaux d’agrandissement. La navigabilité conditionnée par la marée affecterait la planification des escales techniques et la disponibilité opérationnelle, un paramètre lourd dans un calendrier appuyé sur SAFE.

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14 Commentaires

  1. Si cela se confirme, il faudrait quand même se poser des questions.
    La FDI devait se vendre comme des petits pains.
    Avec la Norvège, on l’a donnait vainqueur, presque pareil au Portugal.
    Au final, on se fait avoir par des navires plus lourds.
    Quelles questions nous ne nous sommes pas posées ?
    Ca devient rageant.

  2. Félicitations à Jean-Louis Le Drian, qui a flingué le programme FREMM pour faire la FDI, au motif qu’il fallait faire tourner les bureaux d’études et avoir un bâtiment plus vendables sur le marché export.

    Il était prévisible dès le début qu’il était plus rationnel de jouer sur l’effet de sérier, que des coques de 6000t ont plus de potentiel d’évolution que des coques de 4000, et qu’enfin on pouvait tout à faire faire bosser les bureaux d’étude sur une « super-FREMM » ou un modernisation à mi-vie à base de Seafire. Au final, on a loupé une opportunité d’avoir une flotte de surface performante, peu chère et homogène.

    Je ne pense que du bien de la FDI: pour sa taille, c’est un bâtiment remarquable. Le problème est bien avec la stratégie industrielle.

    • Un peu facile
      « c’est à la fin de la foire.. »
      2016/2017 « c’était avant « et il n’y pas de certitude qu’une super fremm l’aurait emporté en N (pas sûr du tout quand on voit la proximité avec la RN )ou au Portugal ou nous aurions proposé le « même produit » que Finc.
      Pour le reste .. nous sommes dans la panade (et nous continuons de creuser ..sous les applaudissements des Français qui écoutent tous les demago de LFI au RN en passant par LR ,qui s’abstient) Nous n’avons plus de moyens (systeme social et fiscal à la dérive) alors nous developpons des discours ou nos manques deviennent des choix militaires..FDI de 1er rang.., blindes chenillés lourds..
      « Dis moi ce dont tu as besoin , je t’expliquerais commet t’en passer »

  3. La FDI est conçu à l’origine pour être modulable de manière à ce qu’un tronçon de coque puisse être intégré au centre du navire, pour une rallonge d’une dizaine de mètres ce qui pourrait l’amener à 5000 tonnes. D’une part…
    D’autre part, je reste persuadé que nous avons fait une terrible bourde en bloquant le compteur à 8 FREMM. Elles auraient pu évoluer aussi.
    Et puis encore un grand merci à nos politiciens de pacotilles, ces incapables qui donnent une image désastreuse de la nation et je suis certain que c’est cela que nous payons dans nos échecs à l’exportation, du moins en Europe.
    Le parlementarisme à la française ça suffit.
    Il faut réformer cette méthode de gouvernance, j’ai la rage qui m’envahit !

    • j’avouee n’avoir jamais entendant cette histoire de tronçon supplémentaire sur FDI. C’était effectivement une rumeur qui circulait sur les FREMM mais qui etait totalement fausse. Ajouter un tronçon, c’est tout sauf simple, ca change le centrage, les besoins de propulsion, tout un tas de parametres dans le spectre EM et Ac… je dirais que je suis sceptique.

      • Ah c’est donc Fabrice…
        Je peux uniquement voir à qui je m’adresse dès lors que je lui réponds et là c’est indiqué. Ça le fait à d’autres ?
        Pour répondre à votre interrogation, j’ai trouvé cette information la première fois sur « DÉFENSE EXPERT » numéro 3, novembre/décembre 2020.
        Je l’ai ressorti à l’instant de ma bibliothèque.

        • mouai, ca ressemble quand meme beaucoup a cette histoire de tronçon supplémentaire fantaisiste sur FREMM. D’ailleurs, ni au Portugal, ni en Norvège, Naval Group n’a proposé de FDI-XL. Je ne dis pas que c’est impossible, mais ce qui est certain, c’est que ce ne sera pas simple du tout. Cela dit, les allemands le font avec les MEKO, et les néerlandais avec les Sigma, donc pourquoi pas.
          D’autre part, on remarque que les nouvelles coques se caractérisent pas un maitre-bau important (plus grande largeur du navire), précisément pour la stabilité du navire et la capacité d’emport, sans trop allonger la coque. Donc je ne suis pas certain que ce soit une option viable.
          La FDI est un très bon navire, très équilibré, puissamment armée, exceptionnellement bien dotée en senseurs, spécialement pour ce tonnage. Perso, je dirai que c’est certainement le meilleur profil pour la flotte de fregate de l’US Navy par exemple. Mais si vous n’achetez que 3 à 6 navires, je comprend que l’on puisse préférer des navires plus imposants, offrant plus de possibilité d’évolutivité car plus de puissance et plus de place, surtout que l’écart de prix n’est pas décourageant.
          En fait, je dirais que la FDI c’est un peu le Gripen E des frégates. Compact, presque aussi bon qu’un plus grand navire, mais aussi presque aussi cher. Et c’est normal, parce que la coque ne représente qu’une fraction du prix d’une fregate. et Si vous mettez le meme radar, le meme sonar, le meme armement, le meme système de combat qu’un fregate de 6000 tonnes, il n’est pas étonnant que l’écart de prix ne soit que de 10 à 15% (comme le Gripen E vs Rafale F4).

          • Ils ne sont pas si « EXPERT » que ça DÉFENSE ? 😁
            Au contraire de META évidemment 😉…

          • Christophe Legrand : pas necessairement, ils peuvent avoir entendu cela de la bouche meme d’un membre de l’équipe de NG. Pour ma part, je dis juste que je ne l’ai jamais entendu, et que nous n’avons jamais proposé ce type de version à l’export jusqu’ici. Donc pour l’instant, c’est plus du powerpoint qu’autre chose, contrairement a la Fremm Evo commandée par l’Italie, et la Type 26 commandée par la RN/ canada et Australie.

          • Sinon il y a une difference RH non ? Avec moins de marins pour opérer la FDI. Peut-etre que le clients craignent qu’il en faudrait plus pour operer tous ses equipements.

          • sincèrement, je n’en ai aucune idée. A mon sens, les promesses d’investissements de Fincantieri ont beaucoup jouées. et quand on parle de 3 ou meme de 6 frégates, sans double équipages, un écart de 20 ou 30 marins, c’est absorbable par la marine portugaise. A mon sens ils font une erreur (les portugais), parce que les bateaux italiens présentent bien, mais ce sont surtout des bateaux powerpoint. je n’aimerai pas me prendre un missile dans une Bergamini… alors que dans une aquitaine / alsace, on a des chances de rester à flot. Idem pour les bateaux espagnols d’ailleurs.

    • C’est vrai mais la proposition italienne est très bien réfléchie. Le Portugal se sent loin de l’actualité du moment et à une vision à plus long terme. Il a été séduit par ce projet d’agrandissement, et je me suis dit que les dés en étalent jetés à la lecture de l’article précédent sur ce dossier. Je ne pensais pas que la décision surviendrait le lendemain par contre quel choc !

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