La Norvège a confirmé l’extension de sa flotte de sous‑marins Type 212 Common Design (U212CD) à six unités, en levant l’option annoncée le 5 décembre. Les premières livraisons sont attendues à partir de 2029, puis se poursuivront jusqu’au début de la décennie suivante. Cette montée en puissance intervient sur fond de dégradation de la situation sécuritaire dans le Nord‑Atlantique, ainsi que dans les mers du Nord et de Barents.
Dans le même temps, Oslo renforce ses capacités de lutte anti‑sous‑marine, de surveillance maritime et de protection de ses infrastructures sous‑marines. Le budget national consacré au programme atteint désormais près de 100 milliards de couronnes norvégiennes, marquant une priorité stratégique assumée en faveur de la composante sous‑marine.
Cette décision ne relève pas d’un geste isolé : elle s’inscrit dans une trajectoire alliée qui relie les U212CD, les futures frégates Type 26 et l’accord de Lunna House, lequel inclut également des navires‑mères pour systèmes autonomes. L’objectif est clairement affiché : assurer une permanence opérationnelle renforcée dans le verrou GIUK (Groenland–Islande–Royaume‑Uni), améliorer l’interopérabilité entre partenaires et sécuriser les câbles et pipelines sous‑marins.
Ce dossier revient sur les Ă©lĂ©ments factuels, la dynamique industrielle germano‑norvĂ©gienne, l’articulation opĂ©rationnelle avec les plateformes britanniques et les navires‑mères, ainsi que sur les contraintes budgĂ©taires et de normalisation qui conditionneront l’impact rĂ©el de cette montĂ©e en puissance pour l’Alliance.Â
Sommaire
U212CD norvégiens, disponibilité accrue et calendrier sous contrainte budgétaire
Le 5 décembre, le gouvernement norvégien a validé l’acquisition de deux U212CD supplémentaires, portant l’objectif de flotte à six sous‑marins. Comme le rappelle ESUT, ce format s’inscrit dans une trajectoire déjà préconisée par le Parlement dans le cadre de la planification 2024, tout en consolidant la coopération avec l’Allemagne. Le programme répond à un environnement stratégique plus tendu au nord, avec un accent particulier mis sur la surveillance des approches et la protection des espaces maritimes. Il s’agit d’une extension mesurée, mais cohérente, pensée pour peser durablement dans la lutte anti‑sous‑marine et la sécurisation des infrastructures sous‑marines, en lien étroit avec les autres moyens navals et aériens déployés dans la zone d’intérêt norvégienne.
Sur le plan opérationnel, l’état‑major norvégien vise une permanence élevée, avec l’objectif de maintenir en continu au moins deux sous‑marins en zone d’opérations. Le passage à six unités donne davantage de profondeur à la planification, entre périodes de disponibilité, indisponibilités pour entretien et phases de formation.
Cette orientation recoupe la recommandation de conserver une flotte de six sous‑marins afin de « doubler » la disponibilité par rapport à un format limité à quatre unités, recommandation déjà formulée dans l’analyse annuelle des besoins, et devenue une référence structurante pour Oslo. Dans le verrou GIUK, la capacité à maintenir cette permanence conditionne la détection, l’attribution et la réaction, et limite la possibilité pour l’adversaire d’exploiter des fenêtres de transit.
Sur le volet financier, l’extension du programme porte l’enveloppe nationale à environ 100 milliards de couronnes, soit près de 8,6 milliards d’euros. Les estimations révisées situent le coût unitaire autour de 1,4 milliard d’euros, un niveau supérieur aux premières hypothèses. Cette hausse est attribuée à l’augmentation du coût des matières premières critiques et des équipements de défense. Les U212CD seront dotés d’une propulsion anaérobie indépendante de l’air (AIP) et de capteurs modernes dédiés à la détection des sous‑marins adverses et à la protection des câbles, pipelines et capteurs sous‑marins, une mission devenue prioritaire en Atlantique Nord.
Le calendrier repose sur une production déjà engagée, avec deux sous‑marins norvégiens actuellement en construction en Allemagne et une première livraison prévue pour 2029. Le magazine Naval News précise que la montée en cadence nécessitera la création d’une seconde ligne de production en Allemagne, à laquelle Oslo contribuerait financièrement. Cette trajectoire est confirmée par le portail Hartpunkt.de, qui met en avant l’avancement déjà tangible du programme et la volonté politique de stabiliser le format à six sous‑marins. L’alignement entre les plannings industriels et les trajectoires budgétaires restera, toutefois, un paramètre central pour respecter les jalons fixés.
TKMS muscle la base industrielle commune et ouvre la voie au 3SM Tyrfing
Le programme U212CD repose sur une architecture commune (« Common Design ») mise en œuvre conjointement par l’Allemagne et la Norvège, pour un total de douze sous‑marins destinés aux deux marines. Cette base industrielle partagée doit favoriser les synergies en matière de production, d’exploitation, de maintenance et de doctrines d’emploi. À terme, cette homogénéité technique doit permettre de réduire les coûts de possession, de simplifier le maintien en condition opérationnelle et de renforcer la disponibilité à la mer. Dans ce contexte, l’industrialisation progressive apparaît comme un levier essentiel pour maîtriser les délais, limiter les risques et obtenir l’effet capacitaire recherché.
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