Que ce soit en mer Rouge, ou en Ukraine, les drones d’attaque se sont imposรฉs comme des munitions clรฉs dans les conflits rรฉcents, volant occasionnellement la vedette aux missiles tactiques qu’ils complรจtent, et parfois mรชme remplacent.
Bien plus รฉconomiques et rapides ร produire que des missiles comparables en termes de portรฉe, ces drones tactiques s’avรจrent, en outre, gรฉnรฉralement beaucoup moins onรฉreux que les munitions antiaรฉriennes employรฉes pour les intercepter, crรฉant un dรฉsรฉquilibre totalement nouveau dans l’รฉquation de la guerre aรฉrienne.
Une entreprise amรฉricaine, Anduril, a parfaitement su anticiper cette รฉvolution. Crรฉรฉe en 2017, cette startup est aujourd’hui valorisรฉe 15 Md$, grรขce ร quelques modรจles de drones et de drones d’attaque, comme la munition rรดdeuse Altius, le drone de combat Fury, ou le drone sous-marin Dive-LD, tous ayant suscitรฉ un grand intรฉrรชt de la part des armรฉes amรฉricaines.
Anduril a prรฉsentรฉ un nouveau concept, cette semaine, visiblement trรจs inspirรฉ des retours d’expรฉriences en Ukraine et en mer Rouge. La gamme de drones Barracuda, se compose ainsi de diffรฉrents modรจles de drones de taille croissante, destinรฉs ร emporter des charges utiles, elles aussi, croissantes, sur des distances de plus en plus รฉlevรฉes.
Surtout, dans sa dรฉclinaison-M, le Barracuda se transforme en drone d’attaque, offrant toutes les vertus des missiles tactiques, du missile antichar au missile de croisiรจre ร longue portรฉe, pour un prix sans commune mesure avec ceux-ci.
Sommaire
Anduril, le vainqueur surprise de la premiรจre tranche du programme CCA de l’US Air Force
La jeune entreprise de Costa Mesa, en Californie, s’รฉtait dรฉjร fait remarquer ces derniรจres annรฉes, en participant ร plusieurs programmes clรฉs des armรฉes amรฉricaines et de la DARPA, notamment avec la famille de drone Altius. Nombreux รฉtaient ceux, dรจs lors, ร prรฉdire un avenir rempli de succรจs ร Anduril.
Toutefois, bien peu avaient effectivement prรฉvu que la startup californienne s’imposerait, aux cรดtรฉs du spรฉcialiste des drones General Atomics, dans la compรฉtition pour concevoir les drones de la premiรจre tranche du programme Collaborative Combat Aircraft, ou CCA.
Celui-ci s’avรจre, en effet, l’un des programmes les plus dรฉcisifs pour l’US Air Force, dans sa transition vers l’intรฉgration des drones de combat dans son dispositif de guerre aรฉrienne. Il est ร ce point essentiel pour l’USAF, que celle-ci a prรฉfรฉrรฉ le prรฉserver, quitte ร mettre en danger le programme NGAD de chasseur de 6แต gรฉnรฉration, lorsque des impasses budgรฉtaires sont apparues en juin 2024.
Ce fut donc une surprise, lorsque l’Air Force confia une partie aussi dรฉterminante de ses technologies ร venir, ร une jeune startup, alors que les trois grands avionneurs, Lockheed Martin qui a conรงu le F-22 Raptor et le F-35 Lightning II, Northrop Grumman ร l’origine du B-2 Spirit et du B-21 Raider, et Boeing, concepteur du F/A-18 E/F Super Hornet et du F-15EX Eagle II, รฉtayent tous dans les rangs.
Anduril prรฉsentera, ร l’occasion de l’Air Force Confรฉrence, qui se tiendra la semaine prochaine, son drone combat Fury destinรฉ au programme CCA, aux cรดtรฉs du XQ-67 de General Atomics, six mois seulement aprรจs avoir รฉtรฉ dรฉsignรฉs vainqueur de cette premiรจre compรฉtition.
Avec les drones Barracuda, Anduril forge le chainon manquant entre les drones d’attaque et les missiles tactiques
Si l’avenir d’Anduril semble dรฉsormais assurรฉ au travers du programme CCA de l’US Air Force, et des diffรฉrents programmes liant l’entreprise aux autres forces armรฉes amรฉricaines, celle-ci n’entend pas, en bonne startup qu’elle est, se reposer sur ses lauriers.

Il reste 75 % de cet article ร lire, Abonnez-vous pour y accรฉder !
Les abonnements Classiques donnent accรจs aux
articles dans leur version intรฉgrale, et sans publicitรฉ,
ร partir de 1,99 โฌ. Les abonnements Premium permettent d’accรฉder รฉgalement aux archives (articles de plus de deux ans)
ABONNรS : Si vous voyez ce panneau, malgrรฉ votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour rรฉgler le problรจme.
Un missile est un engin (auto ou non)guidรฉ et autopropulsรฉ.
Les drones en question _sont_ des missiles.
Rien ne les diffรจre vraiment d’un missile de croisiรจre sinon leur prix. Cette diffรฉrence est peut-รชtre due en partie aux composants utilisรฉs (plus largement issus de gammes grand public ?) mais probablement surtout ร une meilleure efficacitรฉ industrielle.
Les industriels de l’armement ont trop pris l’habitude de se gaver d’argent public et la concurrence de nouveaux acteurs est la bienvenue. Dommage que cela vienne encore des รtats-Unis.
Difficile de prendre position: on a plus ou moins le coรปt dโun Scalp (jโai 500 kโฌ en tรชte) mais pas celui dโun drone Anduril de capacitรฉ รฉquivalente.
Lโautre รฉlรฉment difficile ร prendre en compte est: le coรปt dโun obus de 155mm produit en masse VS un petit drone (on nous parle de prix allant de 500โฌ par obus ร 5000โฌ, mais on ne sait pas si ces donnรฉes sont toujours valides) vs le prix du petit drone.
Enfin, le dernier point de comparaison porte avec les AASM et leur nouveau propulseur ร poudre (200 ร 300km, en cours de dรฉveloppement), les missiles de croisiรจre et les drones ร longue portรฉe.
Un tableau comparatif des coรปts serait bien utile.
Ces informations ne sont pas communiquรฉes pour l’instant, donc impossible de faire un tableau. Cela dit, si Anduril investit dans ce domaine, pour prendre l’avantage sur les missiles tactiques au niveau du prix, il lui sera nรฉcessaire d’avoir un avantage substantiel dans ce domaine pour convaincre l’US Air Force, et ses partenaires. Je doute que cela leur ait รฉchappรฉ.
La diffรฉrence porte essentiellement sur la modularitรฉ de la charge utile et des systรจmes embarquรฉs. Le drone peut servir ร l’attaque, la reconnaissance, la fonction de leurre, le renseignement รฉlectromagnรฉtique etc… selon sa charge utile … le missile non.