Si l’Ukraine, le Proche-Orient et l’Asie captent, aujourd’hui, toute l’attention sur les questions de défense, d’autres théâtres évoluent depuis quelques années, et leurs perspectives peuvent être, parfois, des plus préoccupantes.
L’un d’eux concerne l’opposition entre la Grèce et la Turquie, en mer Égée et au-delà, alors que les progrès de l’économie, et surtout de l’industrie de défense turque, rebattent les cartes du statuquo stratégique qui avait maintenant ce conflit latent à l’état de tensions régionales d’intensité variable, pendant les 80 dernières années.
Alors que le rôle modérateur des États-Unis est déclinant, tant du fait de la politique américaine centrée sur l’Indo-Pacifique, que de l’autonomie stratégique turque qui se rapproche, et en dépit de ses espoirs concernant ses relations avec Jérusalem, il est probable que la seule véritable alternative, pour Athènes, repose sur l’approfondissement de la coopération stratégique franco-grecque, et du partenariat stratégique qui en découle.
Comment, et pourquoi le rapport force entre la Grèce et la Turquie, évoluera-t-il dans les années à venir ? Sur quels alliés, Athènes peut-elle compter pour contenir cette menace ? Et comment cette coopération défense franco-grecque pourrait-elle passer à un stade supérieur, au bénéfice des deux nations européennes ?
Sommaire
La Grèce face aux progrès rapides de l’industrie de défense turque
Masquées depuis le début du conflit en Ukraine, les tensions entre la Turquie et la Grèce demeurent intenses, ces dernières années, même si les autorités turques ont réduit leurs démonstrations de forces et revendications ouvertes en mer Égée, autour de Chypre et en Méditerranée orientale, pour joueur pleinement, au sein de l’OTAN, la carte offerte par l’offensive russe.

Toutefois, et en dépit des acquisitions et annonces récentes des forces armées helléniques, ces dernières années, pour se moderniser, on observe un phénomène de décrochage, entamé depuis peu, Athènes ne parvenant plus à suivre le rythme de la modernisation des forces, imposé par Ankara.
Ainsi, en dépit de l’acquisition de frégates FDI, de Rafale et l’annonce de la commande à venir de F-35A, tout indique, à présent, que dans les quelques années à venir, les forces armées turques pourront surclasser leurs homologues grecques, en nombre et parfois en technologies, et ce, dans de très nombreux domaines.
Ce décrochage trouve, avant tout, sa source dans le formidable effort entamé dès 2003 par R.T Erdogan, lorsqu’il fut nommé premier ministre, puis président du pays en 2014, afin de doter la Turquie d’une puissante industrie de défense, et de se rapprocher, à marche forcer, de l’autonomie stratégique.
Ce faisant, Ankara produit, à présent, la majorité de ses équipements militaires, qu’ils soient terrestres, navals ou aériens, et se démarque même, sur la scène internationale dans certains domaines, comme celui des hélicoptères, des blindés, des navires de combat ou des missiles tactiques.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)
ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.
Quelques commentaires :
– sur le plan stratégique le comparatif entre la dynamique industrielle turque et l’état des forces française est cruel pour les politiciens gestionnaires qui nous gouvernent. Chez eux le « quoi qu’il en coûte » était un investissement stratégique, pas un gaspillage.
– de manière générale une coopération approfondie avec la Grèce (y compris forces prepositionnées) a énormément de sens, mais encore faut-il que nos capacités de projection soient crédibles et que nous n’investissions pas tous nos budgets pour se projeter dans une possible guerre de tranchée ou de blindés lourds sur un potentiel « front de l’est »
– Idéalement ce serait à un corps d’armée européen de réaction rapide « Sud », éventuellement piloté par les espagnols de protéger la Grèce.
– Je cherchais justement des clients pour revendre d’occasion nos Suffren dès qu’une version plus avancée avec cellules de lancement verticales serait disponible… (Australie, Canada, … pourquoi pas Grèce ?)
Je me suis toujours demandé si nous n’ avions pas intérêt à » louer » à la Grèce une base navalo-aerienne à l’ extrémité de la Crête, sur le modèle de la base britannique à Chypre.
Ds forces françaises prépositionnées en ces lieux pourraient assurer une mission de réassurance de la Grèce vis à vis de la Turquie- ce qui irait dans le sens de l’ article-
Cette implantation stratégique permettrait de mieux contrôler toute activité en Méditerranée orientale, soulagerait Toulon en dispersant les moyens maritimes français et réduirait les distances et délais vers l’ Afrique, le Moyen Orient etc
Les Rafales » européens » pourraient s’ entraîner ensemble au dessus de la Méditerranée…
L état économique et social de la Turquie , crée une incertitude sur la stabilité à moyen terme même si le e ministre turc des Finances, Mehmet Simsek a amené plus de sérénité, mais pas sur que ce suffira donc la crise Greco-turc pourrait se regler par un changement au sein de la Turquie.
Certes il peut y avoir des convergences et des opportunités de collaboration de la Grèce avec la France, néanmoins, la Grèce n’a pas non plus un budget très extensible et une flotte de 4 sous-marins nucléaire ne me semble pas dans leur capacité financière compte tenu de la montée en charge que cela imposerait au pays.
Ils modèrent déjà leurs investissements en achetant de l’occasion comme pour les FREMM italiennes.