New Delhi veut davantage de S-400 : l’expérience indienne du système antiaérien russe pendant Sindoor

L’arbitrage public de l’Indian Air Force en faveur de davantage de Rafale, après l’opération Sindoor contre le Pakistan, du 7 au 11 mai 2025, a sonné comme un cinglant démenti des tentatives de discrédit orchestrés depuis Islamabad et Pékin, contre le chasseur français. Mais le fleuron de Dassault Aviation, pourrait bien ne pas être le seul grand vainqueur de cet engagement aérien historique, par son ampleur et les moyens mobilisés.

En effet, New Delhi a fait savoir son intention d’acquérir davantage de S-400, peut-être même des S-500 Prometei antibalistiques, auprès de la Russie, après que les systèmes antiaériens à longue porté d’Almaz-Antei déjà en service au sein des armées indiennes, aient pleinement donné satisfaction lors de cette même opération.

Cette satisfaction contraste évidemment avec les contre-performances rapportées du même système, employé par les forces armées russes, face aux drones et missiles ukrainiens. Depuis 3 ans et demi, plusieurs lanceurs, ainsi que des radars ont été détruits par les frappes adverses, et longtemps, ils firent pâle figure face aux roquettes Himars et autres missiles SCALP-EG lancés contre les infrastructures militaires russes.

Comment un même système, qui plus est en version export, peut-il a ce point satisfaire les indiens, qu’ils veulent en commander d’autres après un affrontement aérien d’une intensité exceptionnelle, après avoir été perçu comme vulnérable et faiblement efficace en Ukraine.

Après Sindoor, le S-400 devient le pilier central du déni d’accès indien

Pour répondre à cette question, il faut, avant toute chose, sortir du fétichisme des fiches techniques, car Sindoor n’a pas consacré un équipement isolé, fut-il aussi médiatique que le S-400. L’opération indienne a, au contraire, validé une manière d’assembler capteurs, conduite de tir, mobilité et discipline d’émission.

Dès lors, New Delhi ne parle pas de décision mais d’arbitrage, et la négociation ouverte avec Moscou pour des S-400 additionnels, telle que l’a décrite Reuters, s’inscrit dans une trajectoire où le lot initial doit s’achever en 2026, échéance confirmée par la presse indienne (Tribune India). Pour autant, le calendrier ne dit pas tout, et c’est l’emploi combiné qui donne la clé de lecture.

Rajnath Singh
le ministre de la défense indien Rajnath Singh

En effet, il n’y a d’efficacité de déni d’accès qu’à proportion de la cohérence du système, et c’est bien cette cohérence que les forces indiennes revendiquent. Le ministre de la Défense Rajnath Singh a assumé une formule sans détour en expliquant que, « lors de l’opération Sindoor, les forces indiennes ont entièrement exposé le système de défense aérienne pakistanais et adressé au monde le message qu’elles peuvent infliger de lourdes pertes au Pakistan, où et quand elles le souhaitent », selon les propos rapportés par The Economic Times. Néanmoins, la parole ne suffit jamais, et seules les traductions capacitaires ont le pouvoir de trancher les controverses.

La marine a acté l’acquisition de vingt-six Rafale M pour la composante embarquée, tandis que l’Indian Air Force remet le Rafale au centre de son format afin de compenser la décrue d’escadrons et de stabiliser la disponibilité opérationnelle, ce d’autant qu’elle a récemment annoncé son objectif d’ajouter 14 nouveaux escadrons de chasse à son format optimal pour atteindre un total de 56 escadrons de combat, contre 34 aujourd’hui. L’objectif est simple : conserver une capacité de supériorité crédible sans créer de creux de flotte.

Dans ce cadre, le couple Rafale–S-400 forme une partition cohérente. Le Rafale ouvre la profondeur, crée des fenêtres d’effet et force l’adversaire à faire des choix défavorables. Le S-400, quant à lui, épaissit la défense, renchérit chaque tentative de pénétration et capte des ressources rares de reconnaissance, de leurres et de guerre électronique. L’un dilate, l’autre verrouille, et la valeur de l’un croît avec la présence de l’autre.

Ce choix est guidé par l’emploi et par les coûts imposés à l’ennemi sur le théâtre indien. Il reste toutefois conditionné par la tenue de la chaîne informationnelle : sans désignation amont fiable, sans liaisons protégées et sans imagerie à haute revisite, la bulle se rétrécit, les temps d’émission s’allongent et l’avantage se réduit.

Le S-400, son architecture et ses performances

Avant toute chose, pour comprendre la décision de New Delhi, il convient de présenter le S-400 comme une architecture plus que comme un missile. Le système antiaérien et antimissile russe associe un radar de veille lointaine 91N6E “Big Bird” en bande S, un radar multifonction de conduite de tir 92N6E “Grave Stone” en bande X, et, selon l’environnement, un radar d’altitudes multiples 96L6E “Cheese Board”, lui aussi en bande S, le tout relié à un poste de commandement 30K6E et à des véhicules Transporteurs-Erecteurs-Lanceurs 5P85 sur porteurs routiers.


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