Depuis l’annonce détaillée par la presse spécialisée allemande, le projet-cadre « Arminius » de la Bundeswehr place Berlin au pied du mur : engager rapidement une commande ferme d’environ 1 800 véhicules blindés Boxer, et ouvrir des options susceptibles de porter le total au‑delà de 3 000 unités. Ce saut capacitaire, pensé pour s’étaler au‑delà de 2035, vise à regénérer la masse, la polyvalence et la résilience de l’armée de terre allemande, tout en reconfigurant l’outil industriel national.
Pour autant, l’ambition ne fait pas tout. La réussite d’Arminius dépendra d’une exécution méthodique : sécuriser les chaînes d’approvisionnement, stabiliser les budgets sur quinze ans, monter en cadence jusqu’à deux à trois véhicules/jour, et, surtout, absorber un choc RH inédit. La question de fond demeure : comment convertir cette promesse industrielle en capacités opérationnelles robustes, interopérables et soutenables, sans fragiliser la cohérence d’ensemble de la Bundeswehr et, au‑delà, de l’OTAN ?
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Programme Arminius : Une tranche ferme d’environ 1 800 Boxer et des options au‑delà de 3 000 et jusqu’à 40 Md€
Le périmètre d’Arminius se précise : la Bundeswehr vise une commande ferme d’environ 1 800 Boxer assortie d’options susceptibles de porter l’ensemble au‑delà de 3 000 systèmes, selon les estimations consolidées par Hartpunkt. Le média rappelle que, selon Armin Papperger, PDG de Rheinmetall, le volume maximal du programme pourrait atteindre 40 milliards d’euros, dont environ 22 milliards pour Rheinmetall. Cette enveloppe haute ne se concrétiserait qu’en cas de levée de toutes les options, afin de couvrir la pleine dotation, un important accroissement de format et une généreuse réserve tournante.
Architecturalement, Berlin privilégie un unique contrat-cadre avec ARTEC, la coentreprise réunissant Rheinmetall et KNDS Deutschland, plutôt qu’une mosaïque de marchés par variante. D’après Hartpunkt, ce format permettra d’appeler des versions multiples — véhicules de commandement, Skyranger 30, RCH 155, transports de troupe — et d’envisager de nouvelles déclinaisons comme un brückenleger. Ce choix simplifie la contractualisation, mais complexifie la planification industrielle et logistique, compte tenu de la diversité des chaînes d’intégration, des capteurs et des sous‑ensembles embarqués.
La concentration industrielle est significative. Les achats de Boxer transitent par ARTEC, dont Rheinmetall détient, directement et indirectement, 64 % des parts, exposant fortement le groupe à la réussite (ou aux retards) d’Arminius. Toujours selon Hartpunkt, cette gouvernance explique l’écart entre les 22 milliards évoqués pour Rheinmetall et le volume total potentiel de 40 milliards. Elle confère au programme un poids politique considérable, l’exécution industrielle devenant, de facto, un enjeu national visible.
Le calendrier se veut serré : la signature du cadre est considérée possible au premier ou au second trimestre 2026, indique Hartpunkt. Pour tenir les jalons, Rheinmetall et KNDS Deutschland devraient accélérer fortement, avec une capacité de crête de deux à trois Boxer par jour. Néanmoins, les volumes en jeu et la diversité des variantes laissent présager une exécution s’étendant largement au‑delà de 2035. Ce phasage long exigera de verrouiller, très tôt, les capacités amont et les soutiens aval, pour éviter un effet d’accordéon dans les livraisons.
De 62 000 à 150 000 soldats à l’horizon 2035 pour des Heer : rupture d’échelle et retour d’un service national rénové pour la Bundeswehr
La trajectoire s’explique par trente années de désinvestissements qui ont réduit Das Heer à 62 000 soldats en 2025, bien loin du pivot mécanisé qu’elle fut durant la guerre froide. Comme l’exposait notre analyse de septembre 2025, Berlin vise désormais 150 000 soldats pour l’armée de terre d’ici 2035, la création de nouvelles brigades et une dynamique industrielle inédite. Cet effort s’adosse à une hausse budgétaire marquée, avec des montants annoncés à 108 Md€ en 2026 et 161 Md€ en 2029, pour soutenir l’ampleur du redressement capacitaire engagé.
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